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Les Livres

Céleste et Marcel, un amour de Proust, Jocelyne Sauvard (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 21 Mai 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Les éditions du Rocher

Céleste et Marcel, un amour de Proust, Jocelyne Sauvard, avril 2021, 336 pages, 19,90 € Edition: Les éditions du Rocher

 

Ce trente-deuxième livre de J. Sauvard est un roman, bien sûr, mais qui se nourrit de La Recherche, des carnets de Céleste Albaret, et d’une grande connaissance des années 1918-1922, les dernières que Proust a vécues, dans les deux dernières de ses résidences : 102, boulevard Haussmann, et 44, rue Hamelin.

Céleste Albaret fut pour Proust, durant dix ans, une confidente, une gouvernante, une cuisinière, une correctrice, une amie. C’est elle, bien sûr, qui laissait entrer ou refusait toute personne désireuse de rencontrer le grand écrivain, reclus dans sa chambre d’écriture.

La romancière et essayiste Jocelyne Sauvard trame un texte romancé qui est tissé de plusieurs couches : il y a le récit des dernières années, riches en événements, en médications ; il y a les pages des carnets que Céleste tenait comme un journal, et il y a aussi, entrelardée dans le fil du texte, l’intervention d’une jeune fille amoureuse de Proust et de sa Recherche.

Seule, aux confins, Choix de poèmes, Pascale Goëta (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 21 Mai 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Seule, aux confins, Choix de poèmes, Pascale Goëta, Editions du Levant, janvier 2021, 96 pages, 16 €

 

Chanter en temps d’emmurement, est-ce bien raisonnable ?

« Si tu parles aux murs, fais attention, je te préviens fais attention. Les murs sont comme ces plantes bizarres qui semblent fermées et quiètes. Mais ce n’est pas vrai. Un moment, ou l’autre, elles s’ouvrent subrepticement – c’est toujours au contact d’une proie ingénue – et elles se referment vous ayant happé irrémédiablement, et assimilé. Et vous êtes encore là à les regarder comme si rien ne s’était passé… » (jour 50, Guy Levis Mano).

Ce « Journal de Confinement » (du 17 mars au 11 mai 2020), qui est plutôt comme le dit son sous-titre « Journal poétique en temps de confinement », a une triple originalité : d’abord son auteur (Pascale Goëta) l’a fait écrire, exclusivement, par d’autres – des poètes qu’elle connaît et qu’elle aime, dont elle choisit chaque jour quelque chose ; ensuite elle poste chaque soir sur YouTube sa lecture directe du poème ; enfin elle ajoute une image, un discret accompagnement musical, et ne montre d’elle que sa voix.

Cavalier noir, Philippe Bordas (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 20 Mai 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Cavalier noir, Philippe Bordas, février 2021, 333 pages, 21 €

 

« Nous vivons parmi vociférateurs et voyous, risquant fiels et venins, braises et brandons. De ces vocables hirsutes et dépeignés, remontés des tréfonds, je suis le résultat. De cette langue primitive lacustre, hérissée de harpons, j’ai conservé l’indice. Nos paroles sortaient d’arbalète comme traits de foudre, enduits d’une bave de serpent. Ces flammes dans l’air ».

« Moins vêtue que drapée, habillée par le vent, poursuivie de tissu, filamentée de cheveux et de cet enroulé de soies blanches, ces plis et replis de coton translucide embrasant ses épaules, luminant ses jambes ».

Cavalier noir est un roman d’Amour Fou. Une déclaration d’amour fou et de bonheur incendiaire portée à la langue française et à Mylena, déesse des temps modernes. Le narrateur aventurier du Micro-Robert, et armé de son vélo aux dents affutées, quitte sa ville – Mon cœur s’est descellé du cœur de Paris –, armé de sa langue, de son vélo et d’un savoureux savoir.

Le Serment de l’espoir, Que la vie souffle encore demain, Parme Ceriset (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 20 Mai 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Harmattan

Le Serment de l’espoir, Que la vie souffle encore demain, février 2021, 248 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Parme Ceriset Edition: L'Harmattan

 

Il y a, dans ce roman, une sorte de nostalgie du bonheur d’être et à se représenter l’épreuve une fois celle-ci passée et maîtrisée. Beaucoup de douceur ; de gestes d’amour de proches, de parents et d’un personnel soignant remarquable.

L’écriture est mûre, belle et poétique, ce qui n’étonnera personne.

Un manquement physique, fût-il provisoire, aiguise, à l’instar des gens privés de vue, les autres sens, ce qui d’une part en émoustille d’autres et d’autre part accentue les fonctions essentielles possibles, telle justement chez la narratrice cette sorte d’instinct d’observation lié à la vue, mais pas seulement car cette vue « pense » en poète/écrivaine et détaille : « Me saisissant du cadeau que mon père me tendait, je fus instantanément émerveillée par la teinte juteuse et vive de son pelage (ndlr : il s’agit d’une peluche offerte par le papa) qui me rappelait les cœurs de Marie, ces grappes de fleurs fuchsia que ma tante Marcelle m’avait fait découvrir entre les jonquilles flamboyantes et les jacinthes roses au parfum envoûtant, dans le jardin de mon arrière-grand-mère ».

Le Conte de la caravane perdue, Franck Renevier (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 20 Mai 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Editions Maurice Nadeau

Le Conte de la caravane perdue, Franck Renevier, éd. Maurice Nadeau, Les Lettres Nouvelles, mai 2021, 200 pages, 19 €

 

Mohamed Félix Okba Bourrichi était archiviste de la commune d’Alika, une bourgade sans histoire, située à quelques kilomètres de la frontière de la Tunisie, sur le plateau montagneux qui sépare la ville de Nefta de l’ancien carrefour caravanier d’El Oued, en territoire algérien. Mohamed était également conteur…

C’est par ces lignes que commence le récit de l’étonnant destin de Mohamed Félix Bourrichi. Archiviste, conteur de rue, Mohamed se lance résolument, passionnément, avec acharnement dans la recherche des origines des habitants de son village, dont la tradition dit qu’ils descendent tous des membres d’une mystérieuse caravane contrainte vers 1840 à un bivouac définitif en plein désert autour d’une source d’étape par l’armée française lors de la conquête de l’Algérie.