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Roman

Une suite d’événements, Mikhaïl Chevelev (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 04 Février 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, Gallimard

Une suite d’événements, Mikhaïl Chevelev, janvier 2021, trad. russe, Christine Zeytounian-Beloüs, 170 pages, 18 € Edition: Gallimard

Le livre s’ouvre, sans doute pour éclairer les lecteurs non russes, sur une carte des zones caucasiennes, territoires inconnus de la plupart et théâtres de conflits depuis des décennies : la Tchétchénie, Le Haut-Karabagh, l’Ossétie du nord… La Russie est un pays qui a subi des bouleversements terribles dans son Histoire et la période contemporaine n’échappe pas à ces secousses. On l’aura compris, le roman de Chevelev est politique ; un passage en italiques, discours rédigé par le narrateur journaliste, Pavel Volodine, tient d’ailleurs lieu de mise en accusation très explicite du système politique de Poutine.

Si le roman est assez court, il n’en est pas moins subtilement bâti sur une alternance des époques (période Eltsine, période pétersbourgeoise de Poutine et période des années 2010), et d’une chronologie resserrée en heures, correspondant à l’épisode central du récit, à savoir une prise d’otages dans l’église de Nikolskoé. Le personnage principal est celui d’un journaliste juif moscovite, qui, à l’occasion d’un reportage en Tchétchénie, va faire la connaissance de Vadim, soldat russe du front, qui après des tractations avec l’ennemi va pouvoir rentrer au pays, en passant pour un membre de l’équipe de presse.

L’Intrus, William Faulkner (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 02 Février 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Folio (Gallimard)

L’Intrus – Intruder in the Dust (1948), Folio, traduit de l'américain par R.N. Raimbault et Michel Gresset . Ecrivain(s): William Faulkner Edition: Folio (Gallimard)

 

L’IntrusIntruder in the Dust (1948) – est l’un des romans tardifs de Faulkner, bien après ses monuments, Le Bruit et la Fureur, Lumière d’août, Absalon, Absalon, Tandis que j'agonise.

Le maître du Sud est encore au milieu de son œuvre littéraire même si les chefs-d’œuvre majeurs sont passés. L’Intrus, néanmoins, garde toute la puissance narrative et l’incroyable art du portrait que l’on connaît inégalables. Et, par-dessus tout – au-delà des situations burlesques, parfois hilarantes, autour desquelles se construit ce roman, L’Intrus est une réponse cinglante et définitive aux lecteurs trop hâtifs qui n’ont pas su voir, dès Lumière d’août (Light in August, 1932), où se situe William Faulkner dans l’idéologie poisseuse du Sud – faite de haine, de racisme, de misogynie, d’abrutissement : L’Intrus est un plaidoyer vibrant et splendide contre la bêtise et la violence des « Rednecks », une profession de foi universelle, une déclaration d’amour aux « autres » Sudistes – les Nègres comme ils disent.

Œuvres complètes, II et III, Roberto Bolaño (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 29 Janvier 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, L'Olivier (Seuil)

Œuvres complètes, II et III, trad. Roberto Amutio, Jean-Marie Saint-Lu ; juin 2020, Volume II, 1184 pages, 29 € ; octobre 2020, Volume III, 1008 pages, 29 € . Ecrivain(s): Roberto Bolaño Edition: L'Olivier (Seuil)

 

« La célèbre photo où Hitler tient dans ses bras la petite fille âgée de quelques mois l’accompagne toute sa vie », La Littérature nazie en Amérique, Luz Mendiluce Thompson.

« Ce sont les choses : Mauricio Silva, qu’on appelait l’œil, essaya d’échapper à la violence au risque même d’être pris pour un lâche, mais la violence, à la véritable violence, personne ne peut échapper, du moins pas nous, qui sommes nés en Amérique latine pendant les années cinquante, nous qui avions une vingtaine d’années quand Salvador Allende est mort », Des putains meurtrières, L’œil Silva.

Ouvrir ces deux nouveaux volumes des Œuvres complètes de Roberto Bolaño, c’est faire l’expérience d’une immersion littéraire unique. Celle d’un bonheur littéraire, fait d’étonnements, de surprises, d’étourdissements, et d’éblouissements. Les Editions de l’Olivier nous ouvrent le grand Livre de Bolaño, un vitrail de romans, aux noms plus troublants, les uns que les autres – c’est un savoir d’écrivain que de bien baptiser ses romans :

Avis de grand froid, Jerome Charyn (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Jeudi, 28 Janvier 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Rivages/noir

Avis de grand froid, septembre 2020, trad. anglais, Marc Chenetier, 345 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Jerome Charyn Edition: Rivages/noir

 

Précisons que nous sommes en pleine utopie, en pleine uchronie, en pleine histoire contrefactuelle. En 1989, à peine élu, le président démocrate des États-Unis, J. Michael Storm, est destitué pour cause de malversations. Son vice-président, Isaac Sidel doit le remplacer au pied levé. Ce dernier, après avoir été commissaire de la police criminelle à New-York, est devenu maire de New-York puis vice-président des USA. Son glock glissé en permanence dans son pantalon et la main toujours à portée d’un gros cornichon malossol, ce flic juif n’est pas vraiment prêt à affronter la fonction de président des USA. Qu’importe, on connaît le personnage haut en couleur qui se promène depuis quarante ans, soit 1973, dans les romans de Charyn qui lui a consacré ou presque consacré douze romans, et l’on sait ses ressources. On est prêt, presque réjoui de voir ce curieux attelage, conduit par le Gros type alias POTUS (Président Of The United State) à la tête de l’administration et de la politique américaine, se mettre en mouvement et affronter le monde libre.

Le Cœur synthétique, Chloé Delaume (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 28 Janvier 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Seuil

Le Cœur synthétique, Chloé Delaume, août 2020, 208 pages, 18 € Edition: Seuil

 

Ce roman est pensé assez globalement de façon physique et en réaction sensitive par rapport aux entourages immédiats. S’opère une sorte de décompte du temps avec sablier renversé à décompter les actes parfois manqués, les amours perdus :

« Adelaïde neuf fois a été amoureuse/…/ Philippe, elle déjeunait avec lui chaque lundi jusqu’à ce que sa nouvelle copine le prenne mal. Adelaïde rappelle ce faisant à Judith qu’elle les a tous quittés… ».

La solitude de l’héroïne, Adelaïde, est parsemée de gestes quotidiens et d’intentions à redémarrer :

« Adelaïde se lève et met de la musique. Elle s’est fait une playlist qu’elle a nommée New Life, comme le nouveau Depeche Mode qui y figure en premier ».

Divorce et solitude. La vie s’organise autour d’une psychologie de la gestuelle, la participation au non-évènement dans l’entourage direct. Constat amer d’un type de population qui parfois s’intoxique à « la crise de la quarantaine » :