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Les Livres

En surface, Christine Guinard

Ecrit par Hans Limon , le Mercredi, 17 Mai 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

En surface, éd. Eléments de Langage, mars 2017, 64 pages, 12 € . Ecrivain(s): Christine Guinard

 

Suspendez votre temps terrestre, délaissez les ornières de la politique discriminatoire et prêtez les sens à cette météorite poétique, l’une de celles qui m’ont le plus marqué – et durablement – ces dernières années.

Plongée poétique

« En surface explore la puissance irradiante du jeu de l’enfant » peut-on lire au coin de l’une des dernières pages de cet OVNI-livret lunaire, à mi-chemin entre le livre pour enfants, justement, qu’on feuillette au gré des pensées du jour ou de la nuit, « au gré des courants d’images revenues », fabuleux terrain d’exploration des formes langagières et matérielles, toujours en mouvement puisqu’« il est métamorphoses », et du conte poético-initiatique, chaque mot-fragment déposé-comme-abandonné-flottant sur la ruine aux relents de houille de Rorschach devenant par l’alchimie du verbe de Christine Guinard et des peintures d’Elina Salminen le jalon d’un parcours des sens, au cours duquel briques, fenêtres, cailloux, lumières prennent leur pleine et entière sensualité comme si, tel que Sartre le conceptualisait, la poésie consistait bel et bien à choisir les mots pour leur ressemblance avec les choses.

Le génocide des Arméniens, représentations, traces, mémoires (Collectif)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 16 Mai 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Hermann, Histoire

Le génocide des Arméniens, représentations, traces, mémoires, sous la direction de Jocelyne Chabot, Marie-Michèle Doucet, Sylvia Kasparian, Jean-françois Thibault, avril 2017, 230 pages, 22 € Edition: Hermann

 

Le 24 avril 1915 les autorités turques d’alors ordonnent l’arrestation à Constantinople de plus de six cents intellectuels arméniens qu’on ne reverra pas : certains seront exécutés dans la campagne environnante, d’autres seront conduits plus au sud en direction de la Syrie pour y être assassinés. Ce jour marque pour tous les Arméniens de la diaspora et de l’Arménie le début des massacres que les preuves accumulées par nombre d’historiens permettront de nommer génocide. Ce sont près de un million cinq cent mille Arméniens qui périront dans des circonstances paroxystiques de violence et de haine.

En 2015 eut lieu le centième anniversaire de ce génocide qui n’est toujours pas reconnu par le gouvernement turc. Aujourd’hui, cela fait cent deux ans que les gouvernements turcs qui se sont succédé nient ce génocide, arguant du fait que ce seraient les Arméniens qui auraient attaqué la Turquie, ces derniers se seraient pour la majorité ralliés à la Russie, alors en guerre contre la Turquie.

Fureur divine Une histoire du génie, Darrin M. McMahon

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 16 Mai 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, USA, Fayard

Fureur divine Une histoire du génie, trad. l’anglais (USA) Christophe Jaquet, 384 pages, 24 € . Ecrivain(s): Darrin M. McMahon Edition: Fayard

 

Nous vivons une époque géniale, où les génies se croisent au détour de la moindre page d’un magazine culturel, du moindre programme télévisé – cinéastes, acteurs, chanteurs, écrivains, sportifs, tous semblent s’être donné le mot pour nous abreuver de génie. Jusqu’à plus soif ou jusqu’à la nausée, au choix. L’esprit critique peut à tout le moins se montrer dubitatif face à cet assaut de génialité : il écoute, il voit, il lit, et se demande si tout cela est bien raisonnable.

C’est à ce stade de la réflexion qu’arrive à point l’essai de Darrin M. McMahon, historien américain spécialiste du XVIIIe siècle et déjà auteur d’un Happiness : A History (2006), dont la renommée anglo-saxonne appelle une traduction, surtout s’il est du même tonneau que le présent Fureur Divine. Une Histoire du Génie (2013, première publication en anglais), cet essai appartenant au genre peu couru en francophonie de l’histoire des idées. C’est-à-dire que l’essai de McMahon n’analyse pas une idée dans une époque donnée, mais en montre l’évolution au fil des siècles – en l’occurrence, de l’Antiquité grecque à l’époque actuelle, en sept chapitres d’une clarté limpide. Cet historique permet de comprendre comment ce mot, « génie », a pu passer de l’évocation du plus rare à celle du plus commun.

Les filles au lion, Jessie Burton

Ecrit par Theo Ananissoh , le Lundi, 15 Mai 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Gallimard

Les filles au lion, mars 2017, trad. anglais Jean Esch, 484 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Jessie Burton Edition: Gallimard

 

A la page 366, un personnage (il vient de perdre son épouse), parlant du premier mari de celle-ci – un juif disparu pendant la Seconde Guerre mondiale – soupire : « Hitler, voilà ce qui lui est arrivé. Comme à nous tous ». Entre 1936 et 1945, deux catastrophes majeures sont arrivées à l’Europe : la guerre civile en Espagne et les nazis. Jessie Burton fait germer son histoire dans ce terreau gorgé de sang. Le roman est dense, méticuleux, passionnant. Et double. La première histoire que découvre le lecteur est située à Londres, en 1967. La seconde en Andalousie, en 1936, juste avant le début du conflit féroce qui opposa les nationalistes et les républicains espagnols.

En 1962, Odelle Bastien, jeune noire née et grandie à Trinidad, dans les Caraïbes, arrive à Londres. Hitler lui est arrivé à elle aussi – son père, engagé dans la RAF, a été abattu au-dessus de l’Allemagne pendant la guerre. Odelle veut devenir écrivain. En attendant, et pendant les cinq années qui précèdent le début du roman, elle est vendeuse dans un magasin de chaussures. Cet emploi l’ennuie, et elle aimerait bien changer pour quelque chose de moins éloigné de ses projets littéraires. Une galerie d’art, enfin, accepte sa candidature.

Prendre les loups pour des chiens, Hervé Le Corre (2ème critique)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Lundi, 15 Mai 2017. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Rivages

Prendre les loups pour des chiens, janvier 2017, 320 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Hervé Le Corre Edition: Rivages

 

Si l’on cherchait à caractériser l’ouvrage d’Hervé Le Corre, Prendre les loups pour des chiens, on hésiterait entre « polar psychologique » et « roman noir à suspense », avec la dose de violence et de déviance qui convient pour entretenir le malaise chez le lecteur.

A l’instar de son précédent roman, Après la guerre, la scène se situe dans la région de Bordeaux, d’où l’auteur est originaire. Mais ici il s’agit d’une histoire très contemporaine, qui se déroule dans la moiteur étouffante d’un été du XXIe siècle, et qui n’est pas ancrée sur une toile de fond historique – Après la guerre prenait place dans les années 1950 en mettant au jour les stigmates de la Seconde Guerre mondiale.

Dans la première moitié du roman, le lecteur est lancé sur la fausse piste du triangle adultère : Fabien, le mari absent, parti en Espagne pour affaires et qui tarde à revenir, Franck, le jeune frère tout juste sorti de prison et hébergé dans la famille de la compagne de Fabien, Jessica, provocante et paumée à souhait.