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Récits

Voyages sur Chesterfield, Philippe Coussin-Grudzinski

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 25 Juin 2012. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, éditions intervalles

Voyages sur Chesterfield, 2012, 128 p. 15 € . Ecrivain(s): Philippe Coussin-Grudzinski Edition: éditions intervalles

 

Ce court récit, s’étalant sur une seule nuit de 0h07 à 7h00 du matin d’un mois de février pluvieux dans un appartement parisien, fait sans concession le portrait socio-zoologique de notre société contemporaine. Un portrait cynique mais réaliste d’un monde grotesque et un autoportrait d’une jubilatoire sincérité. Dans ce qui pourrait être comme des pages d’un journal intime, Philippe, jeune surdiplômé au chômage, expose comment il préfère se vautrer dans l’ennui le plus total, ponctué de petites rapines de produits de luxe, que de se plier aux hypocrisies, au fiel et à la poussée de dents, dont il faut faire preuve pour tracer sa route de paillettes dans le monde. « Pour remplacer mes pulls en cachemire à moindre frais, je retire habilement l’étiquette antivol dans les cabines d’essayage et je mise sur mon physique de fils de bonne famille pour déjouer la vigilance des hommes en noir à l’entrée des magasins ». Un monde top high-tech, celui des grands groupes de média, des « maîtres du monde », qu’il a connu alors qu’il était, il n’y a pas si longtemps, ce jeune con sous-employé lors de stages café/photocopies légèrement amélioré mais sans intérêt. Parcours obligatoire de tous les jeunes loups bien équipés pour espérer grimper rapidement l’échelle du paradis social, mais pour cela mieux vaut ne pas avoir trop soif d’Idéal.

Ce que savent les baleines, Pino Cacucci

Ecrit par Lionel Bedin , le Vendredi, 22 Juin 2012. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Christian Bourgois, Aventures, Italie

Ce que savent les baleines, traduit de l’italien par Lise Chapuis, mars 2012, 15,00 € . Ecrivain(s): Pino Cacucci Edition: Christian Bourgois

 

D’événements graves (les Conquistadors, le massacre des baleines) à d’autres plus anecdotiques (la « véritable » histoire de l’Hôtel California), en passant par les moment de grâce, tels les spectacles de la nature qui laissent « muet, en extase » comme ces baleines grises « qui ponctuent de souffles vaporeux toute la ligne d’horizon (et) s’approchent du bord et remuent le fond sablonneux à quelques mètres du rivage », Pino Cacucci emmène ses lecteurs pour une promenade du sud au nord de la « Baja California », la Basse-Californie, de La Paz – la première tentative d’implantation espagnole, là où Hernán Cortés s’avança en 1535 – à la frontière, du côté de Tijuana. Son credo : la nature.

 

« On part. Et pour ce long voyage, on a une robuste Dodge Durango, plus spacieuse et confortable que la Bronco. En fond sonore : Bruce Springsteen ». La région semble belle, avec des bords de mer magnifiques, des baies des anges, des terres où poussent « le petit cactus tonneau jusqu’au robuste saguaro ou au cactus cierge haut de vingt mètres », des pics du diable et, « en somme, traverser la Baja en février est un plaisir sublime ».

L'attente, Catherine Charrier

Ecrit par Anne Morin , le Samedi, 09 Juin 2012. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres

L’attente, Editions Kero, 248 pages, 15,90 € . Ecrivain(s): Catherine Charrier

 

Une rencontre, qui dure, un amour, qui se prolonge, un désir, qui se perpétue. Une histoire. Rythmée, scandée par ce qu’elle écoule en elle de temps à côté. Une histoire d’amour fou ? Non, plutôt un amour re-commencé, poussé, roulé, arc-bouté au temps, à l’attente. La narratrice se met, en pensée, en imagination, dans ce moment-là du prochain rendez-vous. Là où on attendrait un décompte, là où toute impatience compterait les jours, Marie, la narratrice, les accumule. Chaque chapitre en porte le signe : « J+… ». L’attente ne mange pas le quotidien, c’est le « fil des jours » qui l’absorbe.

L’attente, quel drôle de mot pour recouvrir d’abord, recouvrer ensuite, quand elle ne sera plus, une réalité (?). Celle d’un amour, d’un désir, d’un sentiment, d’une trame de vie.

 

Lui : Si cela continue, dans un an je la quitte (sa femme) et je t’épouse (p.14)

Elle : Je pense : un an, attendre (p.14)

28 boulevard des capucines, David McNeil

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 07 Juin 2012. , dans Récits, Les Livres, Les Ecrivains, Recensions, La Une Livres, Biographie, Gallimard

28 boulevard des capucines, mai 2012, 172 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): David McNeil Edition: Gallimard

De certaines mélodies, on dit qu’elles retiennent l’attention dès les premières notes, et qu’elles s’inscrivent de façon durable dans nos têtes. C’est ce qui s’est produit pour les chansons écrites par David Mac Neil, souvent chantées d’ailleurs par d’autres que lui. Ce qui est vrai pour sa musique l’est aussi pour sa littérature. Pas d’artifices, pas de fioritures, seulement des phrases d’une réelle simplicité qui enchantent quand elles racontent, décrivent ou expliquent.

De quoi s’agit-il ? David Mac Neil, fils de Chagall, musicien depuis plus de quarante ans, a écrit de nombreuses chansons pour des personnalités du « showbiz » aussi diverses que Montand, Renaud, Souchon, Voulzy et bien d’autres. Poursuivant un vieux rêve, il décide d’organiser un concert au cours duquel il chanterait ses textes, entouré de ceux qui les ont chantés auparavant. Et ce concert aura lieu à l’Olympia, dans la salle mythique, la vraie, avant qu’elle ne soit reconstruite quelque cent mètres plus loin. La date est fixée au 27 janvier 1997.

L’évocation de ce concert est l’occasion pour David Mac Neil de retrouver des anecdotes parfois mélancoliques parfois plus truculentes, qu’il s’agisse de Montand pour qui il composa un album presque par hasard, de Julien Clerc pour qui il écrira Mélissa, sans oublier « Charlie Wood » autrement dit Charlebois avec qui il préparera cet Olympia.

Petits bonheurs de l'édition, Bruno Migdal

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 06 Juin 2012. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Editions de la Différence

Petits bonheurs de l’édition. novembre 2011. 141 p. 10,15 € . Ecrivain(s): Bruno Migdal Edition: Editions de la Différence

Petits bonheurs de l’édition est un vrai bonheur de lecture, un moment d’esprit, d’humour, de regards pertinents sur l’écriture et sur les mœurs des grandes maisons d’édition. Enfin en tout cas de « la grande maison », celle de la rue des Saints-Pères à St Germain-des-Prés.

Car Bruno Migdal nous raconte son stage de trois mois dans l’antre mythique ! Et on en sort avec lui à la fois séduit et amusé.

A commencer par la découverte des tonnes de manuscrits qui arrivent en flot continu, porteurs des espoirs les plus fous de leurs auteurs.

 

« …il déferle plus de manuscrits que tous les stagiaires du monde ne pourraient en éponger, c’est une lame de fond qui se fracasse sans répit sur le bâtiment. »


Et commence alors la confrontation à la chose écrite, la lecture, le moment de se forger une « opinion », le nécessaire et parfois bien difficile compte-rendu !