Ta résonnance, ma retenue, Serge Ritman
Ta résonnance, ma retenue, avril 2017, 320 pages, 22 €
Ecrivain(s): Serge Ritman Edition: Editions Tarabuste
Avec Serge Ritman l’amour ne change pas, ne change plus. Il est resté le même depuis le jour où la poète le rencontra. Il dut payer cher pour son amour : l’abîme le guettait par la disparition de celle qui en était non l’objet mais le sujet. L’auteur un temps put célébrer la transhumance des esprits, les métamorphoses du cosmos vers la lumière. Au fil du temps l’amour terrestre est devenu spirituel, deux énergies « célestes » s’y cristallisent puisqu’un des protagonistes n’est plus et empêche de plonger les mains dans la farine des matins.
Mais l’auteur nous apprend que derrière les portes du temps il existe d’autres portes jusqu’au vertige comme au grand vide de la félicité. C’est pourquoi l’ensemble des poèmes se succèdent par saccades pour rejoindre la frontière des « ténèbres radieuses ». L’oxymore n’est pas ici qu’une simple figure de style. Au milieu des couleurs de l’instant le passé seul est l’or du temps. Disparue, l’amante demeure. Pour autant Ritman ne pétrarquise pas. La douleur de la séparation temporelle a dérivé sous d’autres cieux.
Le cœur de celle qui fut un volcan sur l’aile et une île du temps n’est pas abandonné. Elle reste l’Ardente qui rejoint par son amour une divinité qui ruisselle de sueurs mythiques et mystiques au cœur même du réel et de ses miasmes. L’amour trouve là son plus haut sens. La mélancolie n’est pas forcément loin. Mais les textes enflent, avancent loin d’une forme de régression ou de la quête du refuge. Du fond de l’absence ce qui résonne n’est pas l’abandon, le vide, la solitude : tout est soumis à la résurrection.
Jean-Paul Gavard-Perret
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