Une île si tranquille, Jean-Pierre Lefebvre (par Jean-François Mézil)
Une île si tranquille, Jean-Pierre Lefebvre, Héloïse d’Ormesson, mai 2019, 237 pages, 18 €
Une île espagnole. Un polar. Milieu des années 80.
À l’occasion de l’enterrement de son beau-père, un gendarme français revient, sans sa femme, dans l’île où il s’est marié. Ne pouvant repartir pour cause de tempête, il se trouve embarqué à aider ses collègues espagnols dans une enquête autour de la mort d’une femme.
Voici pour le cadre.
Une île, on le sait, est un microcosme. Elle vous ouvre sur l’horizon, laissant vos yeux libres d’aller, tandis que vos pas, eux, sont limités… Plus encore si la mer s’en mêle et qu’elle vous retient prisonnier – comme un livre peut le faire quand il plaît.
J’aime beaucoup les îles. Les livres aussi. Hélas, autant vous l’avouer, j’ai souffert avec celui-ci.
Des enchaînements souvent téléphonés, maladroits.
Une écriture appliquée qui manque, à mon sens, de puissance et d’inattendu. Les phrases ont quelque chose de commun et d’ennuyeux. Elles ne haussent jamais le ton. On aimerait qu’elles s’emportent et vous bousculent, qu’elles tempêtent et vous giflent de leurs embruns… Que nenni ! Oh ! elles sont propres sur elles, ça oui ! Mais si mal fagotées qu’elles n’ont aucun charme.
Écriture faiblarde, intrigue fadasse, personnages manquant de chair… J’aurais envie de dire « c’est gentil », comme on disait chez moi, à propos de quelqu’un d’un peu limité, « il est bien brave ».
Vous me direz qu’il en faut pour tous les goûts… Certes, oui ! Mais le goût est justement ce qui fait défaut à ce livre.
Il plaira à certains, j’en suis convaincu… Pas à moi !
Nous avons tant de grands et vrais livres à lire (ou à relire), qu’il est regrettable de perdre du temps avec ceux qui sont sans saveur.
Un jour, un journaliste interroge Paul Léautaud :
– Pourquoi critiquez-vous tous les livres ou presque qui sortent ?
– Parce que ce sont des livres inutiles.
– Qu’est-ce qu’un livre inutile ? demande alors le journaliste.
Et Léautaud de répondre :
– C’est un livre qui aurait pu être écrit par un autre.
Jean-François Mézil
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