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Les Livres

Duetto, Sylvie Payet Amélie Nothomb (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 06 Décembre 2018. , dans Les Livres, Essais, La Une Livres

 

L’intérêt de la collection Duetto est de donner carte blanche à un écrivain pour nous parler d’un autre écrivain. Le choix de Sylvie Payet – formatrice, correspondante de presse, auteur du recueil de nouvelles À fleur de peau paru en 2016, du roman Camélia rouge paru en 2017 chez L’Harmattan, de La Baie fait un somme, coécrit avec Philippe Lacoche et paru aux éditions Cadastre8Zéro en 2018 – s’est porté sur la romancière belge francophone Amélie Nothomb dont Stupeur et tremblements a réorienté sa trajectoire professionnelle.

Nous sommes en 2002, Sylvie Payet, alors « fonctionnairedans une direction d’un service déconcentré de l’État », lit Stupeur et tremblements, publié en 1999, couronné la même année du Grand Prix du Roman de l’Académie française. Un livre dans lequel Amélie Nothomb, jeune écrivain encore inconnue, raconte son expérience comme stagiaire dans l’entreprise japonaise Yumimoto (le livre sera adapté au cinéma) et dont, affirme Sylvie Payet, « la lecture bouleverse le sens de(s)a vie ». Une tranche de vie du Japon à la France s’écrit ici, deux expériences similaires se rencontrent, deux destins se croisent – rencontre concrétisée cet automne 2018 par le fruit littéraire de ce Duetto.

La Maison Golden, Salman Rushdie (par Christelle Brocard)

, le Mercredi, 05 Décembre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Actes Sud

La Maison Golden, août 2018, trad. anglais Gérard Meudal, 416 pages, 23 € . Ecrivain(s): Salman Rushdie Edition: Actes Sud

 

Un millionnaire arrogant et ses trois fils, émigrés d’une ville mystérieuse puisqu’il leur a formellement enjoint d’en taire le nom, viennent s’installer dans les « Jardins » cossus de Greenwich Village, à New-York. L’arrivée soudaine de cette famille et de sa livrée haute en couleur sidère et inquiète le voisinage. Chacun observe, commente, suppute et conspire à l’édification du mythe de ceux qui se font appeler : Néron, Petronius, Apuleius et Dionysos Golden. René, le narrateur, un jeune cinéaste ambitieux, se passionne plus que tout autre pour cette intrigue familiale qui vient à point nommé se jouer et se dénouer sous ses yeux, et dès lors constituer une mine d’inspiration inestimable pour son prochain film. Aussi va-t-il se frayer, à force de persévérance et d’ingéniosité, un chemin équivoque dans l’intimité énigmatique du clan Golden, jusqu’à occuper auprès de chacun de ses membres une place aussi singulière que périlleuse et audacieuse. Car à mesure qu’il perce le secret d’un ancien potentat de la mafia indienne ou qu’il spécule sur les ombres de son passé, il prend part, à son insu, à l’effondrement d’une dynastie familiale dont le destin tragique est inscrit dans les noms d’emprunt des principaux protagonistes. L’équilibre du monde est ainsi préservé : à l’arrogance d’un empire gigantesque et malhonnête répond la chute vertigineuse.

Le Petit Sapin de Noël, Stella Gibbons (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 05 Décembre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Héloïse D'Ormesson

Le Petit Sapin de Noël, novembre 2018, trad. anglais Philippe Giraudon, 304 pages, 19 € . Ecrivain(s): Stella Gibbons Edition: Héloïse D'Ormesson

 

Un titre peut en cacher un autre. Ce recueil de nouvelles aurait peut-être mérité, pour être plus conforme à son contenu, une traduction littérale de son titre anglais Christmas at Cold Comfort Farm and other Stories, car le « other stories » est de loin beaucoup plus intéressant que la première histoire assez convenue, Le Petit Sapin de Noël. Un texte qui fait écho au premier roman de Stella Gibbons publié en 1934, Cold Comfort Farm, roman qui valut à l’auteure le Prix Femina-Vie Heureuse, la même année (prix créé en 1904 pour contrebalancer le prix Goncourt jugé trop misogyne).

Sans bouder les aventures de Miss Rhoda Harting, vieille fille romancière de trente-trois ans, qui s’apprête à fêter en célibataire dans sa campagne anglaise le réveillon du 24 décembre, on se passionne davantage pour les quatorze autres récits dont le sujet principal est la vie de couple ou plutôt l’incroyable et récurrente difficulté de vivre une vie de couple épanouie.

Écrites dans l’entre-deux-guerres et publiées en 1940, ces nouvelles reflètent un moment de l’histoire des femmes particulièrement complexe et soumis à de multiples influences contradictoires.

Au secret de la source et de la foudre, Georges-Emmanuel Clancier (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 05 Décembre 2018. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Au secret de la source et de la foudre, Georges-Emmanuel Clancier, Gallimard, novembre 2018, 64 pages, 12 €

 

Le poème-action

Ce qui est déterminant à la lecture du recueil posthume du poète limousin Georges-Emmanuel Clancier, c’est le caractère ancré, ancré dans un temps historique et dans le temps quotidien dans lesquels se déroule l’aventure humaine de ce poète qui a traversé la totalité du vingtième siècle jusqu’à aborder le vingt-et-unième ; et cela avec l’esprit toujours clair, clair au point de revisiter sa propre poésie à cinquante ans de distance. Je dis temps, mais je devrais ajouter espace, topologie, topographie des poèmes écrits dans les années 60-70, qui vont toujours vers l’être et vers le sud – comme si Georges-Emmanuel Clancier faisait sienne la définition de Bonnefoy pour qui la poésie était temps d’été, de lumière. En ce sens le poète ici est éloigné du pays de sa naissance, le Limousin, pays plus froid et plus capiteux, où se jette le tourment des forêts, des ruisseaux vifs et des ciels quasi de montagne, au profit de la blancheur éclatante du soleil et de la Méditerranée.

Correspondance, Marcel Proust, Robert de Montesquiou (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 04 Décembre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Correspondance, Rivages poche

Correspondance, Marcel Proust, Robert de Montesquiou, septembre 2018, préface Mathilde Bertrand, 256 pages, 9 € Edition: Rivages poche

 

De 1993 à 1921 (année de la mort de Robert de Montesquiou), les deux écrivains ont entretenu une correspondance féconde. Né en 1855, Robert de Montesquiou joua, au début de la carrière littéraire de Proust (né lui en 1871), un rôle essentiel. Marcel trouvait auprès de ce dandy aristocrate, à l’intelligence et à la culture bien développées, un mentor apte à lui donner moult conseils pour embrasser la littérature. Montesquiou écrivait des poèmes, rédigeait des articles, était bien connu dans le microcosme du Faubourg Saint-Germain, fréquentait les mêmes salons que le futur romancier de La Recherche : Madame Lemaire, les Greffulhe, les Guiche, etc.

Ils s’écrivent sans doute parce qu’ils se ratent souvent, en cause la maladie de Marcel et les tergiversations qu’il peut adopter dans sa vie entre lit et écriture. Ainsi, défilent les adresses du comte, certaines visitées, d’autres que la maladie de Proust laissera inconnues (Vésinet). Ainsi défilent les différents appartements que Proust occupa (Malesherbes, Haussmann, Hamelin).