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Les Livres

La Haine de la culture, Pourquoi les démocraties ont besoin de citoyens cultivés, Konrad Paul Liessmann (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 29 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

La Haine de la culture, Pourquoi les démocraties ont besoin de citoyens cultivés, Konrad Paul Liessmann, éd. Armand-Colin, septembre 2020, trad. allemand, Suzanne Kruse, Hervé Soulaire, 222 pages, 20,90 €

 

 

Dans l’original allemand (publié à Vienne en 2017 et traduit avec une célérité exemplaire), le recueil de Konrad Paul Liessmann s’intitule Bildung als Provokation. Si le second substantif (un vocable français habillé à l’allemande) ne présente pas de difficultés de traduction, il n’en va pas de même pour le mot Bildung, qui recouvre plusieurs concepts : l’éducation dans ce qu’elle peut avoir de plus général ou la formation dans ce qu’elle a de plus utilitaire, mais également la culture ou l’expérience des hommes et des choses acquise au long des années (comme dans le « roman d’apprentissage », Bildungsroman, dont les modèles viennent du monde germanique). On comprend que ce mot aux acceptions fort étendues regroupe tout ce qui est de l’ordre de l’acquis culturel, par opposition à l’inné génétique.

L’Odeur d’un père, Catherine Weinzaepflen (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 29 Mars 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

L’Odeur d’un père, Catherine Weinzaepflen, éditions des Femmes, janvier 2021, 144 pages, 12 €

 

Fragments du père

C’est un peu par hasard que j’ai rencontré ce livre, qui au départ ne m’était pas adressé. Mais deux choses cependant m’ont incité à le lire : d’abord parce que Catherine Weinzaepflen a une production de poète, et ensuite parce que ce récit autour du père côtoyait le mien, mon père ayant disparu l’été dernier. Ici, bien sûr, la question d’être fille importe beaucoup. Comment se construire à partir d’un féminin ? Et dès lors, par fragments, rétablir une histoire, l’histoire de cet être fille-là. Ainsi attendu que reconstruire des paysages, des pays, des lieux soutenus par des odeurs, des émanations, des goûts, devienne le fil du récit – autobiographique ? C’est ce récit qui, de paragraphe en paragraphe, et dont chaque en-tête déclare l’âge de la protagoniste, interroge non seulement le père, mais la construction symbolique de soi, qu’il faut poursuivre.

Retour au royaume, Françoise Lefevre (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 26 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Jacques Flament Editions

Retour au royaume, Françoise Lefevre, février 2021, 160 pages, 15 € Edition: Jacques Flament Editions

 

Le dernier livre de Françoise Lefèvre en hommage à Pauvert et à l’écriture. Celui qui a enjoint Françoise à écrire, en 1972, celui qui la publia à cinq reprises, est au centre du livre, lui qui, quelque temps avant son grand départ, prit connaissance de sept des feuillets qui constituent Retour au royaume. « L’enchantement, c’est peut-être ce qui reste quand on a tout perdu… » (p.58).

« La joie retrouvée… Mais aussi le droit de dériver en toute conscience dans les méandres d’une rivière sans nom, maîtrisant ma barque pour l’amener là, où je veux, et non pas là, où ils voudraient » (pp.119-120). De Pauvert à Jacques Flament, de 1974 (année de parution du premier livre, La Première habitude) à 2021 (année de parution de Retour au royaume), Françoise aura livré dix-sept autres livres. Les lecteurs retiendront peut-être davantage Le Petit prince cannibale, en 1990, ou encore Un Album de silence, en 2008.

La Messe allemande, François Eulry (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 26 Mars 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi

La Messe allemande, François Eulry, mars 2021, 268 pages, 19 € Edition: Le Cherche-Midi

 

Voilà un roman bien curieux, atypique, et complètement hors des clous d’un monde, le nôtre, peu habité par des préoccupations d’ordre spirituel ou théologique. Nous sommes en 1940, dans un camp de prisonniers, un Offizier-Lager selon la terminologie allemande, un camp réservé aux officiers et sous-officiers. Joseph, un officier français, se trouve amené à dire la messe à ses compatriotes qui ne sont pas tous, tant s’en faut, des croyants convaincus. Joseph a pris la décision de remplacer Paul, un curé breton incapable d’exercer son sacerdoce en raison d’une grave maladie. Ses compagnons de captivité comprennent également Henri, un instituteur, et Abel, militaire de carrière.

Sans nous dévoiler d’emblée les véritables raisons qui ont conduit joseph à accepter cette tâche, à laquelle il n’est nullement préparé, mentalement et intellectuellement, François Eulry nous décrit un homme marqué par la peur de ne pas être à la hauteur, par le doute, par des interrogations lancinantes sur l’efficacité du secours qu’il est censé apporter à ses compagnons de captivité. Joseph trouve les voies et moyens pour porter ce message du christianisme ; il s’adapte à ce décor cruel et dramatique de la détention :

C’est beau le rouge, Lucia Zamolo (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 26 Mars 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Jeunesse, La Martinière Jeunesse

C’est beau le rouge, Lucia Zamolo, février 2021, trad. Rita Lamontagne, 96 pages, 12,90 €

 

Flux cataménial

Ce livre élaboré pour décomplexer un grand nombre de personnes, à propos d’un événement simple, naturel mais culturellement tabou, disserte sur l’arrivée des règles. Cette apparition mensuelle accompagne la puberté, est inhérente à toutes les adolescentes (à moins d’être aménorrhée), et néanmoins fort peu mentionnée, ou alors sous forme de boutade ou de grossièreté : « les anglais ont débarqué », « j’ai mes ragnagna », « je suis indisposée », ou encore « les chutes du Niagara », etc. L’arrivée des menstrues est parfois qualifiée par les scientifiques de pathologie, voire de traumatisme ! Cette définition des premières règles parfois douloureuses ne calme pas vraiment la montée d’angoisse ou l’embarras que cause ce phénomène. L’écoulement du sang vaginal se trouve l’objet de répulsions diverses, de honte.