Ô pruniers en fleur, Ryôkan (par Philippe Leuckx)
Ô pruniers en fleur, Ryôkan, Folio Sagesses, septembre 2019, trad. japonais Alain-Louis Colas, 112 pages, 3,50 €
Edition: Folio (Gallimard)
Quatre-vingt-dix-sept textes poétiques illustrent à l’envi le grand talent du moine poète Ryôkan, né en 1758 et décédé en 1831.
Le plus souvent développée en quintils saisissants de justesse et d’élégance, la poésie de Ryôkan trace de la nature traversée un portrait tout en nuances où les fragrances, les beautés, ainsi que les réalités les plus triviales, dessinent une relation inspirée à la beauté des paysages, entre les « pluies d’automne » et « les journées où les corbeaux/ du bois sont sans voix ».
Ici, la voix restitue « nuées », « neige », « beaux jours », dans un souci constant de description au plus juste de l’objet. Ici, se perçoit toujours la saison, puisque l’écriture s’arrime elle comme le sang au corps.
Qu’une belle lune
vous éclaire, attendez,
et vous rentrerez !
Par ces montueux sentiers
où les bogues se répandent.
(21, p.21)
Le moine change souvent de logis, note, comme dans un journal, ses pérégrinations, ses humeurs, ses plantes, ses fleurs. L’eau et la neige entourent tout d’un nimbe de sagesse, tant l’écriture concède de la beauté au « ciel ennuagé », au « renouveau » perçu.
L’ouvrage s’enrichit d’une longue et précise biographie de l’auteur.
Au poème 86, le poète s’amusait, en termes de portrait, à se décrire « le chef » tout blanc, comme la belle neige.
D’un « monde impermanent », le moine poète aura sauvé, en mesures de poésie, les pépites éphémères, les beautés.
Une très belle édition.
Philippe Leuckx
Ryôkan, poète japonais, né en 1758, mort en 1831.
- Vu : 1979