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Les Livres

Chasseur de Ciel, Marion Fontana (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 16 Avril 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Roman

Chasseur de Ciel, La Chambre d’échos, juin 2020, 110 pages, 14 € . Ecrivain(s): Marion Fontana

 

Voilà pour la jeune auteure l’aventure d’un deuxième livre. Bref ouvrage, qui tient moins du genre romanesque que d’une réflexion onirique voire ésotérique sur l’existence confrontée aux espaces, ciel, terre, nuage. Les personnages ont peu de consistance voire de chair. Il y a bien Martha, sans description physique qui, passionnée de moto, tient à l’adresse des motards un bar de montagne, bien situé devant la chaîne des monts. Il y a deux personnages assez étranges : le chasseur de ciel, qui enfile sa moto en quête de ciel, d’errance, de découverte. Il y a la figure connue mais ici transversale et n’apparaissant qu’aux deux tiers du livre, du Roi Pêcheur, comme en retrait, hospitalisé, puis en convalescence, vieil homme fatigué.

Si certains livres gardent des qualités certaines surtout en fonction de l’intrigue, nous dirons qu’ici tout l’intérêt tient à l’écriture, maîtrisée, à la réflexion, élaborée, plus qu’à l’enchaînement d’événements. En effet, on est comme dans un temps distendu où apparaît sur la route ferme le chasseur. Nulle époque précise, nulle année, nulle précision.

Petits meurtres en campagne, T.E. Kinsey (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Vendredi, 16 Avril 2021. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Iles britanniques

Petits meurtres en campagne, T.E. Kinsey, Éditions City, janvier 2021, trad. Karine Forestier, 333 pages, 17,90 €

 

Ce roman policier est ce que l’on appelle en anglais un cozy mystery (mystère intime), également appelé « cosy ». Il s’agit d’un sous-genre de la fiction policière dans laquelle le sexe et la violence se produisent hors scène, le détective est un détective amateur, et le crime et la détection ont lieu dans une petite communauté socialement intime.

Lady Emily Hardcastle, notre future détective, a décidé de fuir Londres pour s’installer à la campagne. Elle arrive à la petite gare de Chipping Bevington en compagnie de son inséparable femme de chambre, Florence Amstrong. Elles vont rejoindre en carriole Littleton Cotterell dans le Gloucestershire où se trouve leur demeure. À peine arrivées, le boucher, le boulanger, le docteur Fitzsimmons, le sergent Dobson, le policier du village, et le révérend James Bland viennent se présenter. Puis un coursier amène un pli pour inviter lady Hardcastle à se joindre à un repas organisé par sir Hector et lady Farley-Stroud, propriétaires terriens, en vue des fiançailles de leur fille avec l’un des fils d’une famille de commerçants de la région, les Seddon.

Le philosophe sans maître, Ibn Tufayl (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 15 Avril 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Rivages poche

Le philosophe sans maître, Ibn Tufayl, Traduit de l’arabe par Etienne-Marc Quatremer, février 2021, 215 pages, 9,10 €

 

Le philosophe autodidacte

Le philosophe sans maître ou Le Philosophe autodidacte est un « chef-d’œuvre de la philosophie arabo-andalouse » (Brenet), écrit par Abu Jaafar Ebn Tophail ou Ibn Tufayl (en arabe : ابن طفيل), né en 1110 à Wadi-Asch, aujourd’hui Guadix, et mort en 1185 à Marrakech, présenté ici dans la traduction d’Étienne Marc Quatremère (1782-1857). L’ouvrage commence par une allégeance à l’Islam, et d’emblée place le texte sous l’égide de la révélation et de la mystique.

Dans Le philosophe sans maître, l’exemple de l’homme aveugle, qui apprend par la seule force de son intelligence le nom et la qualité de ce qui l’entoure, est une théorie aristotélicienne de la reconnaissance des espèces et de leur classification. Une fois guéri, l’aveugle « trouvera toutes choses exactement conformes aux idées qu’il s’en était formées » (Tufayl). Bien entendu, cette faculté de connaissance ne s’obtient que grâce à « la contemplation », et ne parvient qu’avec « l’union », traduit en arabe par « la familiarité avec Dieu », la « sainteté parfaite ».

The Rolling Stones Rock and Roll Circus, Édouard Graham (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 15 Avril 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Arts, Le Mot et le Reste

The Rolling Stones Rock and Roll Circus, Édouard Graham, janvier 2021, 173 pages, 17 € Edition: Le Mot et le Reste

 

Il y a tout d’abord la photo de couverture, qui tient toute la couverture dont une partie de la quatrième. Ce sont les Stones, déguisés dirait-on, entourés de John Lennon, Yoko Ono, Eric Clapton, Marianne Faithfull… Cette photo date de décembre 1968 et montre une partie de celles et ceux qui participeront à ce drôle de cirque, qui va mêler musique rock et cirque sur une idée de Mick Jagger.

L’auteur consacre donc son livre à cet épisode de l’histoire du rock qui aboutira à deux jours de répétition et de scènes filmés, dans le but d’en proposer à la télévision le résultat filmé, pour promouvoir la sortie de l’album Beggars Banquet. L’idée est de réunir ce qu’il y a alors de plus traditionnel en matière de spectacle, le cirque, et de plus novateur, le rock.

Plusieurs pages sont consacrées au contexte qui précède ces deux jours de tournage en studio où l’on dressera un chapiteau. En Angleterre, les émissions de télé sont nombreuses qui sont consacrées aux musiciens de rock, et qui rencontrent un fervent public, les « sixties » étant cette période très féconde qui verra éclore des groupes aussi importants que les Beatles, les Stones, les Who, les Yardbirds, pour ne citer que les plus importants.

Une forme sur la ville, William Goyen (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 14 Avril 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Nouvelles, Rivages

Une forme sur la ville, trad. américain Patrice Repusseau, 107 pages . Ecrivain(s): William Goyen Edition: Rivages

 

William Goyen est un écrivain fascinant, un maître de la suggestion et du murmure. Sa Maison d’haleine nous avait déjà hanté durablement. Ces trois nouvelles, regroupées intelligemment sous le titre Une forme sur la ville, sont de ces récits qui nous happent, nous broient, nous écrasent au sol. L’univers de Goyen est obsédé par le Mal, celui qui ronge les corps et les esprits des hommes. La première nouvelle, L’infirmier, en est pétrie jusqu’au cœur puisqu’elle se déroule dans un hôpital accueillant les soldats brisés de Dunkerque, les rescapés estropiés, mutilés, désespérés. La grande salle où retentissent sans cesse les gémissements, les plaintes, les hurlements de douleur, font irrésistiblement penser à une strophe des Phares de Baudelaire :

 

Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures,

Et d’un grand crucifix décoré seulement,

Où la prière en pleurs s’exhale des ordures,

Et d’un rayon d’hiver traversé brusquement ;