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La Une CED

Nos voix persistent dans le noir, Sylvie Fabre G. (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 15 Septembre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Nos voix persistent dans le noir, Sylvie Fabre G., éditions L’Herbe qui tremble, juin 2021, ill. Jean-Gilles Badaire, 100 pages, 15 €

 

Habitation

On rencontre dans ce livre, si l’on essaye de discerner une tendance appuyée dans la trame générale de ce recueil, des concepts universaux et transversaux. Car il y a dans ce recueil, vie et mort, désir et crainte, soi-même et autrui qui se balancent, s’opposent et se scindent harmonieusement. De cet état de chose, je puis déterminer dans cet ouvrage de dizains, une sorte d’alternance entre le noir et le blanc, la force et la faiblesse, peut-être tout bonnement le yin et le yang chinois, inspirés du taoïsme. En tout cas, une préoccupation spirituelle malgré tout. Donc lumière et obscurité alternent, et le lecteur est obligé de trouver par les « huis » du poème le dessin de la « maison » céleste. Oui, car amour et haine, joie et angoisse cohabitent tellement dans notre monde matériel que le poème ne peut que s’aliéner à sa tâche de représentation de l’esprit.

Pour Emma (deuxième partie) Contre Lheureux, Léon Dupuis et Rodolphe Boulanger (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 14 Septembre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Madame Bovary, Gustave Flaubert, Folio Gallimard, 2001, édition de Thierry Larget, 528 pages, 4,10 €

 

Dans la première partie de cette chronique relative à Madame Bovary, une seconde partie a été annoncée, relative à Léon, Rodolphe, Lheureux et Homais – cette seconde partie a éclaté sous la pression du personnage Homais, l’exact pendant d’Emma Bovary, qui, dans son orgueilleuse et imbécile arrogance d’apothicaire à la sublime médiocrité, a réclamé que lui soit consacrée une page entière sur le site de La Cause Littéraire. Dont acte – il ne sera question dans cette seconde partie que de Léon Dupuis, Rodolphe Boulanger et l’in-prénommé Lheureux. À eux trois, ils représentent suffisamment la vilenie et l’hypocrisie pour qu’on épargne au lecteur de subir en sus le cas Homais.

Trente-neuf tankas rouges (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 13 Septembre 2021. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

(…) et rouge comme ce dont je ne parviens

pas à me souvenir

Je dirai que je suis tombé.

Roland Dubillard, Limoges/Poitiers

Réalisé grâce au soutien de la région Nouvelle-Aquitaine

 

1. Telle la nuit

Qui reste mon habitation

Au-dehors la lumière

 

Un demi-cercle

Pauvre comme le sommeil.

La cité de mon père, Mehdi Charef (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 10 Septembre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

La cité de mon père, Mehdi Charef, éditions Hors d’atteinte, Coll. Littératures, août 2021, 230 pages, 17 €

Se tracer une route

La destinée était déjà tracée d’avance pour Mehdi Charef, celle d’un futur travailleur, circonscrit aux tâches manuelles des immigrés, « la seule chose que notre père nous ait transmise » : une assignation sociale, un déterminisme de classe, raciste, suite à une politique colonialiste et un profond mépris. La discrimination et le déni des droits de l’homme ont été soigneusement appliqués pour les « solvables » à merci. L’appartement HLM a été la récompense suprême pour avoir participé à construire dans l’anonymat les fondations de presque tous les bâtiments de France, et de s’être abîmés, pour les pères maghrébins, africains, sur tous les chantiers publics ou privés.

Dans La cité de mon père, le 7ème roman de Mehdi Charef, il s’agit d’abord de « franchir l’océan de l’exil ». Pour le père, de s’échapper d’un continent, l’Algérie, d’un village, « Ouled Charef, dachra de la montagne », d’une condition, « berger », de franchir les déserts, les plaines, la mer, de subir l’exil pour ce géniteur qui a « le regard fixe d’une statue ». De partir du pays confisqué dans lequel « des grandes personnes, misérables, indigènes comme nous, nous repoussaient comme des chiens, à coups de bâtons », « sous les yeux de familles de colons aux paniers pleins de victuailles que le spectacle aurait amusés ».

Pleine terre, Corinne Royer (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 09 Septembre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Pleine terre, Corinne Royer, Actes-Sud, août 2021, 336 pages, 21 €

 

Comment un écrivain confirmé comme Corinne Royer va s’attacher à transformer un fait divers inspiré d’une réalité, qui s’est déroulé entre 2015 et 2017 en Saône et Loire, dans un pays essentiellement agricole, en une fiction ? En toute conscience et en toute liberté, elle choisit de prendre en charge et de porter avec brio le récit d’un paysan, Jérôme Laronze, éleveur obstinément attaché à sa ferme que sa famille possédait depuis plusieurs générations. Il portait un véritable amour à ses vaches. Il demandait juste de vivre dignement du travail de cette exploitation agricole et refusait de se plier à l’arbitraire. Dans ce nouvel ouvrage, Pleine terre, paru cet été aux éditions Actes Sud, Corinne Royer, par la magie, le sortilège et l’éclat de son écriture, va transformer les faits bruts en une épopée qui transforme chaque lecteur en témoin de ce récit qui se déroule sur deux ans. Cette fresque qui se termine en tragédie absurde, au fil des pages, l’auteure va la déployer en retraçant chacune des étapes de la vie de celui qui va, malgré lui, devenir un héros.