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Les Livres

Mes années japonaises, René de Ceccatty (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 27 Mai 2019. , dans Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Biographie, Récits, Mercure de France

Mes années japonaises, mai 2019, 248 pages, 18 € . Ecrivain(s): René de Ceccatty Edition: Mercure de France

Mes années japonaises est le 45ème livre (si l’on compte Adulte ? Jamais, et La Persécution, deux anthologies pasoliniennes, avec traductions et préfaces) de l’écrivain français, né à Tunis le 1er janvier 1952, grand connaisseur de la littérature italienne, essayiste, romancier, poète, dramaturge, éditeur (au Seuil), directeur de collection (on pense à « Haute Enfance » chez Gallimard, entre autres ; chez Rivages pour la regrettée Elisabeth Gille), traducteur du japonais.

À le suivre depuis L’Accompagnement (admirable « accompagnement » amical d’un ami atteint du sida à l’hôpital Broussais, Gilles Barbedette, mort en 1992), et pour avoir apprécié Fiction douce, La Sentinelle du rêve, Enfance, dernier chapitre, Pasolini (biographie dans la collection dirigée chez Gallimard par de Cortanze), le premier essai en français consacré à « Elsa Morante », puis-je assurer que les lecteurs fidèles à de Ceccatty ne seront pas déçus par ses « Années » japonaises, essai de biographie au meilleur sens du terme pour un spécialiste de la chose à l’endroit des auteurs qu’il chérit (Pasolini, Moravia, Callas, Morante), clin d’œil par le titre à Annie Ernaux, publié dans la collection bleue du Mercure (là parut, et ce fut l’une de ses dernières grandes critiques du Monde, le très beau livre de Françoise Lefèvre, manière aussi d’essai biographique, Un album de silence, 2008).

La Société ouverte et ses ennemis, Karl Popper (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 27 Mai 2019. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Points

La Société ouverte et ses ennemis, juin 2018, trad. anglais Jacqueline Bernard, Philippe Monod, deux volumes, 342 et 336 pages, 9,50 € chaque volume . Ecrivain(s): Karl Popper Edition: Points

 

Karl Popper eut le privilège à la fois douteux et involontaire de fêter ses seize ans lorsque s’acheva la Première Guerre mondiale et d’être né dans une ville qui, à bien des égards, fut à la fois la matrice de la modernité européenne et le centre géométrique de ses névroses : Vienne. Dans le bouillonnement intellectuel qui caractérisait la capitale de la jeune Autriche, Popper publia ses premiers travaux scientifiques, portant sur l’épistémologie. Il jugea ensuite préférable de s’éloigner du continent européen, se rendant en Grande-Bretagne, puis aussi loin de Vienne qu’il soit possible d’aller sans changer de planète : en Nouvelle-Zélande. Ce fut depuis ce pays lointain, dernière escale avant le Pôle Sud, qu’il assista à l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie et à tout ce qui suivit, même si les informations ne lui parvenaient que lentement. Ce fut également en Nouvelle-Zélande que Popper rédigea La Société ouverte et ses ennemis, qu’il déclara avoir récrit une trentaine de fois. À la fin de 1945, il fut recruté par l’université de Londres où il travailla jusqu’à sa retraite. Il ne retourna dans le monde germanique que pour donner des conférences et Vienne ne recueillit que ses cendres.

Spécial Silvaine Arabo, Collectif (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 27 Mai 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Revues, Encres vives

Spécial Silvaine Arabo, Collectif (Michel Host et all), 489ème Encres Vives, mai 2019, 16 pages, 6,10 € Edition: Encres vives

 

Michel Host et ses confrères prouvent qu’on se tromperait lourdement en limitant l’œuvre poétique et picturale de Silvaine Arabo à la description ou à l’évocation d’évènements ou de lieux qui renverraient simplement à la biographie de la poétesse de Charente. Pourrait-on même en parler au titre de matériau de base ? Ce palimpseste ne remplit-il pas plutôt avec ce qu’il dévoile l’office d’éléments déclencheurs ? Car plus que d’un « esto memor » (je me souviens), il s’agit de la déstructuration de la réalité vue et éprouvée au profit de la re-création par le verbe et par-delà l’absence d’un asile de légendes à la lisière d’un temps passé et afin de fomenter avec lui des « épousailles tendres » là où

« les glaçons charrient

l’eau des étangs. Sous la lune

(d’)une aube attentive »

Salomé, Cédric Demangeot / Woyzeck, Georg Büchner (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 27 Mai 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Crimes

à propos de deux livres aux éditions du Geste

Salomé, Cédric Demangeot, février 2019, ill. Ena Lindenbaur, 128 pages, 15 €

Woyzeck, Georg Büchner, février 2019, trad. Jérôme Thélot, 120 pages, 15 €

 

La jeune maison des éditions du Geste publie en ce début d’année deux textes qui se recoupent à certains égards. D’une part, la pièce de Cédric Demangeot et aussi le texte très célèbre du Woyzeck de Büchner que l’on ne présente plus, ici dans une nouvelle traduction aventureuse. Là un crime mythique, celui de Salomé, et ici un meurtre qui a laissé une trace profonde dans la littérature théâtrale, le meurtre que perpètre Woyzeck.

La Route de nuit, Laird Hunt (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 24 Mai 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Actes Sud

La Route de nuit (The Evening Road, 2017), avril 2019, trad. américain Anne-Laure Tissut, 288 pages, 22 € . Ecrivain(s): Laird Hunt Edition: Actes Sud

 

Une époque se reconnaît-elle à ses spectacles ? Les événements qui rassemblent les foules en révèlent-ils autant sur une société qu’une analyse sociologique ? Chez les Romains, il y avait les combats de gladiateurs. Aujourd’hui des rencontres sportives rassemblent des millions de téléspectateurs à travers le monde. La série Game of Thrones devient une grand’messe internationale abondamment commentée sur les réseaux sociaux. En 1930, une foule nombreuse rejoignait la petite ville de Marvel, dans l’Indiana, pour un spectacle qui promettait beaucoup : le lynchage de trois jeunes noirs. Le roman de Laird Hunt, La Route de nuit, est une fiction, mais est tirée d’événements réels. Ils se sont déroulés le 7 août 1930. Petite ironie de l’histoire, le lynchage a eu lieu dans une ville dont le nom est, aujourd’hui, devenu l’un des emblèmes de la société-spectacle hollywoodiennes et de ses super-héros…