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Les Livres

Œuvres, Madame de Staël en La Pléiade

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 15 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Nouvelles, La Pléiade Gallimard

Œuvres, Madame de Staël, avril 2017, Édition de Catriona Seth avec la collaboration de Valérie Cossy, 1649 pages, 65 € jusqu’au 31/12/17 . Ecrivain(s): Madame de Staël Edition: La Pléiade Gallimard

 

En La Pléiade, enfin, l’œuvre de Germaine de Staël, bien autant pour la femme actrice-arbitre de son temps s’il en fut, que pour sa plume, classique et lumineuse, solide et ambitieuse, comme elle.

On connaît d’elle sa vie – romanesque – qui fascine par sa modernité et son audace, sa voix et sa présence de femme, incongrue en une époque si peu féministe. On sait la battante en politique qu’elle osât être, et on conserve dans le meilleur des cas quelques relents scolaires d’écritures romancées, demeurant pour autant dans nos anthologies personnelles largement derrière et dans l’ombre des « grands » du XIXème et de ce Benjamin Constant auquel on l’associe. Mais, qui d’entre nous sait l’immense culture – notamment littéraire, mais aussi philosophique, historique – de la dame, sa force d’écriture et sa capacité à utiliser la charpente de personnages fictifs des plus élaborés pour éclairer ces dessous de l’âme de ses contemporains jusque dans les plus infimes détails. Croisée des chemins que G. de Staël, intellectuelle des Lumières – une des très grandes – portant les débuts du romantisme et annonçant les problématiques des « soi, en soi » de toutes les psychologies à venir.

Les vivants au prix des morts, René Frégni

, le Jeudi, 15 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Les vivants au prix des morts, mai 2017, 188 pages, 18 € . Ecrivain(s): René Frégni Edition: Gallimard

 

René menait une vie paisible. Si douces étaient ses journées, bercées par le silence de la campagne, la discrète apparition des moineaux au petit matin. Il respirait la vie, la nature, et l’amour, les promenades en fleurs. Les collines de Provence veillaient sur lui, sa vie était un long, long fleuve tranquille. Les promenades sur la vallée, les arbres comme compagnie, et sa belle Isabelle, ses seins et ses mots doux. Les après-midis en terrasse, où le soleil chauffe délicatement le crâne, où les gens lisent le journal, parlent dans un accent de Sud-Est, commandent des grenadines ou des pastis avant d’aller jouer à la pétanque. Une vie de paix et de soleil, que René raconte dans ce journal qui lui avait été offert.

« 1er Janvier

(…) Ce qui me sidère chaque jour, c’est la vie de cette vallée, trois maisons au bord d’une rivière, la pierre blonde d’un pont, la beauté du silence ».

Le Marié de la Saint-Jean, Yves Viollier

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mercredi, 14 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Presses de la Cité

Le Marié de la Saint-Jean, avril 2017, 304 pages, 19 € . Ecrivain(s): Yves Viollier Edition: Presses de la Cité

 

Il y a l’Histoire qui s’écrit avec une majuscule, faite de dates, de faits, de circonstances, de drames et de commémorations. Dans la mémoire collective, celle-ci s’inscrit comme une réalité passée qui ne peut se rejouer. On finit même par oublier cette Histoire, quand non l’interpréter comme il nous convient. Et puis, il y a l’autre, celle qui se raconte avec un h minuscule, l’histoire de l’histoire de l’histoire. Et celle-là, on ne l’oublie pas tant elle nous touche de par son universalité.

C’est à son récit croisé que s’attache Yves Viollier dans son dernier livre Le Marié de la Saint-Jean où il se révèle un excellent conteur, en nous plongeant dans l’intimité de deux familles et le contraste de deux cultures, l’une circonscrite à la Vendée et à des traditions que l’on aimerait pérennes et qui malheureusement ne le sont plus, l’autre ouverte sur l’Asie du Sud-Est et les conflits qui ont jeté sur les routes de l’exil, où la mort souvent les attendait, des milliers de personnes. Cette Histoire-là se répète au gré de notre impuissance et indifférence, preuves en sont tous les conflits actuels dont on ne retient souvent que les crispations médiatiques. Par contre, celle vécue réellement par Zhida et ses frères, outre l’émotion qu’elle suscite, nous renvoie à celle qui nous constitue chacun intimement.

Les Degrés de l’incompréhension, Max de Carvalho

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mercredi, 14 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Arfuyen

Les Degrés de l’incompréhension, 158 pages, 14 € . Ecrivain(s): Max de Carvalho Edition: Arfuyen

 

« Sans quitter ta demeure / ni les tiens tu partiras » : c’est sous l’angle du paradoxe, pour un exil particulier, que Max de Carvalho place son recueil.

Des strophes brèves, qui parfois s’étofferont comme dans Poème-phare, décrivent dès le début sensations, sentiments et remarques diverses sur les voix, l’appel, les odeurs, la nature. Les phénomènes observés parlent « au voyageur sa langue / mortelle ».

La vision nouvelle offerte ici est celle d’un peintre qui se détourne du figuratif, et sans arbitraire mais dans la cohérence la poétique de l’opus est bien une poétique contemporaine à la recherche, sinon d’un monde nouveau, du moins d’une nouvelle façon de l’exprimer. Ainsi entre récit et description, les constats de Max de Carvalho doivent être décryptés par un lecteur qui se laissera gagner par le goût du mystère et aimera épouser cette nouvelle réalité langagière. Textes et titres sont souvent, tout au long du livre, livrés comme des devinettes :

À, Jacques Goorma

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 14 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Arfuyen

À, mai 2017, 136 pages, 14 € . Ecrivain(s): Jacques Goorma Edition: Arfuyen

 

Dès le titre du nouveau recueil de Jacques Goorma, À, considéré ici comme une préposition à l’hommage, à la dédicace ou l’adresse, l’on prend conscience que l’on est devant un ouvrage singulier. D’ailleurs l’ingéniosité des éditeurs Anne et Gérard Pfister peut bel et bien servir à la découverte de textes neufs, originaux, vivifiants. Cela dit, il reste à expliquer en quoi cette nouveauté, ce particularisme est pertinent. L’on peut concevoir assez vite une impression qui s’accentue au fur et à mesure. Et c’est le mot génération qui vient, ou celui de poésie originelle. Ainsi, nous sommes à l’aube, au début, au commencement, à l’origine d’un sentiment, à la génération d’une idée, plongés dans le spasme bref d’un éclat qui cherche une sorte de commencement éternel. De genèse sans fin.

On se trouve avec À devant une préposition/proposition servant à introduire l’émerveillement de la naissance de quelque chose de neuf et de soudain. Car ces trois fois cent-onze petits poèmes réunis en trois sections sont presque autant d’avènements répétés et lancinants. Une éternité du commencement. Comme une sorte de psaume, ou de cantilène enfantine. Par exemple :