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Récits

Les fausses dents de Berlusconi, Jacques Drillon

, le Vendredi, 24 Octobre 2014. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

Les fausses dents de Berlusconi, octobre 2014, 320 pages, 19 € . Ecrivain(s): Jacques Drillon Edition: Grasset

 

 

Certains auteurs vous frappent par la galerie de portraits qui se dessine à la lecture de leurs livres (Balzac, Proust, Dostoïevski), certains parviennent en un paragraphe liminaire à recréer l’ambiance d’un lieu ou à vous plonger dans une atmosphère particulière (Simenon, Modiano). D’autres vous étonnent par le tranchant de leur manière de raconter (Berhard, Guibert) ou vous font valser avec la narration pour vous mener à l’autre bout de la piste sans même que vous l’ayez remarqué (Echenoz). D’autres, enfin, et Jacques Drillon est de ceux-là, constituent une œuvre foisonnante dans des genres variés (essai, musique, grammaire, traduction, biographie, récit) – on pense également à Charles Dantzig – et vous séduisent par leur français limpide, leur phrase parfaitement construite.

La petite lumière, Antonio Moresco

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 23 Octobre 2014. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Italie, Verdier

La petite lumière (La lucina) traduit de l’italien par Laurent Lombard, septembre 2014, 128 p. 14 € . Ecrivain(s): Antonio Moresco Edition: Verdier

 

 

Vraie découverte que ce premier récit traduit en français de l’italien Antonio Moresco. Une précieuse « petite lune », pour reprendre les mots mêmes de l’auteur, qui s’est détachée de son grand œuvre, pas encore publié, Increati (Les incréés) qui viendra clore un livre unique (à tous les sens du terme semble-t-il) de près de trois mille pages dont les premières étapes ont été Gli esordi (Les débuts) et Canti del caos (Chants du chaos), que les lecteurs français ne connaissent pas encore. Un grand œuvre que l’auteur a commencé il y aujourd’hui trente ans et dont cette lune détachée, écrite en 14 jours, s’est imposée à lui dans une urgence d’écriture venue de loin et à laquelle il tient beaucoup. L’intimité de cette œuvre et sa profondeur s’imposent aujourd’hui à nous, pour notre plus grand bonheur.

Grand cru bien coté, Éric Dejaeger

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 20 Octobre 2014. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Grand cru bien coté, Cactus Inébranlable éditions, septembre 2014, 90 pages, 7 € . Ecrivain(s): Éric Dejaeger

 

 

Grand cru bien coté (contrepétez ! vous dit l’auteur) c’est du Dejaeger pur jus (de chaussette) et il ne plaira pas à tout le monde, oh non, et d’ailleurs c’est bien le dernier des soucis de l’auteur : plaire.

Par contre déplaire, ça c’est déjà bien plus drôle pour celui qui aime à jouer avec les préfixes et en inventer des listes de mots rien que pour s’amuser. Ce cru bien coté (et son alter-scato) c’est la boule puante balancée sous la chaise du professeur, et quand c’est un professeur qui l’a pondue, le monde peut bien continuer à boire l’apéro. D’ailleurs, il est déconseillé de s’emparer de l’objet à jeun, comprenez : il est recommandé de le prendre en mode post-apérotoire, chacun décidera de la dose, pour ma part, ce fut cul-sec, mais c’est que je commence à savoir bien tenir le Dejaeger, sans avoir besoin de reprendre ma respiration, bien qu’un copieux pipi-caca soit au menu.

Portrait craché, Jean-Claude Pirotte

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 06 Octobre 2014. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Cherche-Midi, La rentrée littéraire

Portrait craché, août 2014, 192 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Pirotte Edition: Le Cherche-Midi

 

Jean-Claude Pirotte nous a livré ici un volume à titre posthume qui vaut testament, et la raison essentielle de cet ouvrage tient dans ses mots : « les livres relient à tous les passés mémorables (…) car les livres font échec au temps ». Ce poète, trop peu lu, qui publia aussi des essais, et des romans, n’a eu de cesse d’écrire la vie sous l’angle de l’émerveillement ; ses poèmes résonnent de cet amour du vivre et du désespoir qu’il engendre naturellement.

Pirotte nous apprenait son cancer en 2013 dans son roman Brouillard, et il disparaît en mai 2014. Dans ce texte, Jean-Claude Pirotte procède au « recensement de ses douleurs », il « rentre en lui-même » pour saisir, comprendre la maladie et pour mieux sentir ce corps qui, poursuit-il, est encore vivant, malgré la présence de cette anarchie cellulaire. Pourtant son visage déformé, tordu par la maladie, l’empêche de boire ou de fumer. Son menton est souillé par le café qu’il boit difficilement.

Menus souvenirs, José Saramago

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Mardi, 16 Septembre 2014. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Seuil, La rentrée littéraire

Menus souvenirs, traduit du portugais par Geneviève Leibrich, septembre 2014, 176 pages, 18 € . Ecrivain(s): José Saramago Edition: Seuil

 

« Le monde de chacun dépend des yeux que l’on a reçus en partage », in. Le Dieu manchot, 1982

 

José Saramago est né en 1922 à Azinhaga, au Portugal. Ecrivain majeur, il demeure l’un des meilleurs représentants, aux côtés d’António Lobo Antunes ou Fernando Pessoa, de la littérature et de la pensée lusitanienne à travers le monde. Son œuvre, qui comprend des romans, des essais, de la poésie, du théâtre, est traduite dans plus de 25 pays. Lauréat du prix Camðens en 1995 (la plus haute distinction des lettres portugaises), et du prestigieux Nobel de littérature en 1998, il décède à Lanzarote en 2010. Aujourd’hui, la quasi-totalité de l’œuvre romanesque de l’écrivain est disponible en français aux éditions du Seuil.

Dans une écriture simple, poétique et autobiographique, José Saramago nous dévoile donc ses Menus souvenirs : « Le livre des tentations, titre incertain ? « Oui, les menus souvenirs du temps où j’étais petit, tout simplement ». Il s’agit pour l’auteur de revenir sur son enfance, le paysage de ses racines pauvres, mais qui, comme un peintre, lui a procuré les couleurs de son écriture, la toile de ses récritures :