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Les Livres

Tout dort paisiblement, sauf l’amour, Claude Pujade-Renaud

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Vendredi, 20 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Tout dort paisiblement, sauf l’amour, mars 2016, 308 pages, 22 € . Ecrivain(s): Claude Pujade-Renaud Edition: Actes Sud

 

1855. Un homme est mort à Copenhague. Une femme, à Sainte Croix où elle a suivi son mari gouverneur, informée plusieurs semaines après de ce décès, se plonge dans ses souvenirs.

Quelle était la véritable personnalité de cet homme et quelle place a-t-elle tenu dans sa vie, se demande-t-elle avec d’autres proches dont les voix, à travers journaux intimes et lettres, se croisent pour percer ses mystères.

Le procédé romanesque est classique sauf qu’ici, les personnages ont réellement existé. Ce sont le philosophe Søren Kierkegaard, auteur du célèbre Journal du séducteur, et Régine Olsen, la fiancée qu’il abandonna avant de consacrer des centaines de pages à leur histoire.

Fruit d’une lecture très attentive de ses livres, le récit consacré à la figure de Kierkegaard est une histoire d’amour hors du commun mais aussi une réflexion sur la création – celle-ci nécessite-t-elle la souffrance ? – la mémoire et l’écriture.

L’histoire de ma femme, Milan Füst

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 20 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Roman, Gallimard

L’histoire de ma femme, janvier 2016, trad. hongrois Elisabeht Berki, Suzanne Peuteuil, 504 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Milan Füst Edition: Gallimard

 

Milan Füst (1888-1967) est un écrivain hongrois, et l’un des plus importants qui soient, à en croire la préface de L’histoire de ma femme (1942), signée Albert Gyergyal, un sien compatriote. Cet aimable préfacier prend de nombreuses précautions, craignant de la part du « public lettré français » un franc « dédain » pour les chefs-d’œuvre de la littérature hongroise ; cette crainte était peut-être valable en 1958, date de traduction et de première publication de ce roman en français, mais c’est depuis affaire réglée et L’histoire de ma femme n’a pas été massivement rejeté par le public francophone, puisque ce roman connaît même en 2016 une réimpression bienvenue.

Dès le premier paragraphe, tout le propos du roman est offert :

« Ma femme me trompe. Bon. Je m’en doutais depuis longtemps. Mais vraiment, avec celui-là… Moi, je suis haut de six pieds, un pouce, je pèse deux cents livres, je suis donc, comme on dit, un authentique géant : si je crache sur ce type-là, il en claquera ».

Œuvres romanesques, V, William Faulkner en La Pléiade

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 19 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, La Pléiade Gallimard

Œuvres romanesques, T. V, novembre 2016, 1192 pages, 62 € jusqu’au 31 mai 2017, 70 € après . Ecrivain(s): William Faulkner Edition: La Pléiade Gallimard

 

Ce tome V des œuvres complètes de William Faulkner n’est pas le dernier. Gallimard annonce la publication, en février 2017, du tome VI, consacré aux nouvelles du géant du Sud. Ce volume offre les deux derniers romans de la Trilogie des Snopes, La Ville et La Demeure. Le premier, Le Hameau, clôturait le tome IV.

Suit, en clôture de ce volume, le dernier roman de Faulkner, Les Larrons, publié en juin 1962, quelques jours avant la mort de l’auteur.

Le premier bonheur pour le lecteur est ici la qualité de la traduction réalisée par l’équipe placée sous la direction de François Pitavy et Jacques Pothier. La rupture avec la tradition malheureuse des traductions académiques est totale. Le langage parlé, le choix des équivalents idiomatiques, la personnalité propre du parler de chaque personnage sont ici une parfaite réussite. Le lecteur non anglophone y trouvera un Faulkner d’une qualité jamais égalée.

La petite galère, Sacha Desprès

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 18 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Âge d'Homme

La petite galère, 195 pages, 16 € . Ecrivain(s): Sacha Desprès Edition: L'Âge d'Homme

 

Laura, dite Lo, lycéenne, vit avec sa grande sœur Marie, dite La Jolie, depuis qu’à l’âge de treize ans elle a assisté en direct à la tragédie du suicide de leur mère, Caroline. Elle voit rarement son père, divorcé avant le drame.

Marie est une jeune femme de mœurs très libres, anti-conventionnelles, qui joue sans scrupule de son exceptionnelle beauté.

Marie.

La Jolie.

Cette fille, c’est Frida, Judith, Ophelia. Réunies dans un seul et même tableau. Une bande dessinée pour adultes. Une comptine pour enfants. La Dame Tartine de l’érotisme. Le Miel des poètes…

Entre les deux sœurs, l’union est fusionnelle. Elles partagent un secret dont la nature sera seulement suggérée par l’auteure. Elles sont complices. Laura admire Marie qui veut faire de Laura une seconde Marie…

Beigbeder l’incorrigible, Arnaud Le Guern

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 18 Janvier 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie

Beigbeder l’incorrigible, éd. Prisma, novembre 2016, 297 pages, 19,95 € . Ecrivain(s): Arnaud Le Guern

 

« L’enfance : figure biographique ennuyeuse. Beigbeder heureusement facilite notre tâche. Il est dans chacun de ses textes. A peine masqué. Il suffit de lire. Reflet déformé, juste ce qu’il faut. Pour tout savoir sur l’enfance de Frédéric Beigbeder, ouvrir Un roman français. Prix Renaudot 2009. Son meilleur livre. Mise en bouche parfaite d’une vie de feu follet ».

Voici le livre plus inutile publié ces derniers temps, pourrions-nous écrire en souriant, un livre inutile sur un écrivain qui ne l’est pas moins, pensent les observateurs vigilants et autres critiques littéraires aguerris – les gardiens de la Librairie. Inutile écrivain mondain, corrupteur de jeunes lectrices et de vieux barbons de prix littéraires. Animateur bavard qui sévit sur des chaînes câblées, complice publicitaire de la disparition de la littérature française, amuseur public qui ne fait rire que ses admiratrices corrompues et ses éditeurs lorsqu’ils gagnent de l’argent. Arnaud Le Guern pourrait être son jeune frère caché, amateur de plages et d’espadrilles, admirateur de Brigitte Bardot, de Maurice Ronet et de Paul Gégauff, en un mot, un amuseur, qui prend plaisir à écrire des livres tout aussi éphémères qu’un dessin tracé à la main sur le sable d’une plage basque à marée basse, en attendant que les vagues ne le recouvrent.