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Les Livres

En attendant le printemps, Alexandra Fuller (Par Laurent LD Bonnet)

Ecrit par Laurent LD Bonnet , le Vendredi, 11 Janvier 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman, Jean-Claude Lattès

En attendant le printemps (Quiet Until the Thaw), octobre 2018, trad. anglais Anne Rabinovitch, 224 pages, 20 € . Ecrivain(s): Alexandra Fuller Edition: Jean-Claude Lattès

 

En matière d’édition, confier à Anne Rabinovitch la traduction d’un roman américain, c’est lui offrir un smoking de marque qui, dès l’entrée en scène, séduira tout lecteur francophone amateur de belle langue. Il y a du respect dans ce travail. On le ressent. On s’y installe en confiance : nous lisons bien du Alexandra Fuller. Ces deux plumes se sont accordées chez Lattes depuis 2012. Notre plaisir s’installe donc, grandit page après page, sans jamais fléchir. Il est subtilement accompagné par le choix du département Éditions des deux terres qui nous confie des livres au format souple, intelligent, au grammage complice.

Sachant cela, homme blanc et femme blanche ! Vous ! Pour qui l’idée que certains peuples ne vivent pas ensemble en fonction d’une hiérarchie, mais par étapes, par cycle, dans des cerclesdépasse peut-être l’imagination, eh bien tamisez vos lumières, éteignez vos téléphones, et immergez-vous quelques heures dans notre temps !

Deuils, Eduardo Halfon (Par Mona)

Ecrit par Mona , le Vendredi, 11 Janvier 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, La Table Ronde

Deuils, avril 2018, trad. espagnol David Fauquemberg, 160 pages, 15,80 € . Ecrivain(s): Eduardo Halfon Edition: La Table Ronde

 

Avec les mots simples et bruts du narrateur, on entre dans le vif du sujet dès l’ouverture : « Il s’appelait Salomon. Il est mort à l’âge de cinq ans, noyé dans le lac d’Amatitlàn. C’est ce qu’on me racontait, enfant, au Guatemala ».

Cette mort, dans la famille, il fallait la taire, ne jamais poser de questions, d’où la « blessure à l’intérieur » dont souffre le narrateur (« Il y avait là, dedans, une chose qui était en train de me tuer »). Hanté par le fantôme de l’enfant mort, le narrateur, qui vit aux USA, part au Guatemala en quête de la vérité sur la mort mystérieuse de cet oncle qu’il n’a jamais connu.

Le récit s’organise à partir de la question dramatique qu’il se posait enfant : la photo au nom de Salomon trouvée dans un grenier, qui montre un enfant dans la neige, à New-York, en 1940, est-elle celle du petit Salomon noyé dans le lac ?

Le Bordel des mers, Siân Rees (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Vendredi, 11 Janvier 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Petite bibliothèque Payot

Le Bordel des mers, août 2018, trad. (anglais) Mélanie Blanc-Jouveaux, 283 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Siân Rees Edition: Petite bibliothèque Payot

Dans les années 1780 le paupérisme sévit à Londres. En 1783, le mal s’aggrave avec le retour des armées de Sa Majesté, de l’Amérique, où elles ont été battues par les nouvelles colonies américaines. Un flot de cent trente mille hommes vient s’ajouter aux miséreux, aux tire-laine, aux prostituées des quartiers pauvres. La vie étant extrêmement dure, la rapine règne presque partout, il faut manger. La répression est dure. On condamne et bien souvent à mort qui s’est emparé d’une timbale ou d’une pièce de tissu. Il est vrai que les prisons sont pleines.

En avril 1789, cependant, le roi George III (que l’on a dit longtemps atteint de porphyrie) recouvre la raison. Des journées de liesse nationale sont décrétées pour fêter l’évènement et de nombreux convicts voient leur peine commuée en transportation à Sydney Cove (Australie). Il suffit d’accepter les termes de la grâce énoncés par le juge. Les prisonnier(e)s hésitent parce que la peine reste très dure, on n’est guère sûr d’arriver à bon port, et mourir loin du pays est une peine supplémentaire. Néanmoins 237 femmes de tous âges seront embarquées sur le Lady Julian, un trois mâts à deux ponts, pour rejoindre l’autre bout du monde où, on l’espère, elles donneront naissance à une jolie descendance. À bord, la loi est particulière : le concubinage est autorisé et les rapports sexuels aisés. Plus d’un marin prend femme le temps de la traversée.

Les "cartes et le territoire" de la guerre dans la littérature française - Philippe Annocque, Michel Bernard (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 11 Janvier 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Mon jeune grand-père, Philippe Annocque, éd. Lunatique, coll. Parler Debout, novembre 2018, 192 pages, 20 €

La tranchée de Calonne, Michel Bernard, La Table Ronde, coll. La Petite Vermillon, novembre 2018, 208 pages, 7,30 €

 

« … J’ai reçu aussi une aimable carte de Mme Gillet qui m’envoie aussi ses veux ainsi que ceux de sa famille. Elle se met à ma disposition pour m’envoyer des livres si j’en ai besoin. Présentez-lui mes remerciements et mes meilleures amitiés pour elle et toute sa famille. Les formules de politesse prennent de la place sur une carte où chaque centimètre carré est compté. La politesse est peut-être l’équivalent de la propreté ou du soin vestimentaire, une affaire de dignité », Le 26 janvier 1917, Mon jeune grand-père.

La nuit, Nasser-Edine Boucheqif (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 11 Janvier 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

La nuit, Nasser-Edine Boucheqif, éd. Al Mawkib Al Adabi, Maroc, 2017

 

Nuit mystérieuse

Je me fais l’écho d’un livre paru en 2017, parce que parmi les livres que je lis il représente une voix singulière, une sorte de voix de la nuit, du reste plus une nuit physique que mystique. Cependant, le mystère de la nuit de l’auteur me reste énigmatique. Je n’ai pas percé le secret du livre, ce qui en un sens est signe de richesse et de profondeur. Ainsi, la nuit ici est pensée comme une nuit d’insomnie, une nuit qui viendrait buter sur l’éveil, un éveil du petit matin, un éveil du rêve, un éveil du cauchemar brûlant au milieu du sommeil.

La révélation est peut-être là, dans la question du sommeil, dans l’intrigue de dormir, sachant que dormir est sujet à fables, à récits, et que la manière de s’endormir prête au dormeur plusieurs questions renouvelées par le cycle de la léthargie, de l’appesantissement charnel de l’obscurité. La nuit se constitue dès lors comme moment défini par ce qui lui fait limite, finalité, comme le blanc s’oppose au noir, la forêt à la clairière, l’ombre comme fin de la lumière, crépuscule qui découpe le jour.