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Les Livres

Le chien, le lapin et la moto, Kate Hoefler, Sarah Jacoby (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 12 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse

Le chien, le lapin et la moto, Kate Hoefler, Sarah Jacoby, éditions des Éléphants, février 2021, trad. Ilona Meyer, 48 pages, 14 €

Road movie

C’est à quatre mains que cet album-jeunesse inédit a été conçu. Kate Hoefler, diplômée d’un Master de poésie à l’Université du Michigan et qui vit dans l’Ohio, et Sarah Jacoby, autrice et illustratrice, qui collabore au New York Times et vit à Philadelphie, ont confectionné ce précieux livre cartonné, au format de 28 x 23 cm, qui porte un titre intrigant : Le chien, le lapin et la moto. Sur la couverture, l’on y voit un chien fou et son passager lapin agrippé à son dos tracer la route à travers champs. Un grand arc-en-ciel bleu, jaune orange, mauve et rose s’élève de derrière le véhicule à deux roues, comme si la moto était magique, pot d’échappement-pinceau dévidant de la couleur.

En ouvrant le bloc des pages de garde, l’on pénètre dans un champ de blé mûr, à perte de vue, comme si l’on dormait à même le sol, champ qui deviendra printanier, vert tendre. C’est donc dans la vie de Lapin que nous entrons. Ici, le léporide est libre, possède de longues oreilles sensibles et une ouïe fine. Il est sans doute américain, du genre Sylvigalus. Lapin est anthropomorphisé, comme celui de John Tenniel des Aventures d’Alice, dont il est plus proche en comparaison de Bugs Bunny ou de Roger Rabbit

Lettres à Philippe Sollers (1981-2008), Dominique Rolin (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 11 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Correspondance

Lettres à Philippe Sollers (1981-2008), décembre 2020, 425 pages, 24 € (*) . Ecrivain(s): Dominique Rolin Edition: Gallimard

« Le lys d’or est, à la lettre, un livre “foudroyant”. Mille courants électriques s’allument sur ma peau, dans ma tête et mon cœur à mesure que j’avance dans cet éblouissant récit » (Mardi 16 juillet 1991, 17h30).

« … tu m’a appris la patiente de l’écriture, ses refus troublants, ses élans de voltigeuse entre deux trapèzes… T’aimer est mon instrument, ma passion, ma joie. Dors bien, Hombre, tu es un vrai dieu » (Mercredi 10 juillet 2002, 20 heures).

« Le temps file entre les doigts, et je m’accroche à toi pour tenir le coup dans mon travail. Ce que je te dois, minute par minute, est incalculable. C’est le Temps » (Philippe Sollers) (1).

Ce sont désormais quatre volumes de correspondances entre les deux écrivains amoureux, entre deux passions fixes (2), qui s’offrent à nous. La passion littéraire française s’accorde merveilleusement bien à la correspondance, comme elle s’accorde au Journal Amoureux de Dominique Rolin (3) – Cet échange permanent de lettres, souvent quotidiennes, entre Dominique Rolin et Philippe Sollers, aura duré cinquante ans, de 1958 à 2008, l’année où Dominique Rolin s’absente peu à peu dans la maladie – …je ne suis plus qu’un maigre rameau désordonné.

Nevermore, Cécile Wajsbrot (par Laurent Fassin)

Ecrit par Laurent Fassin , le Jeudi, 11 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Nevermore, Cécile Wajsbrot, éditions Le Bruit du temps, février 2021, 260 pages, 19 €

 

Force et gravité sont les maîtres-mots pour qui découvre l’univers de Cécile Wajsbrot. La littérature est à ses yeux une manière unique d’appréhender la vie, de l’accepter dans toutes ses dimensions, d’en évoquer les douleurs, les vides, d’en pointer les non-dits, d’explorer aussi bien l’intime que l’Histoire, au moyen d’une écriture riche en sonorités, aux amples digressions, au rythme lancinant.

Aucune page de ses romans, de ses récits, de ses nouvelles, qui ne reflète la cohérence de cet univers, qui ne soit également le lieu où se nouent et se dénouent inlassablement, au gré de la mémoire, les liens qui font sens, ôtant cette part de non-sens qui loge en chacun de nous et à travers le monde.

Nevermore, son plus récent roman, marque une étape importante de cette quête indispensable. Rarement l’auteur de Mémorial, du Tour du lac et de Beaune-la-Rolande se sera-t-elle à ce point exposée pour exprimer au plus juste ce qui justifie, à la faveur de chacun de ses livres, les hésitations, le doute et l’approfondissement.

Le Peintre et le Gouverneur, Jean-François Laguionie (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 11 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions Maurice Nadeau

Le Peintre et le Gouverneur, Jean-François Laguionie, mars 2021, 118 pages, 17 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

C’est un roman tout en couleurs.

Dans une région sans nom soumise à un régime totalitaire, Zoltan, un jeune peintre, est chassé de l’Académie des Beaux-Arts au motif que sa peinture est soudain considérée comme dangereusement subversive : elle ne correspond pas aux règles de l’art fixées par les idéologues au pouvoir, elle est vivante, elle tend à exprimer la réalité, la vraie réalité, celle que voient ses yeux, ce qui est intolérable dans un état où la seule réalité qui vaille, qui puisse être visible, vue et reproduite, est celle, artificielle, normée, dont la perception est imposée par les autorités.

Ce que vous faites n’est pas acceptable… Et représente même… comment dirais-je ?… un danger ! – Un danger ?… – Entre nous, mon ami… que désirez-vous montrer en peignant cette toile ?… On dirait que vous voulez peindre la vie !… Je ne comprenais pas. Je ne voulais rien montrer du tout. Bien sûr que la peinture doit peindre la vie. Que peut-elle peindre d’autre ?

Opération Condor, Un homme face à la terreur en Amérique latine, Pablo Daniel Magee (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Jeudi, 11 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire

Opération Condor, Un homme face à la terreur en Amérique latine, Pablo Daniel Magee, Éditions Saint-Simon, octobre 2020, 377 pages, 22 €

Enfant, Martin, entouré de sa grand-mère Sarah et de sa mère Lidia, habite un petit village dans la région du Chaco paraguayen. La famille est pauvre. Malade, il sera guéri par le chaman de la tribu indigène chamacoco qui dira à son endroit : « garçon doit vivre, garçon très important ». Plus tard, il fait la connaissance d’Ogwa, un petit Indien guarani avec qui il joue. Il passe des heures insouciantes près de la rivière avec son camarade et un harpon pour pêcher le poisson. En 1947, avec sa famille, il rejoint par le bateau la ville de Notre-Dame-Sainte-Marie-d’Asunción, pour s’installer à San Lorenzo. Comme ils sont pauvres, Martin après avoir bu une guampa (récipient) de maté tôt le matin va vendre des empanadas de mandioca (sorte de beignet salé) avant de rejoindre l’école España où il fait l’apprentissage de l’espagnol, le castellano. C’est un bon élève. Diplômé d’agronomie, il fait la rencontre en 1954 de sa future femme, Celestina. En 1963, ils décident avec son épouse de créer une école qu’ils baptiseront Juan Bautista Alberdi en souvenir d’un éducateur argentin, et utilisent une méthode pédagogique inspirée du Brésilien Paulo Freire s’adressant aux plus défavorisés. Martin s’engage dans le syndicalisme. Parallèlement, il poursuit ses études de droit et devient avocat en 1968.