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La Une CED

Les chemins de traverse d’Elizabeth George (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 07 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques


Certains la nomment « la reine George », cette américaine qui n’écrit que sur l’Angleterre, et abat, bon an mal an, son compte de pas loin de 20 magistraux romans policiers à ce jour ; chacun meilleur que l’autre dans une parfaite justesse digne de la bonification d’un Earl Grey de légende, et Dieu sait qu’on en boit en lisant, sans oublier les bières…

Elle a, dans une autre vie, avant l’écriture, beaucoup fait lire à des étudiants le miel du policier anglais. Agatha, tellement évident – elle est là à chaque page, comme en creux d’une autre époque, mais aussi Conan Doyle et Peter James. Les grands classiques anglais aussi, cités au détour des pages, avec l’exacte référence, car la dame écrit, dit-elle, des policiers qui sont aussi des romans, et tant qu’à faire, revendiquent une belle et rigoureuse écriture.

Le sexe du Diable (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 06 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Ecrits suivis

 

Dès les premiers repères de l’Histoire, quelques millénaires avant notre ère, la figure est là, dans ses ébauches, en place déjà dans le mythe. Dans les mythes. Les peuples et leurs croyances vont scander le chant du Diable de mille façons, mais toutes procèdent de mêmes prémices cosmologiques, l’espace des cieux est divisé en deux aires : l’une peuplée d’êtres et esprits bienfaisants, l’autre d’entités redoutables. Du Pazuzu des Assyriens au Satan des Hébreux, du Poséidon paranoïaque de l’Odyssée au Diable des chrétiens, il y a continuité dans la figure centrale. C’est celle qu’a façonnée l’Occident chrétien qui, ici, va nous intéresser, celle issue du tricotage séculaire des dires et écrits ecclésiastiques et des superstitions populaires.

Il a des cornes. Il est poilu. Il est sombre. Il sent fort le bouc. C’est ce qui revient avec assez d’insistance dans l’imagerie populaire pour constituer le point de départ de la figure.

Encore un degré plus loin dans le portrait, il est doté d’yeux fendus, au regard hypnotique, épinglage sans doute de son puissant pouvoir de séduction.

Entretien avec Judith Perrignon (par Laurent Bettoni)

Ecrit par Laurent Bettoni , le Mardi, 05 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

Les ruines de l’eldorado

 

Judith Perrignon a été journaliste politique pendant une dizaine d’années. Mais c’est finalement par le reportage sur le terrain et l’écriture qu’elle dit appréhender le mieux la réalité du monde. À travers une enquête policière inspirée d’une histoire vraie sur le meurtre d’un street artist français dans un quartier abandonné de Detroit, son roman Là où nous dansions (Rivages) captive par son récit tout en questionnant sur la ségrégation, l’injustice sociale et la loi du profit érigée en dogme.

 

Laurent Bettoni : Pouvez-vous nous rafraîchir la mémoire sur le fait réel à l’origine de l’enquête policière dans votre roman et nous dire pour quelle raison vous ne nommez jamais la victime ?

Vous êtes ici, Renaud Ego (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 04 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Vous êtes ici, Renaud Ego, Le Castor Astral, juillet 2021, 175 pages, 14 €

 

Poèmes spatiaux

Il m’a été difficile d’orienter une lecture de ce recueil de poèmes de Renaud Ego, pour en saisir une idée centrale susceptible de faire un accès aux textes. Difficile mais intéressant. Ce n’est cependant pas une poésie hermétique mais complexe, demandant une concentration importante pour suivre un chemin dans ce dédale intérieur – comme une rivière suivant son cours depuis sa source. La rédaction de ces poèmes a pris 6 années de la vie de l’auteur et on imagine facilement que les sujets de ces poésies ont suivi et accompagné l’existence du poète. C’est pour cela que l’on y voit : la femme en son érotisme, la folie et son énigme, le communisme et ses questions, des énumérations de chiffres, tout un univers qui n’est pas sans rappeler, sous certains angles, l’expérience littéraire de Pound.

Dictionnaire philosophique, André Comte-Sponville (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 30 Septembre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Essais

Dictionnaire philosophique, André Comte-Sponville, PUF Quadrige, août 2021 (3ème édition mise à jour), 1421 pages, 33 €

 

Un seul exemple de ton, contenu et style : au mot sinécure, p.1209.

« Je demande à un adolescent ce qu’il veut faire plus tard : “Je voudrais un métier bien payé, où y a pas à se prendre la tête”, me répond-il. C’était rêver d’une sinécure, peut-être sans connaître le mot, et aller au-devant de cruelles déceptions.

Qu’est-ce qu’une sinécure ? Une situation qui ne demande aucun soin (cura), n’impose aucun souci, voire aucune fatigue. Se dit surtout d’un emploi bien payé et n’exigeant que peu d’efforts. La chose est légitimement rare. On a le droit d’en rêver. Il serait injuste d’y prétendre ».

La lecture que nous propose ce Dictionnaire philosophique n’a peut-être qu’un but, précis et crucial : permettre à chacun, quand il pense (et pour qu’il ose penser !), de mieux faire saisir ce dont il parle pour mieux faire juger ce qu’il en dit. Ce que le mot fait alors comprendre guide au mieux ce que penser en fera. La bonne définition rend heureux le silence de penser, comme la leur l’indique :