Souvent, beaucoup de jeunes de beaucoup de mondes différents recherchent l’œuvre originale, si possible ignorée de leurs parents, où ils trouveront les réponses susceptibles de les orienter dans la vie, d’orienter leur vie. Cette œuvre, diverse en fonction de leurs intérêts éthiques ou esthétiques propres, c’est potentiellement celle qu’ils rêveraient de réaliser eux-mêmes. En attendant, il est clair qu’elle n’existe pas – ou pas encore… – quête d’un Graal en somme. Telle est l’idée germinale du (gros) roman de Mohamed Mbougar Sarr, Prix Goncourt 2021. Naguère, d’aucuns fantasmaient sur un ultime Rimbaud resté inédit, entre Harrar et Sud-Yémen, peut-être conservé sous les sables. Plus près de nous, le roman inachevé de René Daumal, adoubé par François Mitterrand en personne, a brillamment tenu ce rôle. Fort à propos, Mbougar Sarr met en récit un livre mystérieux d’un auteur africain ayant cultivé le mystère, alias (semble-t-il) Y. Ouologuem, auquel est dédié son roman – présentement, le narrateur-auteur Diégane Faye. Son idéal, parfaitement réussi, étant de « simplement écrire un bon livre […], un livre comme Le Labyrinthe de l’inhumain », de l’auteur africain mystérieux en question, Elimane Madag (p.72).