Au début, ce livre peut rebuter (le lecteur est d’ailleurs prévenu dès la première phrase). Mais il faut lui laisser sa chance. Sa langue erratique, obscure, exige un effort : la poésie se mérite.
Parce qu’au début, on peut se perdre avec ce personnage tantôt féminin, tantôt masculin. Parfois, on n’y comprend rien, on se bat un peu avec la syntaxe, on ne saisit pas où l’auteure nous entraîne, le sens de cet écheveau d’idées. Mais laissons-nous entraîner par ce flux de parole.
Il faut lui laisser sa chance, parce qu’à certains moments, la langue s’éclaire en formules d’une extraordinaire clarté : tout à coup, l’auteure assène une idée, qui jaillit d’une éblouissante fulgurance.
Alors, on finit par être transporté dans ce flot d’écriture, a priori désordonné. Au fur-et-à-mesure, les pages se répondent entre elles, un réseau se tisse, et l’on comprend comment les idées disparates font sens.
C’est un long monologue, sur la perte de l’être cher, sur la marchandisation et la virtualisation du monde. Sur la précarité sociale et mentale de la société. Sur la perte de la parole.