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Les Livres

Claude Lanzmann. Un voyant dans le siècle

Ecrit par Arnaud Genon , le Mardi, 13 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Biographie, Gallimard

Juliette Simont (dir.), Claude Lanzmann. Un voyant dans le siècle, 2017, 328 pages, 22 €. Edition: Gallimard

 

Hommages à Lanzmann

Voilà plus de 30 ans, Claude Lanzmann dévoilait Shoah, le magistral documentaire sur l'extermination des Juifs par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, film qu’il avait mis plus d’une dizaine d’années à réaliser. Depuis, il est devenu une figure singulière du champ intellectuel français. A la fois cinéaste, journaliste, écrivain, directeur de revue, il a, selon les mots de Juliette Simont qui dirige ce collectif et en signe l’avant-propos, « changé notre rapport au monde et à la pensée » et « redistribué, éthiquement, intellectuellement, artistiquement, le possible et l’impossible ». C’est donc parce qu’il a marqué son temps, qu’il a éclairé l’Histoire – et l’éclaire encore – comme peu ont su le faire avant lui,  parce qu’il s’est engagé toute son œuvre et sa vie durant que son adjointe à la direction des Temps modernes a décidé de donner la parole à ceux qui souhaitaient, sinon lui rendre hommage, du moins évoquer son travail et sa personne. Il en résulte un très bel ensemble, une galerie de portraits, de lettres, d’analyses et d’essais qui éclairent – sous toutes ses facettes – l’œuvre et la personnalité de Claude Lanzmann.

Le dernier jour, Jean-Luc Outers

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 12 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Le dernier jour, mai 2017, Avant-propos de J-M.G. Le Clézio, 152 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Jean-Luc Outers Edition: Gallimard

 

« Aux antipodes, il continuait inlassablement à nous faire part de ses éblouissements et de ses indignations qu’il publiait en forme de missives nous mettant en garde de ne pas nous endormir : la beauté et l’horreur, en effet, deux raisons majeures de rester éveillé. Même s’agissant de beauté, il lui arrivait de s’indigner : “Ce n’est pas que les gens ne remarquent pas la beauté, c’est qu’elle leur est insupportable”. Il n’en aurait jamais fini ni avec le trait de pinceau, ni avec les naufrages, ni avec la tyrannie », L’unique trait de pinceau, sur Simon Leys.

Le dernier jour est un livre hommage, un dernier hommage, un Tombeau, comme le souligne J-M.G. Le Clézio dans son avant-propos, un livre épitaphe, une oraison à la manière de Bossuet, mais aussi un exercice d’admiration complice. Le dernier jour est un roman d’amitiés, réjouissant, lumineux et gracieux. Jean-Luc Outers sait la justesse des mots et de la narration – il s’agit d’un magnifique roman composé dirait Philippe Sollers son éditeur ! – pour ne cesser de faire vivre ces écrivains et cette cinéaste disparus.

Une ombre chacun, Carole Llewellyn

Ecrit par Zoe Tisset , le Lundi, 12 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Belfond

Une ombre chacun, avril 2017, 294 pages, 17 € . Ecrivain(s): Carole Llewellyn Edition: Belfond

 

L’histoire tourne autour de cette femme, Clara, elle a décidé de tout quitter et surtout son mari, Charles. Celui-ci lui demande un enfant comme on passe une commande dans un magasin chic.

« Charles était de cette génération d’hommes qui réfléchissaient à la paternité, projet angoissant de la trinité héritée appartement, mariage, enfants (…). Il lui demanderait juste un enfant comme on demandait un deuxième whisky et, comme toujours, elle dirait oui ».

Seulement, il déclenche alors une sorte de raz de marée interne et extravasé. Clara qui a survécu dans son enfance à un enlèvement, part à la recherche d’elle-même.

« Tout allait bien. Tant que vous ne faisiez pas un bébé autiste ou trisomique. Un bébé sur lequel on ne pourrait pas s’extasier sur Instagram. Un bébé à qui on ne saurait pas quoi acheter comme jouet. Un bébé pour qui le choix de la poussette, du portage, de l’écharpe serait un débat inutile car on le garderait enfermé ».

Michel Tournier, Romans en la Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 10 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La Pléiade Gallimard

Michel Tournier, Romans suivi de Le Vent Paraclet, édition d’Arlette Bouloumié avec la collaboration de Jacques Poirier et Jean-Bernard Vray, Paris, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, 23 Février 2017, 1824 pages . Ecrivain(s): Michel Tournier Edition: La Pléiade Gallimard

De Tournier, l’on connaît surtout aujourd’hui Le Roi des Aulnes (prix Goncourt – à l’unanimité – en 1970, présenté par l’incomparable critique George Steiner comme « l’un des plus grands romans européens de ces dernières décennies »), et les Vendredi.

En 1969, Michel Tournier emprunte le personnage de Robinson Crusoé à Daniel Defoe dans Vendredi ou les Limbes du Pacifique. Ce texte, comme l’a rappelé notamment Martine Groult, est une superbe « revisitation » du grand texte Robinson Crusoé (1719) de Daniel Defoe (1660-1731). Revisitation situant l’action en 1759 et réalisant « une inversion de sens » puisque Tournier « fait de Robinson un élève de la vie sauvage au lieu d’un instructeur de la nature et du sauvage ». « D’abord tellurique, terrien, terreux, cloué au sol par l’attraction terrestre et plus encore par le poids de sa civilisation, écrit Jacques Chabot, le Robinson de Tournier, converti par le sauvage Vendredi aux joies légères de l’existence naturelle, se redresse, se porte vers l’altitude, où il devient progressivement un être aérien. Il s’élève au sommet d’un arbre, où il se livre tout entier à la rêverie d’un bonheur immobile et bercé, à la joie d’un départ sur place. « Il rêvait. L’arbre était un grand navire ancré dans l’humus et il luttait, toutes voiles dehors, pour prendre enfin son essor ».

Victoria n’existe pas, Yannis Tsirbas (2ème critique)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 10 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman, Quidam Editeur

Victoria n’existe pas, trad. grec Nicolas Pailler, 66 pages, 10 € . Ecrivain(s): Yannis Tsirbas Edition: Quidam Editeur

 

Strangers on a train (1) pourrait être le titre anglais ou américain pour une traduction de ce premier opus de Yannis Tsirbas, car il s’agit bien, au départ, d’une rencontre imprévisible, mais pas totalement improbable, dans un train qui va de la banlieue vers la capitale, Athènes. Mais la comparaison devrait s’arrêter là, car il n’y a pas à proprement parler de projets de criminels inavoués entre les deux protagonistes. Encore que…

L’homme habite le quartier du square Victoria. Un nom qui n’évoque sans doute pas grand-chose pour celles et ceux qui n’ont pas fait le voyage. Le square Victoria est un des lieux d’Athènes qui a depuis quelques années une des plus sombres réputations. Insécurité, saleté… Un lieu où il ne ferait pas bon se promener la nuit venue et que tous les touristes devraient soigneusement éviter, même si les restaurants n’y manquent pas. C’est que le square Victoria est depuis des années un des lieux où atterrissent et tentent de survivre des immigrés venus de pays où la vie est encore plus difficile qu’en Grèce.