« Je me repliais aussi souvent que possible dans mes appartements, où l’amour d’une vie crevait à petit feu… »
Comme souvent dans La Brune du Rouergue, un drôle de livre, unique, marquant, tranche de vie les pieds dedans, avec tous ses ustensiles. Encore une fois, une remarquable réussite de livre. D’un livre, de celui-là. Cette histoire, cette mémoire, cette écriture et les respirations – on les entend, on les ressent – de l’auteur. On pourrait bien y aller de notre larme, quoiqu’en fait rien d’absolument dramatique ne s’y passe, si ce n’est une complète et minutieuse autopsie à l’ancienne d’un couple et d’une famille qui se défait, se rompt, s’évapore peut-être. Il prend, L. Robin – philosophe, au passage – tout le temps qu’il faut pour « dire » à la façon des chansons de geste auprès des cheminées d’antan cet itinéraire heurté, de saison en saison – beaucoup d’hivers, les pages sont cousues de neige – de jour en jour, et en deçà ; minutes, jusqu’aux battements du cœur. Observer à la loupe ce qui se passe dehors – le village familial Savoyard, voisins, beaux-parents, maire, le verglas de chaque tournant, les fonds de ciel de chaque bout de belle saison. Le champ professionnel – vous saurez tout ou presque de l’entreprise de travaux forestiers où travaille l’élagueur, seul nom de celui qui dit « je », le mari, le père.