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Roman

Allez-Hop !, William Gropper (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 20 Novembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, La Table Ronde

Allez-Hop !, William Gropper, octobre 2020, 216 pages, 26,50 € Edition: La Table Ronde

 

Quartier Loisada

William Gropper, né en 1897 dans le Lower East Side de New York (appelé parfois le quartier Loisada), de parents juifs venus de Pologne et d’Ukraine, aîné de six enfants, décédé en 1977, a étudié l’art et la politique à la Ferrer School. Son roman graphique Allez-Hop ! a été publié en 1930 aux États-Unis. Gropper dessinait pour le New York Tribune, divers journaux de gauche et des magazines yiddish. En 1953, il a été mis sur la liste noire pour « activités anti-américaines ». James Sturm, dessinateur et écrivain, a préfacé le roman graphique, et Art Spiegelman, auteur du célèbre Maus, a signé la 4ème de couverture. Ici, La Table ronde propose une version française, en fac-similé.

Le roman ô combien expressif Allez-Hop !, édité au format de 15,3 x 22 cm, a été élaboré sans un phylactère, sans un mot et en noir et blanc. D’un trait sûr, minimal, presque brut, Gropper campe ses premiers personnages, un couple d’équilibriste et de trapéziste musclés, voltigeant dans l’air au-dessus d’une marée de minuscules taches, de points ressemblant à du sable : le public (?).

Une douleur blanche, Jean-Luc Marty (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 20 Novembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Julliard

Une douleur blanche, octobre 2020, 174 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jean-Luc Marty Edition: Julliard

 

« Une fois, le bateau avait quitté le port pour la mer d’Irlande sous la neige. L’imaginaire de mes neuf ans avait consigné la disparition de mon père à cette marée-là. Plus tard, j’avais appris qu’au jour du naufrage, au large d’Ouessant où son chalutier avait disparu avec cinq marins à son bord, le temps était au beau fixe. J’avais aussi appris l’expression “faire son trou dans l’eau”, qui signifie mourir en mer ».

Une douleur blanche est le roman du retour, retour vers le pays de l’enfance : un port de pêche qui dérive vers la mort qui gangrène ses navires et ses quais, retour vers une mère qui s’y prépare, et les souvenirs d’un père disparu au large. Le narrateur revient en ses terres, loin de celles qui l’ont accueilli, à dix mille kilomètres de chez lui : le Brésil, qui s’infiltre dans le roman, en éclats romanesques et fraternels – « C’est une côte qui parle ma langue… Une langue morte qui renaît par surprise, au passage du fleuve à l’océan ». Une douleur blanche est aussi le roman d’une étrange rencontre sur le bord d’une route, une inconnue, sauvage, inquiétante, insaisissable, un astre étourdissant qui collectionne les bois flottés, abandonnés aux flots et au sable, aux étranges réparties : « Tu n’es pas là, dit-elle. – Comment le sais-tu ? – Parce que je ne suis pas sûre d’aimer où tu es ».

Les Lumières de Tel-Aviv, Alexandra Schwartzbrod (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 18 Novembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Rivages/noir, Israël

Les Lumières de Tel-Aviv, Alexandra Schwartzbrod, mars 2020, 288 pages, 20 € Edition: Rivages/noir

Le livre d’Alexandra Schwartzbrod est un thriller d’anticipation qui se passe à une période relativement proche de la nôtre.

Les ultrareligieux ont chassé les laïcs et les arabes de Jérusalem, en conservant toutes leurs richesses, pour se retrouver entre eux et consacrer leur temps à la prière. Ils ont fait construire un mur qui les sépare de Tel-Aviv où se retrouvent tous les impurs. Les réfugiés doivent cultiver la terre comme au temps des kibboutzim pour survire. Palestiniens et juifs laïcs vivent en bonne entente et s’entraident pour croître et multiplier.

Cependant alors que côté Jérusalem, appelé le Grand Israël, on ne semble manquer de rien, on regarde Tel-Aviv comme un lieu de péché et de débauche où les femmes vivent quasi nues et s’offrent au premier venu. Le mur ne semble donc plus être suffisant pour se protéger des impies qui pourraient être tentés par les richesses de Jérusalem (surtout qu’il permet, par ailleurs, de se garder des femmes impures qui pourraient devenir une tentation). Jérusalem qui s’est alliée aux Russes veut donc faire garder son mur par des robots tueurs. Ce qui permettrait à la ville de se préserver de l’ennemi tout en permettant aux croyants de rester fidèles à leurs lois religieuses.

Un cœur pour les dieux du Mexique, Conrad Aiken (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 17 Novembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Un cœur pour les dieux du Mexique (A Heart For The Gods Of Mexico, 1939), trad. américain Michel Lebrun, 172 pages . Ecrivain(s): Conrad Aiken Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Nous avons lu Conrad Aiken au rythme d’une traversée de l’Atlantique dans Au-dessus de l’Abysse. Ici c’est au rythme haletant d’un train qui traverse les USA de Boston jusqu’au Mexique. L’œuvre romanesque de Aiken est toujours profondément traversée par son génie poétique et – cela va avec – musical. Ce roman fou ne manque pas à cette règle : sons, rythmes, champs lexicaux sont scandés, à partir de la deuxième partie, par le voyage en train.

Vers le Mexique avons-nous dit, mais pas seulement.

Ce voyage de trois personnages a pour seule vraie destination la mort. Celle de la jeune femme, Noni, qui accompagne ses deux amis et qui, promise à une mort très prochaine, veut accomplir ce dernier périple pour épouser l’un des deux, Gil, et mourir. Triple descente : vers le sud, vers l’Enfer et vers la Mort. Conrad Aiken, le poète-romancier, métaphorise chaque instant, l’élargit, lui donne les ailes de l’évocation, la puissance de l’image, le véhicule d’une langue pressée, haletante, marquée par la peur qui, lancinante, harcèle les trois personnages.

La Mort et le Météore, Joca Reiners Terron (par Cathy Garcia Canalès)

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 16 Novembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Zulma

La Mort et le Météore, Joca Reiners Terron, octobre 2020, trad. portugais (Brésil) Dominique Nédellec, 190 pages, 17,50 € Edition: Zulma

 

Nul homme n’est le roi de quoi que ce soit.

Les Indiens Métropolitains

 

Un roman bien singulier que La Mort et le Météore, une dystopie amazonienne qui dresse un portrait acerbe d’une sinistre réalité brésilienne, d’ailleurs exacerbée encore depuis les dernières élections présidentielles, envers l’environnement et les derniers peuples autochtones, notamment les plus isolés, dits non contactés. C’est de ceux-là qu’il est question dans ce roman, qui se déroule dans un futur de plus en plus proche où il ne reste rien de la forêt amazonienne sinon quelques derniers hectares brûlant comme l’enfer et où le Chili a disparu sous le Pacifique.