Raphaël Enthoven a-t-il eu vraiment l’intention de réécrire les Mythologies de Roland Barthes, vaste entreprise destinée à décoder et à interpréter les signes de notre temps ? A l’instar de son inspirateur, l’auteur nous offre une trentaine de courtes réflexions qui décryptent le réel au gré de l’actualité culturelle, sociologique ou politique, allant de la sémantique de The Walking Dead à l’usage du selfie, de la cigarette électronique à l’uberisation sociétale initiée par Uber. L’ensemble est parsemé de nombreuses références philosophiques. Quelques-unes de ces chroniques attirent davantage l’œil et l’intérêt du lecteur.
Dans le chapitre La fin du monde n’aura pas lieu, à une époque où la moralisation de la vie politique fait problème, Enthoven émet deux formules saisissantes, illustrant en raccourci les fulgurances de sa pensée : « La science galope quand la morale claudique », « Ainsi naissent les savants fous et les tempéraments catastrophistes ».
A propos des émoticônes dont nous parsemons nos textes à l’envi, l’avis du philosophe est que celles-ci se contentent de répéter, sur un autre mode, ce qui vient d’être dit, message redondant et non pas, comme on pourrait le croire, interprétation personnelle d’un contenu objectif. Préciosité de notre temps digital.