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Les Livres

À ton tour, John et Yves Berger (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 25 Mars 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

À ton tour, février 2019, trad. anglais Katya Berger Andreadakis, 104 pages, 20 € . Ecrivain(s): John et Yves Berger Edition: L'Atelier Contemporain

 

Le pouvoir de l’image

Correspondance originale du père et du fils, animée d’images : telles sont les lettres qu’accaparent des images, et soulignent le lien filial d’un père écrivain et d’un fils peintre. Car si la lecture d’une correspondance joue souvent, pour le liseur, sur la figure absente du destinataire, ici le vide est occupé par des illustrations venues de la grande peinture occidentale notamment. Ces vignettes ont ce pouvoir : manifester la présence. Elles sont ainsi supérieures au langage, dont le registre sourd facilite surtout la présentification de l’écrivain, de l’auteur. Cependant, ce ne sont pas des mots qui viendraient coudoyer, faire surgir les images, lesquelles au contraire serviraient à heurter l’écrit, à déformer suffisamment la forme écrite pour faire coexister un sentiment, et en ce cas la filiation paternelle, d’un lien filial entre un père et un fils, dont les références picturales sont des sortes de chevaux de Troie introduits dans chaque lettre, et qui ouvrent sur un champ qui dépasse manifestement la simple relation épistolière. Que l’on voie la Conversion de St-Paul du Caravage, ou les bouquets du Manet finissant, on ne quitte pas le propos fondamental : comment communiquent les images, et peuvent-elles soutenir l’expérience humaine d’une filiation réussie ?

Ce que le bleu ne sait pas du fragile, Anne-Marielle Wilwerth (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Lundi, 25 Mars 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Ce que le bleu ne sait pas du fragile, Éditions Le Taillis Pré, 2019, 98 pages, 14 € . Ecrivain(s): Anne-Marielle Wilwerth

 

Comme pour laisser ouverte l’infinitude qui l’habite, Anne-Marielle n’a pas numéroté la page du dernier texte du recueil, laissant peut-être ainsi s’échapper les mots afin qu’ils se fassent, en pensées, oiseaux libérés confondus avec les lentes vagues de l’écrit qui, presque en permanence, l’habitent : « Les mots/ de l’inespéré à eux seuls/ sont capables d’ouvrir/ le monde ».

Si les thèmes d’Anne-Marielle Wilwerth sont universels, la manière de les appréhender est très personnelle : « ce que le bleu ne sait pas du fragile », la poète le sait mieux que personne.

Elle a appris. Dans le sens noble du terme, avec patience et progressivité, construisant, de livre en livre, un univers propre dans lequel, promeneuse, elle guide le lecteur dans le sens humain et littéraire de ses bonnes intentions à faire éclore, faire découvrir le monde à la fois réel et onirique qui l’habite.

L’auteur utilise, à bon escient, le mot choisi nécessaire à sa vocation partageuse : « Les vagues/ parlent si bas/ qu’on les entend à peine/ C’est l’instant où le silence/ éteint l’incendie/ des inutiles bavardages ».

Les 250 livres préférés du Club de La Cause Littéraire (des places 212 à 250)

Ecrit par La Rédaction , le Vendredi, 22 Mars 2019. , dans Les Livres, La Une Livres

 

 

La Cause Littéraire anime un Club sur le réseau social FaceBook. Lors d’une « votation » littéraire récente, les membres de ce club dont les noms sont en bas de cette page ont désigné les 250 livres qu’ils préfèrent. Nous vous les présentons, en ordre croissant (du 250ème au 1er) et par tranches de nombres de voix obtenues. Nous publierons 2 tranches par semaine.

Nous espérons que cette sélection vous sera utile dans vos choix de livres.

Nous commençons !

 

Des places 212 à 250 :

Berlin on/off, Julien Syrac (par Marc Ossorguine)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 22 Mars 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Quidam Editeur

Berlin on/off, avril 2018, 142 pages, 15 € . Ecrivain(s): Julien Syrac Edition: Quidam Editeur

 

Berlin. Ach ! Berlin ! Pas besoin de « sein ein Berliner » pour que cette ville-là occupe une sacrée place dans nos repères culturels européens. Dans nos mythologies européennes, même. Une sacrée place, voire, pour certains, une place sacrée. Berlin. La VILLE. La capitale coupée en deux, fracturée, recollée… Mais sans doute pas libérée pour autant. La ville des rencontres les plus improbables. Celle des alternatives les plus radicales. La ville de toutes les « Kombinationen » entre les mots, les musiques, les couleurs, les ruines et les illusions, les espoirs. Une ville d’histoire du futur qui passe lentement dans nos mémoires, faisant ronfler mille échos.

Si l’on sait comment s’appelle cette ville, ses quartiers, on ne sait comment se nomme ce jeune français qui s’y fait flâneur de ses mythes et de ses mirages. Trois étapes à la manière d’un road movie qu’aurait pu tourner Wim Wenders (Der Himmel über BerlinLes Ailes du désir !). Ange aussi tombé du ciel, apprenti de l’humain et de la ville, il exerce d’étonnantes activités. Etonnantes de trivialité et d’absurdité.

La nuit se lève, Elisabeth Quin (par Marianne Braux)

Ecrit par Marianne Braux , le Vendredi, 22 Mars 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Grasset

La nuit se lève, Elisabeth Quin, Grasset, janvier 2019, 144 pages, 15 € . Ecrivain(s): Elisabeth Quin Edition: Grasset

 

La nuit se lève sur le monde d’Elisabeth Quin. Atteinte d’un glaucome depuis plusieurs années, la journaliste et écrivaine raconte dans cet émouvant récit au titre évocateur ses peurs, son parcours du combattant avec les médecins et ses espoirs, le tout parsemé de citations issus d’ouvrages touchant à la cécité, de textes d’auteurs et de mythes antiques. Le résultat est poignant. L’écrivaine ne semble pas avoir cherché à faire un beau livre ; la langue est directe et personnelle, proche du journal intime, comme l’est le rythme qui fait entendre son souffle, à la fois inquiet et déterminé, paragraphe après paragraphe. Y est tenue la promesse que l’auteure s’était faite : écrire en se mettant à nu.

Présent et futur irriguent principalement le récit. Peu de souvenirs d’enfances, peu d’images dans lesquelles Quin chercherait à donner rétrospectivement un sens à son existence à l’aune de la maladie. La nuit se lève n’est pas la confession nostalgique d’une personne accrochée au passé. Beaucoup de descriptions en revanche, et de questions, à propos du quotidien qu’il lui faut d’ores et déjà réinventer et qu’elle ne peut s’empêcher d’anticiper, lorsqu’il deviendra vraiment difficile : comment prendre une douche ? Pourra-t-elle encore nager ? Comment une aveugle s’envisage-t-elle jour après jour, sans reflet ? Aura-t-elle encore du désir pour l’homme qu’elle aime et qu’elle ne pourra plus voir ?