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La Une CED

Client (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mardi, 03 Mai 2022. , dans La Une CED, Ecriture


« Quand la lune apparaît, tu peux la croiser en ville […]

La nuit tous les chats sont gris et tous ses clients sont seuls […]

Et quand son maquillage coule elle dit que c’est la pluie ».

Extrait de la chanson Salope ! sur l’album La vraie vie, Bigflo et Oli

 

« Je te promets Clo c’est la première fois depuis que t’es partie mais fallait bien que ça arrive un jour je te jure j’ai même pas regardé à quoi elle ressemblait cette fille d’ailleurs je devrais pas te raconter ça mais à qui tu voudrais que je le raconte il n’y a toujours que toi dans ma tête tu me reprochais de pas te parler assez ça te faisait de la peine et maintenant faut que ça me vienne pendant ma première baise depuis des mois ou des années j’ai pas compté parce que tu te souviens avant la fin on le faisait plus le cœur y était pas

Accessions et chutes, Thomas Vercruysse (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 02 Mai 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Accessions et chutes, Thomas Vercruysse, éditions La Rumeur libre, 2017, 112 pages, 16 €

 

Un éclairage sur la maison d’éditions La Rumeur libre

 

Communiquer

Il est essentiel pour partager la voix d’un livre, et je le dirais de la première conduite du poème, de communiquer avec soi dans un temps préalable, puis vers le lecteur. Au cœur de la liaison que propose le livre, il y a un acte de communication, fût-il un simple souffle. La principale notion pour définir le poème est bien celle du bord, ligne qui ferme et engendre la forme. Écrire, c’est transmettre, donc fréquenter les arcanes de la signification, même si une certaine rhétorique est nécessaire ; ce qui persiste, c’est la sensualité des mots, son aspect fougueux, sa nouveauté et son accent intérieur. Toujours est-il que le lecteur est d’abord un herméneute.

Sur L’insouciance de Philippe Mezescaze (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 22 Avril 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Du Corps océan (Vermont, 1977) à Deux garçons (Mercure de France, 2014), de L’impureté d’Irène (Arléa, 1987) aux Jours voyous (Mercure de France, 2021), Philippe Mezescaze, né en 1952, a construit une œuvre attachante et précise. Comme chez Modiano, on y entend, de livre en livre, une voix, une « petite musique », et si cette musique ne surprend pas toujours, si elle répète parfois les mêmes motifs, reparcourt les mêmes chemins, elle finit, au bout de quelques pages, par séduire à nouveau.

Il y a une sorte de fidélité proustienne chez Mezescaze : c’est lui-même (sa jeunesse, ses rencontres amicales et amoureuses, etc.) qui constitue la matière de ses récits, le plus souvent. Par l’écriture, par le travail têtu de la mémoire, dans une anamnèse poétique, ce passé revit, se réassemble, et une période de l’histoire, une façon d’exister, une relation courtoise aux choses et aux êtres se redessinent. Sans doute est-ce là tout ce qu’il nous reste face à la succession des désastres, à l’obscurcissement de l’horizon : nous souvenir de ce que nous fûmes – de nos désirs et des désirs que nous avons suscités. En garder la trace ; en fixer, en rééprouver par les mots le trouble – et l’on pensera ici à Constantin Cavafy, à Sandro Penna dont Mezescaze, par plusieurs aspects, est proche : « Forse la giovinezza è solo questo / perenne amare i sensi e non pentirsi » (1).

Le reste c’est la suite, Sarah Kéryna (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 21 Avril 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Le reste c’est la suite, Sarah Kéryna, éditions Les Presses du réel, octobre 2020, 88 pages, 10 €


La temporalité équivoque du titre colle à la réalité aléatoire et parfois traumatisante du réel contemporain. « Le reste c’est la suite »… comme une façon de dire que tout change et passe et que l’important qui ne l’est pas est sans cesse différé, temporisé ou, si l’on se place du point de vue des tragiques attentats terroristes qui ont frappé la société ces dernières années, une façon de rappeler que ce qui compte, du moins « le reste » est dans « la suite » des événements traumatiques (période post-traumatique). Le flux et le tempo des textes instantanés qui composent ce recueil s’affirment et nous emportent dans le même élan frénétique ou nerveux de ce qui court (nous dépasse/nous prend de court, accélère le palpitant de nos vies courantes).

La grande Marie ou le luxe de sainteté, Carl Bergeron (par Jacques Desrosiers)

Ecrit par Jacques Desrosiers , le Mercredi, 20 Avril 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

La grande Marie ou le luxe de sainteté, Carl Bergeron, Éd. Médiaspaul (Canada), août 2021, 80 pages, 15 €

 

 

Carl Bergeron est à peine visible dans la vie littéraire québécoise, presque tenu à l’écart dirait-on parfois. En 2006, quelques inconditionnels avaient encensé son journal « Voir le monde avec un chapeau », qui avait autrement donné lieu à d’étranges critiques, dont l’une saugrenue dans la revue Liberté lui tricotait un bonnet d’âne avant de lui taper dessus à grands coups de Gramsci. Avec son « Épreuve » que doivent affronter les Québécois pour surmonter leur embarras linguistique, quelques désagréables portraits de femmes, des jugements impatients sur un tas de sujets comme le tatouage, le jogging, le printemps érable ou les employés de bureau – de toute évidence il ne cherchait pas la gloire. Ici et là on observait aussi des décalages abrupts de ton, le texte tombait d’un coup dans un autre registre, quand par exemple il abandonnait sa fresque historique et urbaine pour s’adresser émotivement à ses parents.