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Les Livres

Rouge suivi de Monsieur Le, Emmanuel Darley

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 27 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre, Actes Sud/Papiers

Rouge suivi de Monsieur Le, 111 pages, 15 € . Ecrivain(s): Emmanuel Darley Edition: Actes Sud/Papiers

 

« Ecrire Rouge »


Le théâtre est politique. Rouge, un des tout derniers textes de Darley avant sa mort en 2016, résonne comme un aboutissement du chemin qu’il emprunta, tout au long de son œuvre ; parti du roman et allant vers la scène du monde, celle qui parle des exilés politiques, économiques, des nostalgiques du bon vieux temps, des victimes de la flexibilité et enfin des femmes et des hommes qui veulent tout « faire péter ».

Ainsi écrire rouge, c’est à la fois écrire la pièce qui porte ce titre mais aussi, comme le dit Darley lui-même, écrire « sur la violence, sur le terrorisme », en se souvenant des années de plomb de la bande à Baader en Allemagne et des Brigades Rouges en Italie.

Les Furies, Lauren Groff

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 26 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, L'Olivier (Seuil)

Les Furies (Fates and Furies), traduit de l’américain par Carine Chichereau, 427 p. 23,50 € . Ecrivain(s): Lauren Groff Edition: L'Olivier (Seuil)

427 pages d’intelligence, de bonheur, d’élégance, d’humour, d'horreur, constituent ce roman dont on dit – le bruit court – que Barack Obama l’a désigné comme le meilleur roman qu’il ait lu dans l’année 2015 (première parution en V.O.). Ces vertus tissent toutes les dimensions du livre, son écriture, sa structure, ses personnages, l’histoire racontée enfin. Lauren Groff, jeune auteure américaine, possède une maîtrise assez incroyable, un savoir-faire romanesque qui renvoie aux plus grandes plumes. Et la version française, élaborée par Carine Chichereau, n’enlève rien aux qualités précitées.

Lancelot (dit Lotto) est un jeune homme dégingandé de près de deux mètres de haut. Elle - ce n’est pas Guenièvre mais … – s’appelle Mathilde (et mesure un mètre quatre-vingt-deux). Ils sont beaux, intelligents, ils s’aiment, se marient et … ne font pas d’enfants, mais qu’importe. La vie leur appartient, le monde aussi. Ils ont beaucoup d’amis, organisent des fêtes fastueuses et Lotto devient un dramaturge célèbre, porté et soutenu par sa Mathilde, sa femme parfaite, loyale et pure, « une diseuse de vérité pathologique » lui dit Lotto. Leur amour est un long fleuve tranquille, la carrière de Lotto monte en puissance, Mathilde, lumineuse, le soutient de toutes ses forces et de toute son aura. Tout ressemble à un conte de fées. Depuis la toute première seconde de leur rencontre, leur amour une force d’attraction tellurique.

Traverses, Carnets 2010-2011, Jean-Claude Pirotte

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 26 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Poésie, Le Cherche-Midi

Traverses, Carnets 2010-2011, janvier 2017, 96 pages, 14 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Pirotte Edition: Le Cherche-Midi

 

Traces d’une « dépressive période », ces Carnets, tenus entre le mois de juin 2010 et celui de 2011, montrent à l’envi l’intérêt de l’écrivain belge, disparu trois ans plus tard, pour tout ce qui touche la France, ses régions, ses gouvernants. À l’ombre de ses lectures favorites du moment, et au plus haut point celle de Déposition de Léon Werth, journal de guerre, Pirotte se met à réfléchir en termes politiques au destin de la France qui l’a accueilli : la critique acerbe et justifiée des comportements d’un Sarkozy le renvoie à celle des pires déviances de la politique française depuis Vichy. Il n’y a pas de mots assez durs pour conspuer un « homme politique » vil, corrompu, prêt à toutes les bassesses, qui massacre la langue française et joue à l’enfant gâté. Ce sont des pages virulentes d’un petit livre qui fait aussi le point sur ses déménagements entre la Suisse et La Panne (sur la côte belge), qui révèle ses périodes de tarissement en écriture, sa fatigue existentielle, ses difficultés déambulatoires. À cette période triste et dépressive répondront quelques années de fertile activité (une dizaine de livres, sans compter les posthumes).

Du souvenir, du mensonge et de l’oubli : Chroniques palestiniennes d’Ilan Halevi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 26 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Sindbad, Actes Sud

Du souvenir, du mensonge et de l’oubli : Chroniques palestiniennes, novembre 2016, 23 € . Ecrivain(s): Ilan Halevi Edition: Sindbad, Actes Sud

 

« La vie est sage de nous tromper, car si elle disait dès le début ce qu’elle nous réserve, nous refuserions de naître »

Naguib Mahfouz, Impasse des Deux Palais

 

Bouleversements d’un territoire

Le livre, Chroniques palestiniennes, d’Ilan Halevi (1943/2013), ancien vice-ministre palestinien des affaires étrangères, est composé d’articles très renseignés sur le monde israélo-palestinien, tant du point de vue historique que politique. En effet, l’auteur interroge le principe de « démocratie », à travers l’appareil politico-idéologique sioniste, puis plus largement, à travers le règne de l’hégémonie brutale des élites « démocratiques » sur les masses. Ilan Halevi, au style clair, établit des comparaisons entre l’impérialisme et le racisme. A cette lecture, je ne peux m’empêcher de faire le lien avec Penser d’Althusser, quand le philosophe écrit que

En attendant demain, Nathacha Appanah

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 25 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

En attendant demain, juillet 2016, 215 pages, 7,10 € . Ecrivain(s): Nathacha Appanah Edition: Folio (Gallimard)

 

Nathacha Appanah, auteure mauricienne, signait avec ce roman paru chez Gallimard en janvier 2015, sorti dans la collection Folio en juillet 2016, un récit intimiste mettant en scène :

– Adam, Basque, architecte, bûcheron, ébéniste et artiste peintre

– Anita, Indo-Mauricienne, écrivaine, poète, journaliste

– Adèle, Mauricienne, sans-papier, clandestine, femme de ménage au noir

Au centre du triangle, Laura, la fille d’Adam et d’Anita.

L’action se déroule à Paris, puis au pays basque, sur le littoral atlantique, avec des incursions rétrospectives à Maurice. Le personnage principal est Anita. Son point de vue est principalement celui du narrateur, lequel semble parfois se confondre avec celui de l’auteure elle-même tant est fort le sentiment de réalité vécue, empreinte d’une nostalgie du pays natal commune à tout exilé, contenue mais latente, qui se dégage des pensées, rêveries et réactions de la jeune femme.