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Les Livres

Œuvres, Tome I, Tome II, Georges Perec en La Pléiade

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 20 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Roman, Nouvelles, La Pléiade Gallimard

Œuvres, Tome I, Tome II, mai 2017, sous la direction de Christelle Reggiani, 2464 pages, 110 € le coffret jusqu’au 31 décembre 2017 . Ecrivain(s): Georges Perec Edition: La Pléiade Gallimard

 

« J’ai choisi pour terre natale, poursuit-il dans ce feuillet destiné au projet de Lieux, des lieux publics, des lieux communs… Le “lieu commun” sera donc l’espace de Perec. Les espaces communs deviendront son espace autobiographique ; les signes de son ancrage seront les “signes d’encrage”. Se dessinent là une éthique autant qu’une esthétique », Album Georges Perec, Claude Burgelin

Georges Perec se rappelle enfin à nous, Perec observateur, piéton, témoin d’un temps présent, amateur, joueur, verbicruciste, poète débonnaire, curieux de tout, et avant toute chose, Perec écrivain, ses romans en sont la preuve éclatante. Des Choses à l’Eternité, en passant par Je me souviens, et La vie mode d’emploi, ou encore Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, tout un monde, mille mondes frémissants et habités par la langue française, une géographie luxuriante – qui nous dit qu’il n’a pas inventé le slogan « Sous les pavés, la plage » –, un art de la composition, une passion pour l’écriture, pour une langue vive, une langue qui saute avec grâce d’un pied sur l’autre, d’une voyelle à une consonne. Pérec est un écrivain qui papillonne, qui palpite, qui folâtre, virevolte, voltige, d’une rue à l’autre, d’une porte à une fenêtre, tout est mouvement, et ses souvenirs s’y glissent comme la patte d’un chat sur une feuille de manuscrit.

Dans les montagnes chinoises, John Hopkins

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 20 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Dans les montagnes chinoises, juin 2017, trad. anglais (USA) Danièle et Pierre Bondil, 224 pages, 7,10 € . Ecrivain(s): John Hopkins Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

L’Amérique du Sud est connue pour ses coups d’État, ses juntes militaires, ses allers-retours entre gouvernements démocratiques et dictatures. Le Pérou n’échappe pas à la règle. Non situé dans le temps de manière précise, mais par déduction probablement au début des années ‘80, Dans les montagnes chinoises, surnom des Andes provenant de l’origine asiatique des Indiens venus peupler ce sous-continent il y a plusieurs milliers d’années, est un roman qui aborde de manière romanesque la difficulté, voire dans ce cas précis l’impossibilité, d’établir de façon pacifique et stable la démocratie dans un pays déchiré par l’antagonisme de deux mondes irréconciliables.

Opposition des cultures, héritées des Incas pour la majeure partie de la population indigène avec sa mythologie toujours très prégnante et de l’Espagne catholique pour la minorité descendant des colons espagnols, frontières des langues, le quechua pour les Indiens et l’espagnol pour les grands propriétaires terriens, grand écart entre l’extrême pauvreté de beaucoup et l’insolente richesse de quelques-uns, l’illettrisme et le savoir, etc.

2025, le protocole de glace, Christian Lestavel

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mardi, 20 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

2025, le protocole de glace, Autoédition, en vente format papier et numérique sur Amazon . Ecrivain(s): Christian Lestavel

Il est incroyable de voir comme le peuple, dès qu’il est assujetti, tombe soudain dans un si profond oubli de sa liberté,

qu’il lui est impossible de se réveiller pour la reconquérir : il sert si bien, et si volontiers,

qu’on dirait à le voir qu’il n’a pas seulement perdu sa liberté, mais bien gagné sa servitude

La Boétie (1576)

 

Flippant de chez flippant ! A tel point que plusieurs fois j’ai suspendu ma lecture de 2025, le protocole de glace, fiction politique ancrée dans une sombre et plausible réalité, de Christian Lestavel. Dès le prologue, nous voilà mis au parfum nauséabond de nos lâchetés : « à chaque changement de siècle, nous pensons bâtir un nouveau monde, spirituel, philosophique, politique, territorial, océanique, industriel, spatial, numérique, alors que nous laissons derrière nous la mémoire du siècle précédent. L’Histoire ne nous sert à rien. Même notre Démocratie n’est qu’un pet ridicule, une misérable étincelle dans l’Univers infini qui nous entoure ».

Une trace dans le ciel, Agnès Clancier

, le Lundi, 19 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Arléa

Une trace dans le ciel, mai 2017, 227 pages, 20 € . Ecrivain(s): Agnès Clancier Edition: Arléa

 

« – Que ressentez-vous lorsque vous êtes là haut ?

– Je voudrais ne jamais redescendre ».

Ces deux lignes de dialogue, réel ou inventé par la plume féconde d’Agnès Clancier, illustrent parfaitement la vie et le caractère de Maryse Bastié qui fut une des premières aviatrices françaises. En cette qualité, elle réalisa quelques exploits mémorables comme le record de distance entre Le Bourget et l’URSS (1931) ou la traversée de l’Atlantique Sud, de Dakar à Natal au Brésil (1936).

Une trace dans le ciel débute en 1944, lorsque Maryse Bastié est arrêtée par la Gestapo. L’aviatrice est une femme libre qui a toujours été maîtresse de son destin, fût-ce au péril de sa vie. Mais là, pour la première fois, elle qui a couru tant de dangers, si souvent vu la mort de près et dont la volonté n’a pas de limite, n’est plus en mesure de décider de son sort. Va-t-elle être torturée ? « Est-ce que le 21 mars 1944 va être le jour de ma mort ? ».

Petits rituels sacrilèges, Werner Lambersy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 19 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Petits rituels sacrilèges, L’Amourier Editions, coll. Ex cætera, 1997, 51 pages, 8,40 € . Ecrivain(s): Werner Lambersy

 

Curieux ces Petits rituels sacrilèges, « bricolés » par Werner Lambersy, le poète d’Anvers, auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages dont L’éternité est un battement de cils, son anthologie personnelle parue chez Actes Sud. « Bricolés » ne doit pas s’entendre de façon péjorative (le sens moderne figuré valorise d’ailleurs l’idée d’ingéniosité adroite contenue dans le verbe bricoler), bien au contraire puisque le poète l’affirme à l’entrée de ces Petits rituels sacrilèges publiés en 1997 aux éditions de L’Amourier :

« On me laisserait bricoler. Il faudrait éviter de déranger. Que je laisse faire, on me laissera dire. On mettra des lauriers dans la soupe du poète. En chaussant quelques charentaises encore chaudes, en suçant des chocolats glacés de l’entracte médiatique, on donnerait même des onguents pour l’eczéma des vanités, tout en faisant du bon commerce. Voilà, ça aurait dû être comme ça. Ça n’a pas pu, pas voulu, pas-lu-vous. Alors je bricole sans permission, comme on respire ».