Identification

La Une CED

Gorki et ses fils, Correspondances (1901-1934) 2ème partie (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 10 Février 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Gorki et ses fils, Correspondances (1901-1934), éditions des Syrtes, février 2022, trad. russe, Jean-Baptiste Godon, 480 pages, 23 €

 

La chaîne des sodalités

2. Lettres à Zinovi

La deuxième partie de cette correspondance s’établit entre Gorki et Zinovi Pechkov, grand voyageur. Zinovi séjourna tout d’abord à Stockholm, à Détroit, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Canada, étant « déserteur au regard de la loi russe ». Il dépeint l’Amérique du début du XXème siècle et son organisation capitalistique : « Tous s’efforcent d’engranger autant de dollars que possible, les ouvriers comme les rupins (…) Et tout est follement cher (…) ». La course au profit, les exactions, les injustices, la manière décomplexée de gagner de l’argent donnent lieu à la description éloquente d’une « maison de passe », dont le morceau narratif pourrait illustrer une scène cinématographique.

Entretien avec Monsieur Paul Fenton, Professeur émérite de langue et littérature hébraïque (par Paul Rodrigue)

Ecrit par Paul Rodrigue , le Mercredi, 09 Février 2022. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

Monsieur Paul Fenton, Professeur émérite de langue et littérature hébraïque, spécialiste de littérature judéo-arabe, yiddishisant, traducteur des mémoires de Getzel Sélikovitch (Mémoires d’un aventurier juif, Du Shtetl de Lituanie au Soudan du Mahdi), et du récit d’un autre aventurier juif, Samuel Romanelli, publié en 2019, Périple en pays arabe.

 

Paul Rodrigue, doctorant en philologie comparative : Monsieur Fenton, d’abord, comment avez-vous découvert les mémoires de Getzel Sélikovitch et, dans un second temps, pourquoi avoir décidé de les traduire ?

Paul Fenton : C’était le pur fruit du hasard. Dans la préface du livre, je raconte comment j’ai découvert Getzel Sélikovitch, qui était non seulement un inconnu pour moi, mais, je crois, un inconnu pour beaucoup de yiddishisants. Il a eu son heure de gloire comme journaliste en Amérique mais, après sa mort, en 1924, avec les événements de la seconde guerre mondiale, il a complètement disparu de la scène.

Nos silences animaux, Serge Ritman (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 07 Février 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Nos silences animaux, Serge Ritman, éditions Collodion, novembre 2021, dessins Laurence Maurel, 72 pages, 12 €

Acuité

Ce qui frappe tout de suite à la lecture de Nos silences animaux, c’est la certitude du trait. Il ne fait pas preuve d’hésitation. Le texte est donc décidé dès les premières lignes et il manifeste clairement son lien avec la langue, lieu sûr et presque stable, assuré, qui nous permet clairement d’entrer de plain-pied dans l’univers du poète. Je dis donc poésie nette, car encline à la force paisible du contour littéraire. Du reste, ces poèmes s’accompagnent des fusains et lavis de Laurence Maurel. J’y vois la revendication d’une volonté définie de s’intéresser au mouvement de la plume, sorte de certitude pour la peintre (et ici pour le poète) d’une confiance dans le geste sans repentir, directement présent à la figure (ici au poème). Cette opération du pinceau ou du stylographe se teinte d’une vérité du discours pictural ou poétique.

avec dessiner ou écrire

à vite qu’il signe à même mon tissu

de serge

Gorki et ses fils, Correspondances (1901-1934) (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 04 Février 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Editions des Syrtes

Gorki et ses fils, Correspondances (1901-1934), éditions des Syrtes, février 2022, trad. russe, Jean-Baptiste Godon, 480 pages, 23 €

 

La chaîne des sodalités

1. Lettres à Maxime

Les présentes lettres, inédites, sont issues de l’exceptionnelle correspondance entre Maxime Gorki (né en 1897 à Nijni Novgorod, Alexeï Maximovitch Pechkov, décédé en 1936) et Maxime Alexeïevitch Pechkov (1897-1934), son fils légitime, et Zinovi Pechkov, son fils adoptif (né Yechoua Solomon Movchev Sverdlov en 1884, décédé en 1966). Nous découvrons à travers ces missives les conseils paternels de Gorki à Maxime, l’exhortation à l’étude des arts, à vivre en esthète et au dépassement de soi ; ainsi lui écrit-il : « quel ravissement peuvent procurer tableaux et statues », et « L’écriture est une noble tâche, à la fois fascinante et utile aux gens ». Gorki, séparé de son épouse, Ekaterina Pechkova (1876-1965), séjourne à Saint-Pétersbourg, en Finlande, à New-York, à Capri, à Naples. Les voix d’adresse sont affectueuses et abondantes : « cher fils », « fiston », « fils bien-aimé », « cher ami », « doux », « bon », « mon fils chéri », etc.

Quand le merle blanc…, Anne Letoré (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 03 Février 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Quand le merle blanc…, Anne Letoré, Editions de L’Âne qui butine, Coll. Xylophage, 2011, 164 pages, 22 €

 

Cette édition comprend 317 exemplaires numérotés et abondamment illustrés, sous couverture cartonnée ornée d’un dessin en incrustation. Un beau livre, dans la tradition de parfaite finition qui caractérise L’Âne qui butine, maison qu’a co-créée et que dirige Anne Letoré, par ailleurs auteure du présent ouvrage.

Marin, à divers âges de sa vie, est le personnage principal, très anti-héros, ballotté dans les flots aléatoires d’une existence passée à tourner en rond à la recherche du bateau Cassiopée, en référence à l’épouse de Céphée condamnée à tourner sans fin autour du pôle la tête en bas pour avoir osé affirmer que sa fille Andromède était, ô hérésie, plus belle que les Néréides.

C’est à bord de la Cassiopée que le jeune Marin tombe sous l’emprise définitivement implacable de Maîtresse, qui a ordonné à Capitaine, son amant défaillant, de lui dénicher dans un port d’escale un partenaire plus performant. « Pour Elle, j’étais aussi l’homme qui parcourait les bas-fonds des ports où nous accostions, à la recherche de chair fraîche […]. Elle était parfois d’une insatiabilité inouïe », se remémore Capitaine lors de ses ultimes retrouvailles avec Marin.