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Les Livres

Une position pour dormir, François Heusbourg (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 18 Novembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Une position pour dormir, François Heusbourg, Gallimard, octobre 2024, 106 pages, 16 €

 

Flottement

Le maître mot de ce recueil de François Heusbourg : le flottement. Je dis flottement non pas pour souligner une indécision ou une incertitude mais pour caractériser une écriture issue d’une hésitation presque involontaire, qui se cherche, tremble sur la réalité qu’elle est censée désigner. Donc, un dédoublement mieux qu’une indétermination.

 

à force de vouloir être au monde

on s’en éloigne

notre monde s’éloigne du monde

on cherche des solitudes

Terminus, et autres poèmes intimes, Edith Wharton (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 15 Novembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, USA

Terminus, et autres poèmes intimes, Edith Wharton, Arfuyen, octobre 2024, trad. anglais, Jean Pavans, édition bilingue, 120 pages, 15 €

 

Une grande intelligence, polyglotte, d’une étonnante précocité (certains poèmes, présents dans le recueil, sont d’une auteure de… 13-16 ans, et sont déjà d’une âme adulte), peu heureuse en amour (un très riche, aristocrate et vieux mari, partageant sa cosmopolite bougeotte, mais dépressif ; un amant – adultérin, pour quelques mois, étalon adroit et splendide, mais libertin et bisexuel –, qui ne s’attardera guère sur leur commune jubilation), romancière célèbre mais admirée aussi de ses pairs (Henry James, Paul Bourget, Gide, Cocteau…), femme du monde nord-américaine capable, pendant la Première Guerre, établie en France, d’incessantes et très conséquentes initiatives humanitaires, financières, journalistiques pour soutenir (et relayer dans le reste du monde) l’effort des nations démocratiques, Edith Wharton (1862-1937, mourant la même année qu’Elie Faure et esprit aussi vif, curieux, fin et noble que le sien) était, dans l’intimité, et plus discrètement, poète. Une poésie dont cette parfaite francophone, et loyale francophile, aurait estimé et salué la première traduction que, grâce à Jean Pavans, voici.

Azucre, Une épopée, Bibiana Candia (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Jeudi, 14 Novembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Editions du Typhon

Azucre, Une épopée, Bibiana Candia, éd. Les éditions du Typhon, avril 2024, trad. espagnol, Claude Bleton, Emilie Fernandez, 156 pages, 20 €

 

Sombre humanité

Primo : il y a toujours un petit risque à se lancer dans la lecture d’un livre tombé du ciel car offert par un ami. Sauf si c’en est un ! Comment la lecture, cet acte suprême de liberté, peut-il ainsi révéler la correspondance intime, bizarre, mystérieuse entre deux ?

Deuxio : il s’agit ici d’engager une proposition critique sur cette question de l’intersubjectivité.

Tertio : tel est notre lancement pour une lecture recommandable entre toutes.

Le livre : Azucre

L’éditeur : Les éditions du Typhon

L’auteure : Bibiana Candia

Sur un article du Fremden-Blatt (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 13 Novembre 2024. , dans Les Livres, Essais, La Une Livres

 

La pudeur des biographes et des historiens de la littérature est émouvante. On en a la preuve avec le quasi silence des spécialistes de Rimbaud sur ses possibles aventures « homosexuelles » (qu’on m’autorise l’anachronisme lexical – hasardeux mais indispensable) après son renoncement à la poésie. Une idée trop communément admise, c’est que sa relation avec Verlaine n’aura été pour lui qu’une parenthèse, une expérience, voire une déviation sans adhésion intime participant à l’entreprise du « dérèglement des sens » et qu’il se sera contenté ensuite des plaisirs permis par les bonnes mœurs et les lois de l’époque, ce que démentent sa brève liaison avec Germain Nouveau, avec qui il a partagé un appartement à Londres, 178, Stamford Street, de mars à avril 1874, et les allusions cryptées de nombreux poèmes : Ô saisons ô châteaux ; « Délires I ; Parade ; Aube ; Vagabonds ; Bottom ; par exemple.

Manifestes du surréalisme, André Breton en La Pléiade (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Mercredi, 13 Novembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, La Pléiade Gallimard

Manifestes du surréalisme, André Breton, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, septembre 2024, Préface Philippe Forest, 1184 pages, 65 €

Le surréalisme en son centenaire.

On adore célébrer les anniversaires aujourd’hui. « Commémorer » est l’un des grands mots de notre époque. Et, de nos jours, on commémore vraiment beaucoup. Le surréalisme n’y échappe pas. Un mouvement aussi déroutant que le surréalisme peut-il admettre une commémoration avec force cérémonies et programmations officielles ? On en doute quelque peu. Et comment, un siècle après la publication du « Manifeste du surréalisme », nos contemporains qui connaîtraient peu ou mal ce mouvement peuvent-ils l’accueillir ? Qu’est devenu ce texte aujourd’hui ? Comment rendre compte d’ailleurs d’un texte-phare comme le premier manifeste ? Est-ce possible de dire ici en quelques lignes toute la richesse et la vitalité d’une telle référence ? Tant de commentaires, débats, critiques sont nés depuis la publication de ce texte qu’il est difficile de dire toute l’aura de ce texte ou d’en faire comme une sorte d’inventaire, ce à quoi on ne se risquera pas, ou à peine. On n’apportera donc que de minces nuances, quelques remarques et observations.