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Roman

La dernière interview, Eshkol Nevo (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 03 Novembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Israël

La dernière interview, Eshkol Nevo, août 2020, trad. hébreu, Jean-Luc Allouche, 468 pages, 24 € Edition: Gallimard

 

La dernière interview… est en réalité une somme de questions – vraies, fausses, prétextes ? – posées à l’auteur – Eshkol Nevo, son double, imaginaire, fantasmé ? – exutoire ? – par des lecteurs supposés, sur Internet : « Ces anecdotes se sont tellement perfectionnées devant les publics successifs que je ne suis déjà plus certain de les avoir réellement vécues » (p.15).

En réalité une trame, une toile tissée abordant, par-delà la vie professionnelle et familiale de l’écrivain en question(s), les thèmes de la vie politique, culturelle, « cultuelle », les grands thèmes de l’armée, de son entrée par effraction dans la vie, du voyage, de l’amitié, de la mort, de l’amour, de la poursuite, en résumé, de l’identité : « (…) L’Israélien que je décrivais dans mes ouvrages ne coïncidait pas avec le cliché qu’ils espéraient voir – un Israël d’oranges, de danses folkloriques et de raid sur Entebbe » (p.102).

Summer Mélodie, David Nicholls (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 23 Octobre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Belfond

Summer Mélodie, David Nicholls, mai 2020, trad. anglais, Valérie Bourgeois, 512 pages, 22 € Edition: Belfond

 

Il faut savoir lire en écrivain pour traduire aussi bellement l’œuvre originale qu’on lit très clairement à travers cette traduction de Valérie Bourgeois. A la lecture, on remarque le roman ressenti de façon profonde avec sans doute autant de subtilité que dans la langue d’origine. Je n’ai pas, comme assez souvent, cette impression d’œuvre « traduite » mais de vraies sensations à lire une langue diversifiée, ce qu’elle est aussi certainement dans la langue d’origine.

Le roman commence par une fausse fin du monde « attendue » lors d’un cours de physique. L’atmosphère « jeune » est présente d’emblée et chacun peut ressentir profondément l’éventuelle nostalgie de cet âge où premier amour rime avec « toujours ».

Le roman situe bien l’idée qu’on peut se faire d’une rencontre aléatoire et d’un destin enclenché par une rencontre tout-à-fait fortuite :

La terre invisible, Hubert Mingarelli (par Philippe Leuckx)

, le Vendredi, 23 Octobre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Points

Edition: Points

 

Ce dernier roman d’un auteur trop tôt disparu, né en 1956, mort en 2020, dans le droit fil des œuvres de Mingarelli, est un superbe road-movie, dans une Allemagne, en déroute, juste après la victoire alliée.

Deux personnages, un photographe et un chauffeur militaire, jeune soldat anglais, traversent les contrées désolées pour prendre quelques clichés des populations hagardes, recluses, en bordure du Rhin, vers le nord.

Le grand intérêt des romans de Mingarelli, et ce dernier opus est une merveille de concision et de gravité retenue, est de plonger dans l’intimité des personnages, toujours resserrés dans des lieux clos ou ouverts sur des conflits et leurs retombées : c’était déjà le cas de Quatre soldats (Médicis 2003), à l’heure de la guerre civile russe de 1919. On est au plus près des antihéros, dans des relations professionnelles qui deviennent, chez l’auteur, amicales, fraternelles.

Retour à Martha’s Vineyard, Richard Russo (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 23 Octobre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Quai Voltaire (La Table Ronde), Côté Arts, Côté Musique(s)

Retour à Martha’s Vineyard, août 2020, trad. anglais (USA) Jean Esch, 384 pages, 24 € . Ecrivain(s): Richard Russo Edition: Quai Voltaire (La Table Ronde)

 

Ce roman est fondé sur une construction et une intrigue classiques, autour de trois personnages : Lincoln Moser, agent immobilier, Teddy Novak, éditeur indépendant, et Mickey Girardi, musicien et ingénieur du son, tous trois anciens étudiants dans la même université prestigieuse de la côte Est des Etats-Unis, Minerva college, au tout début des années 1970, tous trois serveurs à la résidence des Theta, une sororité du campus, afin de payer leurs études.

Très vite on retrouve ce langage potache de l’entre-soi des étudiants, conservé plusieurs dizaines d’années après leur expérience universitaire : les surnoms ou diminutifs, affectueux ou moqueurs, les private jokes (ou plaisanteries internes), les sujets de conversation immatures, les beuveries, le sens de la fête… « Que la fête commence », c’est ainsi que le Lincoln de 66 ans accueille à nouveau ses deux camarades dans sa maison de vacances de Chilmark, sur l’île de Martha’s Vineyard.

Des phalènes pour le commissaire Ricciardi, Maurizio De Giovanni (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 22 Octobre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Italie, Rivages/noir

Des phalènes pour le commissaire Ricciardi, Maurizio De Giovanni, octobre 2020, trad. italien, Odile Rousseau, 395 pages, 22 € Edition: Rivages/noir

Maurizio De Giovanni est né en 1958 à Naples où il vit toujours et où se déroulent les enquêtes du Commissaire Ricciardi durant les années trente, marquées par le fascisme. C’est à la suite d’un concours de nouvelles, ouvert aux amateurs, que M. De Giovanni introduit son célèbre personnage et entame ainsi une série de 14 romans policiers qui lui sont consacrés, dont le dernier est paru en Italie en 2019. Il donne vie également à un autre policier : le Commissaire Lojacono.

Des phalènes pour le commissaire Ricciardi (titre français amputé de son début italien, Anime di vetro) est sorti en Italie en 2015 et vient de paraître dans sa version française. Il est en fait le dixième roman d’une série de quatorze jusqu’à présent, dont le personnage central est le tourmenté commissaire aux yeux verts, Ricciardi, vivant dans l’Italie de Mussolini. L’ensemble s’ouvre sur la « tétralogie des quatre saisons », de l’hiver à l’automne, suivi du cycle des Fêtes.