« Pour les séances en mer, Le Nouveau, petit format, traînant derrière lui sa barque, fera l’affaire. Ancrage à 100 mètres, on part très tôt le matin avec la marée, rentrée le soir avec le retour de l’eau. Louis a prolongé cette tradition, qui se retrouve avec moi dans l’encre bleue, le matin et en fin d’après-midi, face au large. Les mouettes commencent leur ballet fou, elles crient dans le ciel d’orage. Je pense à Edna, ma belle Irlandaise. Sa photo est là, sur la cheminée. Elle à l’air gaie ».
Pas surprenant lorsque l’on habite une île, et que l’on est Bordelais, d’avoir des passions marines, pas surprenant lorsque l’on est écrivain, et grand lecteur de Conrad, de souvent prendre le large, à Venise, faisant sienne la devise de Joyce : « Le silence, l’exil, la ruse ». La maison de l’Ile de Ré s’invite souvent sur la pointe des pieds dans les romans de Philippe Sollers. Silencieuse, habitée de silence et de mémoire, elle ne fait pas de vagues, elle est là, comme une boussole, un pôle, qui abrite « L’Isolé absolu » (1). Dans ce film pour la télévision, l’écrivain montre de la main gauche des pages de son cahier, écrites à l’encre bleue :