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Les Livres

Quand les élèves nous élèvent, De nouvelles voix éducatives, Frédéric Miquel (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 19 Août 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, L'Harmattan

Quand les élèves nous élèvent, De nouvelles voix éducatives, Fréderic Miquel, 200 pages, 20,50 € Edition: L'Harmattan

 

Bien sûr, parfois « les élèves enfoncent ». « Disciples indisciplinés, enfants-rois, empereurs-mineurs, beaucoup n’ont qu’une idée : se frotter à leurs maîtres pour s’éprouver et faire de leur dépouille courbée un piédestal à la gloire de leur immaturité » (p.155). Et « avoir un Bac+5 pour trembler devant un Bac-5 » n’est ni naturel ni souhaitable !

Bien sûr, aussi, seuls les adultes peuvent éduquer ou former les non-adultes, car la raison ne peut naître que d’elle-même (et non de la violence, de la folie et de l’ignorance, qu’elle seule peut cerner et dépasser, comme disait Eric Weil) : l’humanité ne peut compter que sur elle-même pour se renouveler, l’humanité à former dépendant toujours de l’humanité formée. Le développement doit mener à l’autonomie sans pouvoir en partir. « Le portrait de la jeunesse comme une période de soumission n’a donc rien de substantiellement péjoratif dans la mesure où l’inégalité de statut provient de faits et de situations objectivement reconnaissables qui échappent à l’arbitraire d’une volonté de puissance usurpatrice. Bienheureuse éducation ! » (p.127).

Firmaman, Jean-Paul Gavard-Perret (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 19 Août 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Firmaman, Jean-Paul Gavard-Perret, éditions Sans escale, mai 2021, 30 pages, 13 €

Sexe

J’espère avoir fait une lecture juste de ce petit livre où pèsent, se mesurent, se développent la chair amoureuse et les organes sexuels. Du reste, les textes calquent davantage l’action que le jouir, pour mettre en exergue la corporalité naturelle des étreintes sexuelles. Il y a donc quelque chose de Molinier, pour les cuisses gainées, les dessous chics, ou de Bellmer pour le bizarre parfois des positions et des points de vue. Et puis, on connaît aussi Paul-Armand Gette qui travaille depuis longtemps, légèrement amusé, sur les culottes des femmes, posées sur des sapins de Noël par exemple. Nous sommes donc en terrain connu.

Ce qui est neuf toutefois, c’est le traitement du sujet. On entrevoit Sade, mais pas le sadisme, plutôt le sadien, avec me concernant, la peur ressentie à la vision du Salo de Pasolini. Ainsi, Firmaman n’est pas tout à fait un poème, mais davantage une performance linguistique, des récits courts, un texte récitatif plutôt que contemplatif. Pour tout dire, l’auteur est en action. Il me semble aussi que l’on pourrait utiliser le terme homérique dans les deux sens du terme. Quant à moi, j’ai pensé à l’Iliade, avec ses différentes morts toujours nouvelles dans leur facture. Les scènes érotiques de J.-P. Gavard-Perret sont variées, et on voit presque la réalité des corps à corps amoureux. Donc pas de lyrisme mais de l’épique.

Les Centaures, André Lichtenberger (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mercredi, 18 Août 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Les Centaures, André Lichtenberger, Editions Callidor, 2017, Ill. Victor Prouvé, 288 pages, 20 €

 

Avec Les Centaures d’André Lichtenberger, les éditions Callidor remettent en avant un roman qui avait été oublié, dont la dernière réédition remontait à 1924, et dès lors considéré, selon l’éditeur lui-même, comme « le premier roman de fantasy français ».

Initialement publié en 1904, Les Centaures met en scène trois races dominantes sur une terre dont l’époque semble très lointaine, sinon indéterminée. Ces trois races sont les tritons, les faunes et les centaures, ces derniers étant en vérité, par leur force physique exceptionnelle, les véritables dominateurs, ceux dont les paroles de paix ne doivent jamais être bafouées, au risque d’un châtiment suprême. En effet, si l’ensemble des bêtes vouent une gratitude sans pareille aux maîtres centaures, les attaques meurtrières ne sont pas tolérées. Les mangeurs de chair ne peuvent bénéficier de nourriture qu’en se penchant sur des cadavres, quand la nature a fait son devoir. Si un animal agit contrairement à cette loi, il n’existe aucun compromis : il mourra rapidement sous les coups furibonds, violents et indomptables des centaures, qui useront de massues, de leurs sabots et de leurs muscles.

Trahison, Lilja Sigurdardóttir (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 18 Août 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Points

Trahison, Lilja Sigurdardóttir, juin 2020, trad. islandais, Jean-Christophe Salaün, 330 pages, 22 € Edition: Points

 

Ce roman n’est pas à proprement parler un polar, c’est plutôt un thriller politique.

Úrsúla Aradóttir, une jeune femme pleine d’énergie, habituée à travailler pour des missions humanitaires dans des ONG internationales, notamment en Afrique, se voit proposer, à peine rentrée dans son pays, l’Islande, le poste de ministre de l’intérieur. Pensant pouvoir apporter à sa terre natale un peu de son expérience recueillie dans des contrées en voie de développement, elle accepte. Du jour au lendemain elle va se voir projetée sur le devant de la scène dans le milieu politique dont elle ignore tout des pratiques. Úrsúla tient à rester, malgré l’importance de ses fonctions, une femme simple, comme les autres elle veut s’occuper de son mari, de ses enfants, conduire sa voiture. Mais elle s’aperçoit bientôt, alors qu’un SDF un peu violent a trouvé refuge dans son véhicule, que cela ne peut être le cas, elle devra prendre une voiture avec chauffeur et garde du corps. Cette agression si bégnine soit-elle, en apparence, lui ouvre les yeux sur le regard de certains de ses collègues plutôt moqueurs et machistes.

L’Europe archéologique, Jean-Paul Demoule (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 17 Août 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Folio (Gallimard), Histoire

L’Europe archéologique, Jean-Paul Demoule, mai 2021, 400 pages, 8,60 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Nous sommes à la fin du mois de juin 2021. Comme chaque jour, la lettre d’information du site Sciences et Avenir permet d’assouvir ce péché mignon qu’est la curiosité insatiable et tous azimuts, surtout du côté de l’archéologie en tant qu’elle parle de l’Homme et son histoire. Le lecteur apprend, dans le désordre, en suivant des titres intéressants à ses yeux, qu’une grotte dans les montagnes de l’Altaï aurait abrité des Hommes de Denisova et des Néandertaliens de façon simultanée ; qu’à Copenhague viennent d’être réunis les squelettes de deux guerriers vikings appartenant à la même famille, l’un mort en Angleterre, l’autre au Danemark ; que certaines victimes de la peste durant le Moyen Âge ont été enterrées dans des cimetières ordinaires. La première information résulte de l’extraction d’ADN de sept cents échantillons de sédiments récoltés dans la grotte de Denisova ; la seconde information résulte d’une cartographie de l’ADN des squelettes de l’époque viking (entre le VIIIe et le XIe siècle) ; la troisième information résulte de l’analyse des dents de personnes décédées au XIVe siècle en Angleterre, dans lesquelles ont été retrouvées des traces de Yersinia pestis.