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La Une CED

Blond comme les blés, Sjón (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 07 Mars 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Métailié

Blond comme les blés, Sjón, éditions Métailié, janvier 2022, 119 pages, 16 €


100 pages pour se souvenir – exactement parallèle à la lecture – que les pays du Nord ont recelé, et subissent encore nombre de groupuscules d’activistes d’Extrême Droite, et autres engeances néo-nazis. 100 pages pour que l’Histoire la plus noire de l’Europe contemporaine sonne à notre mémoire : le Nazisme en marche était – aussi – un monde industrieux, minutieux dans le travail, un monde d’ingénieurs/ouvriers passe partout, qui avançaient la besogne à l’ombre de cahiers des charges dûment remplis, dont celui de la Shoah elle-même ! 100 pages, pour enfin clignoter sur notre actualité la plus brûlante, celle des populismes en action, et des propos inouïs de candidats à des présidentielles sur des terres de longue tradition démocratiques dans la vieille Europe… immanquablement, c’est un autre blond comme les blés qui s’invite en sinistre mémoire, cet Anders Breivik qui faucha 70 jeunes travaillistes norvégiens l’été 2011.

Pour Jean Sénac encore, « poète algérien de graphie française » (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 04 Mars 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques

« Ta lyre et ta toison,

Tes dents où je pirogue,

Tes cuisses où l’avenir s’écrit en jeux poignants »

Jean Sénac, Lauriers du figuier, 1970

 

Les hasards de rangements dans une bibliothèque nous ont incité à prendre connaissance, avec un retard inexcusable, du numéro ou plutôt du demi-numéro de la revue Europe (1) consacré à Jean Sénac.

Il est toujours heureux que l’on parle de Sénac ; qu’on l’étudie (rendons hommage à Hamid Nacer-Khodja, disparu en 2016, disciple fidèle et postfacier des Œuvres poétiques aux éditions Actes-Sud) ; qu’on réfléchisse aux enjeux non seulement littéraires mais politiques de son parcours. Sénac, né en 1926 à Béni-Saf près d’Oran, est mort en 1973 à Alger (2). Cela fera bientôt cinquante ans. On peut redouter, hélas, que cet anniversaire passe assez inaperçu.

Essais d’iconologie, Erwin Panofsky (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 28 Février 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Essais d’iconologie, Erwin Panofsky, Tel/Gallimard, novembre 2021, trad. anglais (USA) Claude Herbette, Bernard Teyssèdre, 400 pages + 64 pages hors texte, 16,50 €

À force de s’intéresser en dilettante à l’histoire de l’art, on finit par croiser avec régularité le nom d’Erwin Panofsky, dont feu Daniel Arasse reconnaissait l’impact majeur qu’il avait eu sur l’histoire de l’art en tant que discipline interprétative outre que descriptive ; l’occasion est belle de lire ses Essais d’iconologie, sous-titrés Thèmes humanistes dans l’art de la Renaissance, dans une réédition présentant l’avantage d’offrir en sus du texte un très beau cahier d’illustrations en couleurs qui permettent au lecteur de mieux encore comprendre le propos de Panofsky en le confrontant aux tableaux, fresques, enluminures et autres tapisseries évoqués.

Autant le dire d’emblée : ces conférences, datées de 1939, semblent aujourd’hui à certains égards… datées. Il est vrai que depuis de nombreux historiens de l’art ont écrit sur l’œuvre du Titien ou de Piero Cosimo, et que l’approche des tableaux est elle-même désormais facilitée par les techniques modernes – pour citer un seul exemple, sans rapport avec le propos de Panofsky, quiconque est allé jeter un œil sur le site Closer To Van Eyck peut se targuer d’avoir vu L’Agneau mystique comme nul ne l’a vu ou presque depuis… Van Eyck.

Music-hall, Jean-Luc Lagarce (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 28 Février 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Music-hall, Les Solitaires intempestifs, 2017, 64 pages, 12 € . Ecrivain(s): Jean-Luc Lagarce

 

Théâtre de la présence

Si je devais qualifier d’une seule épithète Music-hall de Jean-Luc Lagarce, je dirais le plaisir, le plaisir de la langue. Car au centre de ce travail pour la scène, le langage fructifie. Ainsi, les réflexions qui m’occupaient durant cette lecture, relevaient plus du champ de l’expression écrite que du saisissement par une histoire, par une diégèse. De ce fait, la pièce est rédigée presque exclusivement à la troisième personne du singulier. Cela présage donc d’une distance, d’un endroit où le personnage se confronte à une chose étrangère. Cette distanciation joue un rôle dans l’intrigue et importe dans cette intrigue langagière.

Cette langue en tout cas est la seule capable de révéler cette inquiétude du présent, d’un auteur atteint d’une maladie incurable et mortelle. Inquiétude qui fait le ferment de l’instant, augmentant la surface des acteurs, inquiétude profonde du passage du temps. Cette angoisse latente est consubstantielle à l’identification par la parole du dramaturge. Le personnage désigne et est désigné. Il montre une douleur et porte cette douleur. Le SIDA a désigné Lagarce, et ce faisant celui-ci désigne la maladie.

Chroniques de Mayami (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 18 Février 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! je vous parle d’un point de la terre, un peu plus au sud, d’un point où comme vous, je tourne, où je ne tourne pas à la même vitesse, entre l’aphélie et le périhélie, entendez là de jolis mots pour traduire le point le plus proche ou le plus éloigné du soleil. L’ellipse donc que notre jolie terre dessine inlassablement depuis des milliards d’années, des millions d’années que l’homme se raconte d’étranges histoires, songez une seconde à celle des Rois Mages que vous avez déjà fêtée, à votre façon bien sûr, celle d’une crèche aussi que pour chaque Noël nous dressions avec nos parents, laïcs ou croyants, entre la cheminée, la dinde et le sapin. Des souvenirs d’enfance plein la hotte, des figurines hautes ou minuscules pour ancrer nos imaginaires ou hanter nos croyances.

J’avais donc emporté dans ma petite valise la grande crèche pour mon premier Noël à Mayami, mon enfance installée entre la piscine, les tongs et le palmier. Marie, le bœuf et l’âne, les Rois Mages, l’enfant dans son berceau, mes personnages en plâtre ont traversé l’Océan, tous arrivés sains et saufs. Tous ?

Sauf un !