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Roman

Le Cahier orange, Bernard Caprasse (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 18 Décembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le Cahier orange, Bernard Caprasse, éditions Weyrich, février 2020, 390 pages, 17,50 €

« Je t’aime, Kurt je t’aime tellement, mais je hais tout ce que tu représentes » : cette phrase en dit long sur l’état d’esprit de l’héroïne relatée dans un « cahier orange » retrouvé par Anton en 1990 à la mort de ses parents.

Olga, à la fois amoureuse d’un officier nazi occupant, et également impliquée presque malgré elle dans la résistance, sera emportée ainsi dans le sillage de la Grande Histoire avec, bien sûr, la roue qui tourne quand on annonce l’arrivée des Américains et que, parallèlement, la Résistance, renseignée notamment par Olga, marque des points alors que la Waffen-SS et la Gestapo vengent les leurs en massacrant des civils.

Se déplaçant à vélo, Olga va et vient suivant son instinct et son sens du devoir pour agir au mieux ou au moins mal : « J’ai pédalé à une vive allure dans le crépuscule. Je cachais depuis quelques jours un des membres d’une forteresse volante qui s’était écrasée par accident. Il était blessé et devait être évacué. Un des lieutenants de Marc m’avait fait parvenir un message. Ils le prendraient en charge ce soir ou alors demain ».

Le silence des Matriochkas, Anne Bassi (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Jeudi, 17 Décembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le silence des Matriochkas, Anne Bassi, Editions Bérangel, novembre 2020, 136 pages, 16 €

 

Une « petite fille mélancolique et solitaire » sommeille en Anouchka, cette avocate réfléchie qui ne comprend pas d’où vient ce « silence sournois qui la tourmente ». Selon la mythologie de notre société moderne, Anouchka devrait pourtant se sentir épanouie dans cette vie réussie et si bien rangée. Sa grand-mère Raïssa lui a appris à ne pas déranger et à faire plaisir sans se plaindre.

Mais sa mélancolie persiste et elle est convaincue que ce n’est pas la sienne, elle vient « d’un autre temps »… Rythmé par des chapitres qui sautent d’époque en époque, s’emboîtant comme des poupées russes entre Duvno-Paris-Berlin, ce roman captive et finit par délivrer son secret : la mélancolie n’est pas un hasard. Une croyance juive veut que les âmes qui n’ont pas accompli leur mission ne meurent pas. Les poupées russes ne sont-elles pas finalement la métaphore d’un héritage transgénérationnel, la collection d’âmes d’une même lignée transpercée par le même secret ?

Fin de saison, Thomas Vinau (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 16 Décembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Fin de saison, octobre 2020, 192 pages, 16 € . Ecrivain(s): Thomas Vinau Edition: Gallimard

 

« Pas le temps de dire ouf et le monde a vrillé. Je me suis dit : Holà on va se prendre un sacré orage de fin de saison. Je croyais pas si bien dire. Petit caillou gris dans la prairie, c’est mon nom d’Indien. Les vitres tremblaient, les volets claquaient. Le crépi ocre des résidences se parsemait de taches brunes. C’était les oiseaux fracassés contre les murs ».

Victor, c’est son nom, le narrateur de Fin de saison est face à une catastrophe, une fin du monde qui renverse sa vie. Les murs tremblent, tout se déchire, la chute est inévitable. Alors armé de tout ce qu’un survivaliste doit posséder, il se réfugie dans la cave de sa maison avec son masque et sa combinaison de protection, son sac de survie, ses pilules, quelques accessoires entassés dans un Catakit, sorte de kit de survie quand une catastrophe surgit, en compagnie de son chien et de son lapin. Vendredi est dans son île avec son chien et son lapin, et s’attend au pire. Amateur de Science-Fiction, lecteur de Victor Hugo – Sacrées histoires et sacrée vie – et de Bukowski – Il faisait 17 degrés et il ne restait pas grand-chose du monde –, il se prépare à un long voyage qui ne finirait jamais, tout droit vers la fin du monde, en se souvenant des aventures de Mike Horn et à ses challenges de déglingo.

La Grande Peur dans la montagne, Charles-Ferdinand Ramuz (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 15 Décembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Livre de Poche

La Grande Peur dans la montagne, 187 pages, 6,20 € . Ecrivain(s): Charles Ferdinand Ramuz Edition: Le Livre de Poche

L’écriture de Ramuz, en touches légères et répétées à l’envi comme un air évanescent, est l’outil rêvé pour ce roman allusif, où tout est à peine suggéré et où les mouvements des gens sont une répétition interminable de montées et descentes – de la lumière à l’obscurité, de la vie à la mort, de la paix à la peur. En bas, le village dans la vallée, paisible. En haut l’alpage de Sasseneire, un temps abandonné en raison d’histoires qui courent chez les anciens, histoires de malédiction, de sort funeste, mais réoccupé cette année-là – le temps a passé, les légendes s’usent, les jeunes n’y croient pas.

De quelle peur nous entretient ici Ramuz ? Peur de quoi ? Peur provoquée par qui, par quoi ? Se poser la question inclut forcément la réponse parce que LA peur des hommes n’a que peu de visages, il n’en est guère d’autres : la mort, les ténèbres, le mal, la souffrance, la solitude. Et il n’en est pas d’autres dans ce roman, la peur ne sera jamais nommée précisément, seuls ses manifestations et ses effets composent cette histoire de terreur. Les seuls moments où Ramuz semble dire l’auteur de la terreur qui saisit l’alpage et le village il le désigne par le pronom Lui, avec une majuscule, lui attribuant tous les oripeaux traditionnels du Malin Satan.

Le Mystère Sammy Went, Christian White (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 15 Décembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Le Mystère Sammy Went, Christian White, Folio Policier, novembre 2020, trad. anglais (Australie) Simone Davy, 400 pages, 8,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Alors que Kimberley Leamy fait une pause, en lisant un vieux Stephen King, entre deux cours de photographie à la cafétéria du TAFE (Technical and Further Education – Collège d’Enseignement Technique et Professionnel Australien) de Northampton Communauty où elle dispense ses cours trois fois par semaine, un inconnu fait irruption. Il prend place à sa table, lui demande si elle s’appelle bien Kimberley Leamy et se présente sous le nom de James Finn. Puis, il lui présente une photo et insiste pour qu’elle la regarde avec attention. Le cliché représente une fillette. Kimberley lui explique qu’elle ne voit pas de quoi il retourne. Il lui précise que l’enfant figurant sur la photo a été enlevée à Manson dans le Kentucky (USA), il y a vingt-huit ans à peu près, qu’elle se nommait Sammy Went et qu’ayant grandi lui-même à Manson, il est un très bon ami de la famille Went. Kim lui indique qu’elle ne comprend pas ce qu’elle aurait à voir avec un enlèvement. Alors la phrase suivante tombe brutalement : « Je crois que Sammy West, c’est vous ».