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La Une CED

L’Imbécile et l’encyclopédie, Gisèle Gueller (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 21 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

L’Imbécile et l’encyclopédie, Gisèle Gueller, éd. Brandon, septembre 2021, 220 pages, 22 €

 

Viens je t’emmène dans un pays qui m’appartient et auquel j’appartiens, le pays magique de l’imaginaire. Laisse-toi prendre par la main en confiance, lecteur. Nous partons pour une fête foraine en plein cœur d’une ville. Nous allons monter ensemble dans la grande roue. Lecteur, tu es inquiet, tu as peur de ce que tu vas découvrir, tu n’as aucune raison, je t’assure. Tu seras suspendu dans les airs, tu vas planer comme un oiseau qui cherche la direction du vent. Tu as le vertige, tant mieux, c’est le but que je recherche.

Tu te demandes avec stupéfaction qui je suis pour t’embarquer ainsi dans cette cavalcade insensée. Je m’appelle Gisèle Gueller et je viens de publier mon premier roman que j’ai intitulé L’Imbécile et l’encyclopédie. Dans son format, la qualité du papier, la sobriété de la couverture, ses pages ivoire, il peut te faire penser à un missel. Mais ce n’en est pas un. Pas du tout. Ou alors, un livre de messe du savoir vivre ensemble. Il est tout frais. Il sent encore bon l’encre d’imprimerie.

Dans les branches, Thierry Metz (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 20 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Dans les branches, Thierry Metz, éditions Le Ballet Royal, décembre 2020, 62 pages, 13 €

 

Habitation

Je suis heureux de faire part ici de mon sentiment au regard de ce petit recueil de Thierry Metz, disparu en mettant fin à ses jours en avril 1997. Je fais cette remarque car je découvre cette écriture. Et c’est grâce à l’amitié de Jean Maison, qui a composé plus un vrai texte qu’une postface à cette réédition, que je peux lire cette tragique position devant le monde. Car c’est bel et bien devant que se poste Thierry Metz. Devant le monde, un monde de signes restreints, voire fragiles, éthériques, une habitation poétique qui campe un espace de très peu de signaux, et de plus témoignant de l’abrupte réalité sans images, sans métaphores, sorte d’univers anorexique, essoufflé, côtoyant le vide. C’est ainsi d’abord une vision de la présence humaine, demeure intérieure qui s’ouvre sur quelques mots ; huis, fenêtre, description presque glaciale de la porte, de la table, et peut-être un rayon d’une lumière innommable venant frapper le sol dur du texte. On goûte une espèce d’élixir de mort.

Par où Or (ne) ment, Vincent Wahl (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 19 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Par où Or (ne) ment, Vincent Wahl, Éditions Henry, Coll. Les Écrits du Nord, avril 2021, 204 pages, 14 €


Cet opus constitue la preuve par sa publication que la poésie peut prendre en charge la réalité, en l’occurrence le réel économique contemporain puisque le focus de ses mots s’est orienté sur un examen de l’économie néolibérale en cours (« Aucun de nous n’échappe à l’économie. Comment la poésie le pourrait-elle ? »). Davantage, ses mots se livrent au combat contre cette perspective économique : « quiconque en empoigne le pommeau, écrit Alain Damasio dans la préface, peut ressentir, je crois, cette excitation étrange d’avoir enfin une arme pour se battre (…) contre ce qui nous tient, se battre moins en frappant qu’en jouant du tranchant de la lame pour découper cette viande d’évidence qui s’avançait fauve et qui n’est qu’un monstre de papier, de frictions et de croyances : l’économie néolibérale, toute rugissante dans sa dette ».

Ars Poetica, Poèmes bibliques, Yorgos Thèmelis (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 18 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Bassin méditerranéen, Poésie

Ars Poetica, Poèmes bibliques, Yorgos Thèmelis, Éd. Ressouvenances, mai 2021, trad. grec moderne, Bernard Grasset, 188 pages, 21,99 €

 

La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement.

Luc XXII, 23

 

Poèmes aigus

Pour définir mon sentiment à l’égard de cette traduction et du travail de Bernard Grasset, je voudrais user d’un peu d’étymologie avec une certaine licence. Car ces poèmes aigus, comme le titre de cette chronique le souligne, s’apparentent intellectuellement à la définition du baroque, ici pensé comme perle irrégulière. Et comme de plus cette poésie défend une idée de la croyance religieuse (orthodoxe ?), cette perle irrégulière donne à penser au caractère aigu de l’irrégularité de la perle. Angles, décrochements sur la page, majuscules, tout est ici hérissé, cubique.

Toutes ces foutaises (Kol hadha al-haraa), Ezzedine Fishere (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 15 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Toutes ces foutaises (Kol hadha al-haraa), Ezzedine Fishere, Editions Joëlle Losfeld, mars 2021, trad. arabe (Egypte) Hussein Emara, Victor Salama, 283 pages, 22 €

 

« Ce roman est constitué de récits que m’a remis Omar Fakhreddine. Il m’a appelé un jour de l’été 2016. D’habitude, je ne réponds pas aux numéros inconnus, mais je m’ennuyais ce jour-là et je n’avais rien à faire, alors j’ai décroché ».

La genèse d’une œuvre peut tenir à peu de choses. Si Ezzedine Fishere ne s’était pas ennuyé le jour où Omar Fakhreddine l’a appelé pour lui proposer de transcrire ses histoires, ce roman n’existerait pas…

Le procédé littéraire n’est pas nouveau. Nombre de romans, et non des moindres, sont nés, aux dires de leur auteur, soit de la transcription de ce qui lui a été confié par les personnages qui déclarent en avoir vécu les péripéties ou en avoir été les témoins, soit de la copie ou de la reconstitution de manuscrits dont il a découvert l’existence mystérieuse dans des greniers, des caves, des grottes… Ici (nous sommes au siècle des technologies de la communication), l’auteur a pour mission de transcrire et de publier des enregistrements vocaux réalisés sur des clés USB que lui remet Omar.