Il y a l’Histoire qui s’écrit avec une majuscule, faite de dates, de faits, de circonstances, de drames et de commémorations. Dans la mémoire collective, celle-ci s’inscrit comme une réalité passée qui ne peut se rejouer. On finit même par oublier cette Histoire, quand non l’interpréter comme il nous convient. Et puis, il y a l’autre, celle qui se raconte avec un h minuscule, l’histoire de l’histoire de l’histoire. Et celle-là, on ne l’oublie pas tant elle nous touche de par son universalité.
C’est à son récit croisé que s’attache Yves Viollier dans son dernier livre Le Marié de la Saint-Jean où il se révèle un excellent conteur, en nous plongeant dans l’intimité de deux familles et le contraste de deux cultures, l’une circonscrite à la Vendée et à des traditions que l’on aimerait pérennes et qui malheureusement ne le sont plus, l’autre ouverte sur l’Asie du Sud-Est et les conflits qui ont jeté sur les routes de l’exil, où la mort souvent les attendait, des milliers de personnes. Cette Histoire-là se répète au gré de notre impuissance et indifférence, preuves en sont tous les conflits actuels dont on ne retient souvent que les crispations médiatiques. Par contre, celle vécue réellement par Zhida et ses frères, outre l’émotion qu’elle suscite, nous renvoie à celle qui nous constitue chacun intimement.