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Les Livres

Les jumelles, May Angeli (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 08 Juin 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse

Les jumelles, May Angeli, Les Éditions des Éléphants, avril 2021, 26 pages, 14 €

 

L’une frisée, l’autre bouclée

May Angeli, née en 1935 à Clichy, de mère française et de père tchèque, a suivi une formation à l’Ecole des métiers d’arts à Paris, ainsi qu’à l’Académie d’arts graphiques d’Urbino en Italie où elle découvre la gravure sur bois. Illustratrice confirmée, elle anime régulièrement des ateliers à destination des enfants. Elle a entièrement conçu ce tendre album destiné aux enfants dès l’âge de 3 ans. Livre très maniable, aux dimensions harmonieuses de 21cm par 24cm, sa couverture cartonnée est ornée d’un paysage montagneux, escarpé, sur fond maritime. Deux jumelles, deux biquettes à tête noire, Bouclette et Frisette, s’y observent mutuellement, sous un vol de mouettes de mêmes couleurs, noires et blanches. Les doubles-pages les représentent endormies près de leur mère, une brebis accorte, sur un fond bleu-gris de crépuscule – la paisibilité d’une maternité. La nourriture – le lait la bonne herbe – est assurée par maman brebis.

Poésies, Marceline Desbordes-Valmore et Le Sommet de la route et l’Ombre de la croix, Six poètes chrétiens du XXe siècle (par Didier Smal)

, le Lundi, 07 Juin 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Gallimard

Poésies, Marceline Desbordes-Valmore, Folio Lycée, avril 2021 (dossier de Virginie Belzgaou), 240 pages, 5 € Le Sommet de la route et l’Ombre de la croix, Six poètes chrétiens du XXe siècle, Gallimard/Poésie, avril 2021, Édition de Jean-Pierre Lemaire Edition: Gallimard

 

Divine poésie

Le hasard des publications offre parfois de belles rencontres, de celles que permet parfois le classement alphabétique d’une bibliothèque (Melville et Mérimée, ou Neil Gaiman et Romain Gary, ça génère un sens autre) ou des lectures disparates ; c’est ici le cas, puisque Marceline Desbordes-Valmore, pour des raisons pédagogiques étant donné la collection dans laquelle est publié le présent volume intitulé Poésies, salue Charles Péguy, Paul Claudel, Francis Jammes, Marie Noël, Patrice de La Tour du Pin et Jean Grosjean, répond à travers les décennies à leurs visions de la chrétienté, de la foi, dialogue avec eux dans l’esprit du lecteur qui vient chercher ici si pas la vérité, du moins de quoi nourrir sa propre vérité – puisque aucun de ces auteurs n’est dogmatique.

L’homme de la plaine du Nord, Sonja Delzongle (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 07 Juin 2021. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

L’homme de la plaine du Nord, Sonja Delzongle, mars 2021, 448 pages, 8,60 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Ernest Gare a cinquante-deux ans. C’est le fils de Victor Gare, trouvé nourrisson dans une gare. C’est un gars qu’a mal tourné, sa profession : tueur à gages. À trente ans, il s’est retrouvé au placard où il a tiré quinze ans, puis a soigné sa mère paraplégique. Enfin, il a dû faire face à la maladie, le cancer qui le rongeait et qui l’a rendu chauve. Mais la calvitie pour son deuxième métier c’est plus pratique, la nuit sous les feux d’une boîte spécialisée, il présente, travesti, sa perruque blonde bien en place, son numéro de transformiste. Ernest Gare, c’est aussi Frida, une troublante créature dont le roulé de hanches semble avoir séduit le commissaire Peeters. Ernest a un petit ami, son rat albinos Berlioz.

Hanah Baxter, l’héroïne récurrente de Delzongle, n’a pas perdu son instinct maternel, elle envisage une GPA avec son amie Karen lorsqu’elle est arrêtée par le FBI. On lui reproche d’avoir mis fin aux jours de son mentor et ex-associé le profileur Anton Vifkin, il y a vingt ans de cela. En fait, elle est envoyée de son quartier de Brooklyn sur le vieux continent pour enquêter sur la mort de ce dernier.

Refaire le monde, Claude Minière (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 07 Juin 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie, Gallimard

Refaire le monde, Claude Minière, Gallimard, mars 2021, 64 pages, 11 €

Poésie plurivoque

Ce petit recueil de poèmes de Claude Minière s’est présenté à moi de manière presque échevelée, hésitante, ironique et ambiguë. Cette poésie joue sur différents genres – au sens musical peut-être. Elle va du mythe à la poésie engagée (pour la défense du climat par exemple), d’un travail très fin vers le registre ironique ; en bref, de l’aria au récitatif, de l’andante au scherzo, de l’ostinato au moderato cantabile. Travail de compositeur tout autant que de tailleur, lequel coud à partir de patron – ici compris comme ton général de chaque poème, qui confectionne des chasubles spirituelles ou des chlamydes venues de la poésie grecque.

La déesse me fait un appel du pied nu

de son pied elle me fait toucher chaque lettre

elle fait d’elle une avance

et je suis son Hermès porteur d’airelles

c’est aussitôt l’herbe verte et les dalles de marbre

les courses folles

Gazelle, je t’enverrai, Amir Gilboa (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 04 Juin 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Israël, Editions Lanskine

Gazelle, je t’enverrai, Amir Gilboa, LansKine éditions, mars 2021, trad. hébreu, Emmanuel Moses, 72 pages, 14 € Edition: Editions Lanskine

 

Venu d’Ukraine en Palestine en 1937, Gilboa a fait paraître en 1972 ce recueil, à la fois intime, engagé, onirique. Les poèmes y sont les expressions fortes et tendues de ce qui a tissé sa vie, fortes aussi des « chemins » qu’il a dû prendre pour la rendre égale, supportable.

En effet, nombre de chemins traversent en tous sens ce livre apaisé, où un cœur aimant, où un cœur se souvenant, trame l’épaisseur de sa vie. Il est toujours en quête, cet homme, il voit son cœur comme une « gazelle » blessée ; il chemine pour se retrouver ou se trouver. Sans doute le rêve est-il à même de l’approcher de sa vérité, encore qu’il faille trouver la frontière, ne plus entendre « aboyer sa vie », ne pas devoir quitter une ville qui est la sienne.

Peut-on entendre ici la quête du migrant qu’il fut à vingt ans ? Peut-être que, rêve mis à part, ce voyage premier lui est resté comme un périple intérieur.