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Les Livres

Maurice Barrès et le nationalisme français, Zeev Sternhell

Ecrit par Vincent Robin , le Vendredi, 21 Juillet 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Fayard, Histoire, Israël

Maurice Barrès et le nationalisme français, Arthème Fayard Pluriel, 2016, 432 pages, 12 € . Ecrivain(s): Zeev Sternhell Edition: Fayard

 

Ce volumineux contenu est en réalité une réédition de l’étude menée à bien il y a déjà plusieurs décennies par l’historien Zeev Sternhell pour sa thèse de doctorat. Son travail universitaire avait ainsi été publié une première fois en 1972. C’est alors, grâce à une sorte de dédicace auto-élogieuse dans l’avant-propos de cette reparution que, restituant la parole à son ancien superviseur et conseiller (Jean Touchard) à la Fondation nationale des sciences politiques, l’historien de l’Université hébraïque de Jérusalem relate le gratifiant retour récolté à chaud par lui et son docte ouvrage : « Sternhell, vous m’avez convaincu, je vous soutiendrai ! ». Dans ce contexte et au cœur de cette épaisse réalisation effectivement, le recours au scanner millimétrique, irradiant à la fois le spectre du « nationalisme » de la IIIe République française et celui de Maurice Barrès mis en surimpression, renvoyait indubitablement à quelque pâleur ou à l’imperfection de nombreux traitements jusqu’alors appliqués à ces deux évocations souvent arrimées dans un rapide mécanisme fusionnel. Aussi bien alors, tout comme le démontre habilement Sternhell à travers le résultat de ses recherches, parce que les mots « Barrès » et « nationalisme » ne se seront jamais fondus dans l’équation absolue que suggérait leur approche coutumière, un tel ouvrage éclairant et démystificateur mérite-t-il que l’on redécouvre maintenant (surtout au temps politique actuel) son propos savamment nuancé et instructeur.

Une petite chose sans importance, Chroniques lunaires d’un garçon bizarre, Catherine Fradier

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 12 Juillet 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Au Diable Vauvert, Jeunesse

Une petite chose sans importance, Chroniques lunaires d’un garçon bizarre, 171 pages, 12 € . Ecrivain(s): Catherine Fradier Edition: Au Diable Vauvert

Il est autiste. De cet autisme que l’on nomme Asperger : celui qui épate les gens ordinaires (et fiers de l’être) qui n’y voient souvent qu’une monstruosité admirablement surprenante pour des scenarii de films ou de séries télé. Il s’appelle Sacha et suit sa mère au cœur du Congo, de la RDC, La République Démocratique du Congo, où celle-ci est médecin dans une organisation humanitaire. Sacha a quatorze ans. Il aime la précision et a compris depuis longtemps que les autres, enfants ou adultes, ne comprenaient rien, eux, à sa manière d’être.

Apprendre à vivre avec Asperger n’est pas le plus difficile. C’est avec les autres qu’il faut apprendre à vivre, et parfois les autres n’y tiennent pas vraiment.

Une chose qu’il connaît très bien, c’est la moquerie, celle que ni l’ignorance ni la peur ne suffise à expliquer. Il connaît bien aussi les décimales de pi, au-delà des cinq cents premières. Pas de meilleurs remèdes contre l’angoisse quand le monde devient trop hostile ou inquiétant que de se les réciter, mais aussi d’inventer une histoire, un conte, Conte de Pi, dont chaque mot compte de nombre de lettres correspondant aux décimales. Car un conte, pour d’autres que lui, c’est plus facile à mémoriser que des chiffres.

Des voix dans l’obscur, Françoise Ascal

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mercredi, 12 Juillet 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Des voix dans l’obscur, éd. Æncrages& Co, 2015, dessins de Gérard Titus-Carmel, 44 pages, 21 € . Ecrivain(s): Françoise Ascal

 

Le recueil de Françoise Ascal, Des voix dans l’obscur, accroche la lecture dès l’incipit par le neutre liminaire, un « ça » à la Giono, mimant « l’afflux des mots », mise en abyme du  travail de l’auteur.

Le texte à proprement parler commence par un hommage à la morte (la mère ?) dont la musique provient des répétitions de mots-outils et d’infinitifs. Ecriture au lyrisme discret qui entraîne à poursuivre la découverte poétique.

Alors, dans la confusion des pronoms, se forme l’idée d’un dédoublement comme souvent en provoque l’acte d’écrire (1). De ce fait, de ses bras à « elle », quand « j’écris pour me libérer de leurs songes / rejoindre les vivants », naît le « tu » prisé par la poétique contemporaine et qui accentue ici le mystère de l’énonciation.

De brèves strophes aux mètres libres allant jusqu’à prendre la forme de versets se multiplient de deux à six dans la page. Des vers courts y côtoient de longs paragraphes qui se lisent dans un seul souffle. La respiration se retient comme celle des morts qui rôdent : « est-ce que le morts parlent » ; il y a enfin la peur qui devient ombre quand se perd le nom.

Une pierre, en chemin, Bernard Fournier (2 et fin)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 12 Juillet 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Une pierre, en chemin, éd. Tensing . Ecrivain(s): Bernard Fournier

 

Pour le poète Bernard Fournier en chemin, une pierre s’élève tel « un amer pour l’homme en dérive ». Symbole de la permanence, point de convergence entre le ciel et la terre, « signe de la présence, maintenant ici, de la / conjonction des astres et des hommes ; / pour dire aux hommes l’inscription des âmes dans l’espace », la pierre jalonne les Marches du poète, non pas bâton de pèlerin pour la circonstance mais davantage mesure dans l’univers, signe ancestral, socle séculaire, repère cadastral où nos errances s’appuient pour avancer, gravir, s’y retrouver.

 

« La pierre est venue là, attisée par le feu des étés

où s’échouent les oiseaux ;

Et autour de cet axe gravitent mes pensées ;

Quelles seront mes errances ?

Le livre errant, Jean-Marie Kerwich

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 12 Juillet 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Mercure de France

Le livre errant, avril 2017, 92 pages, 10 € . Ecrivain(s): Jean-Marie Kerwich Edition: Mercure de France

 

Le livre errant est un recueil d’impressions, naïves, au sens étymologique du terme.

Le livre d’errant est un compagnon de rêverie, de marche, de déambulation parmi les nuages et les ruines qui font que le monde est, parfois, un frisson où s’étendre.

Le livre errant est une façon mi-figue, mi-raisin de caresser les topoï pour les faire se retourner comme des gants.

Comme de petits animaux rougissants.

 

Morceaux choisis :