De plus en plus, l’étau se resserre autour du lecteur. De plus en plus, la littérature est étouffée par le marketing d’un côté et encerclée par les médias de l’autre. L’imaginaire de l’écrivain est, tout comme celui du lecteur, visé, perturbé. La liberté individuelle créative se perd, de plus en plus, dans la précipitation chaotique. Le phénomène du best-seller est une menace contre la diversité littéraire. Plusieurs beaux romans sont anéantis, jetés aux oubliettes devant la farce d’un best-seller.
Sans doute parmi ces milliers de romans marginalisés, condamnés et exécutés à l’aide d’un revolver médiatique silencieux, il existe des perles littéraires. La sentence est tombée avant même qu’ils ne soient lus. Inconsciemment, le phénomène du best-seller pèse sur la liberté de la lecture individuelle. Charge la liberté de l’écrivain.
Dans ce phénomène du best-seller, ce sont de parfaits inconnus qui lisent à notre place. Ce sont des inconnus qui choisissent pour nous les livres que nous lisons. À leur goût, ils bannissent des titres et en glorifient d’autres. Ces inconnus, qui font la pluie et le beau temps dans la littérature, s’offrent la place du magistrat suprême et notent les écrivains. Classent les hommes de livre. Les vedettes, les bons, les brutes, les truands, les moins bons, les moyens et les médiocres. Les vendus, les existants, les invendus et les inexistants.