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Les Livres

Ce n’était que la peste, Ludmila Oulitskaïa (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 28 Avril 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, Roman, Gallimard

Ce n’était que la peste, avril 2021, trad. russe, Sophie Benech, 144 pages, 14 € . Ecrivain(s): Ludmila Oulitskaïa Edition: Gallimard

 

Ce court ouvrage est présenté comme « scénario ». Ludmila Oulitskaïa en a en effet produit plusieurs à destination du cinéma et le texte que Gallimard nous présente ici a été découvert seulement en 2020. En fait, on découvre rapidement qu’on a affaire à un texte très écrit, plus proche de la novella ou du court roman que du scénario. Le talent de la narration y est en quelque sorte décortiqué, décliné trait à trait : ruptures de situations, ruptures de ton, sens formidable du portrait en quelques lignes, ironie mordante du propos, tous les ressorts littéraires qui font de Oulitskaïa un des plus grands écrivains russes vivants se retrouvent condensés dans cet ouvrage.

Certes il s’agit de peste pulmonaire, d’une épidémie donc, qui forcément évoque notre crise sanitaire actuelle. Épidémie réelle, survenue à Moscou en 1939. Ou plutôt, poussée de peste qui fut rapidement contrôlée et éradiquée. Cependant l’intérêt majeur de l’événement est la période où il survient, pendant l’un des épisodes les plus effroyables de la grande Terreur stalinienne. Procès expéditifs, exils au Goulag, exécutions sommaires et assassinats sont le quotidien du peuple soviétique et en particulier de son intelligentsia, Staline a lâché ses chiens du NKVD et la Terreur est partout.

La Conspiration Vatican, Ernest Dempsey (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 28 Avril 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Le Cherche-Midi

La Conspiration Vatican, Ernest Dempsey, 2020, trad. anglais, Étienne Gomez, 384 pages, 22 € Edition: Le Cherche-Midi

En 1798, Napoléon a plus soif que jamais de conquêtes, il rêve d’étendre son empire en Orient et à l’Est. Il vient de prendre Malte et se trouve à La Valette où il se rend dans la sacristie de la co-cathédrale Saint–Jean, construite par les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem aussi appelés Hospitaliers. Il va trouver un chevalier acquis à ses idées, Jean-Antoine Couture, pour s’emparer de l’une des reliques de la sainte église. Il s’agit de l’anneau de saint Jean-Baptiste. Il pense que ce bijou va lui apporter la force et le pouvoir de rassembler autour de lui la population des pays qu’il convoite.

2019 en Floride, Tommy le dirigeant de l’International Archeological Agency (IAA), fondée pour le recouvrement et la restitution d’objets patrimoniaux, a rassemblé dans sa résidence de Rosemary Beach les membres de son équipe : son épouse June Holyday, Sean Wyatt et sa femme Adriana Villa. Ils reçoivent la visite de Gabriel Bodmer qui se présente comme le commandant de la Garde Suisse vaticane. Celui-ci leur révèle ce qui doit rester un secret : le cardinal Jarllson a été assassiné et l’on soupçonne le possible prétendant au trône de saint Pierre. Ce dernier, le cardinal Klopp, fait remettre par Bodmer au dirigeant de l’IAA qu’il connaît de réputation une lettre signée de Napoléon !

Chroniques de la boîte noire, Alain Joubert (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 27 Avril 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions Maurice Nadeau

Chroniques de la boîte noire, Alain Joubert, février 2021, 168 pages, 19 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

A la mémoire d'Alain Joubert qui nous a quittés le 23 avril dernier

 

Cet ouvrage, illustré d’éclatantes « Images-échos en noir et blanc » de Nicole Espagnol, compile dix-sept critiques de choc écrites par Alain Joubert de 2002 à 2004 et publiées dans La Quinzaine Littéraire, le bimensuel fondé par Maurice Nadeau et François Erval.

Pourquoi les présenter ici comme des critiques « de choc » ?

Primo peut-être parce que Joubert s’y exprime à la première personne, en un flux expressément personnel dont la subjectivité est clairement affirmée.

Secundo sans doute parce que cette volonté de mettre le soi dans l’analyse s’appuie sur une expression qui dépasse de très loin la simple impression de lecture pour se faire puissamment impressive.

Le Fiancé du feu, Eva Dézulier (par Fawaz Hussain)

Ecrit par Fawaz Hussain , le Mardi, 27 Avril 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le Fiancé du feu, Eva Dézulier, éditions du Jasmin, février 2021, 303 pages, 19,90 €

 

Française de par le droit du sol, Emmanuelle attend son premier enfant, qui ouvrira une nouvelle page de la lignée familiale. La vie suit son cours, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, lorsque la voilà qui s’inquiète de la facilité avec laquelle un homme, voire un pan d’histoire, peut s’effacer, disparaître à jamais. Elle décide alors de réagir, de dresser un bouclier contre les ravages de l’oubli qui guette les siens, d’évaluer, à la main pour ainsi dire, ses propres racines et d’en vérifier la robustesse. Il lui faut remonter dans le temps aussi loin qu’elle le pourra et garantir ainsi à l’enfant qui se fait de plus en plus présent dans son ventre une continuité, une saga familiale, celle d’une assise fiable. Victor Hugo se posait déjà la question : « Qu’est-ce qu’un fleuve sans sa source ? Qu’est-ce qu’un peuple sans son passé ? ». Emmanuelle souhaiterait en particulier rendre hommage à Juan, son grand-père, son héros à la fière allure. Juan Cerans, le Catalan, devient alors l’axe autour duquel tournera cette saga, qui s’étale sur sept décennies, embrasse six générations et se déroule sur trois cents pages.

Russies, Dominique Fernandez (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 26 Avril 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Philippe Rey, Voyages

Russies, mars 2021, 208 pages, 9,90 € . Ecrivain(s): Dominique Fernandez Edition: Philippe Rey

 

Avec son sens consommé de la formule, Churchill définissait (mais était-ce vraiment une définition ?) la Russie comme « une devinette, enveloppée dans un mystère, au cœur d’une énigme » (a riddle, wrapped in a mystery, inside an enigma). Mais, autant on pouvait à la Renaissance ou au XVIIe siècle se permettre de négliger l’énigme en question ou se contenter de savoir qu’il existait quelque part un pays plutôt froid et peu hospitalier nommé Russie, autant depuis le Siècle des Lumières et l’ouverture (forcée) sur l’Occident européen, il n’est plus possible d’ignorer cette immense nation, qui a en grande partie dominé l’histoire du XXe siècle, grâce à (ou à cause de) l’utopie communiste. Pendant des siècles, et sans que l’Europe s’en rendît compte, la Russie lui servit de glacis, la protégeant des invasions asiatiques qui, sans le courage des peuples russes, eussent atteint Lisbonne en moins de temps qu’il n’en aurait fallu à l’Europe pour comprendre ce dont il s’agissait (les rêves insensés de Napoléon et de Hitler se brisèrent sur le bouclier russe, aussi imperméable dans un sens que dans l’autre). De nos jours, une grande partie des décisions prises par les États-Unis en matière de politique étrangère visent la Russie.