Ainsi parlait Saint-Pol-Roux, Choix et présentation Jacques Goorma (par Didier Ayres)
Ainsi parlait Saint-Pol-Roux, Choix et présentation Jacques Goorma, Arfuyen, mars 2022, 176 pages, 14 €
Se mirer : perpétuelle occupation de la Beauté.
Ses miroirs : les hommes.
Saint-Pol-Roux
Haute lignée spirituelle
Il y a un enseignement dans ce livre qui nous guide vers de grandes hauteurs, avec pour conducteur le poète, lequel marche au-dessus de lui-même dans sa spiritualité, comme si son cœur était maître spirituel de sa croyance d’homme. Car la divinité ici, dans ces maximes, trace, ouvre la pensée de l’auteur, lui confie une part étincelante dans son expérimentation poétique.
Saint-Pol-Roux ne cesse de s’interroger, de sonder, de surveiller. Il guette son Dieu. Il guette sa foi. Il balance de l’homme à la cathédrale, de la croyance à la mystique, du cœur à la prière. Il cherche un bivouac dans le champ profus de la religion. Il le fait tout comme un Sâdhu. L’auteur campe sur le mont des Oliviers, et grimpe sur un piton rocheux pour abjurer le mal, tout comme l’Évangile le décrit. À nous, il nous reste la profondeur d’une écriture toute feuilletée, toute pailletée d’étoiles vives, de mille Sirius.
Le poète continue Dieu et la poésie n’est que le renouveau archaïque de la pensée divine.
Mystère et raison : deux bords de l’œuvre de Saint-Pol-Roux. Là dans leurs intersections, leurs coupures, leurs épissures, leurs nœuds qui n’ont rien de Gordien, dans le sens où l’écrivain ne coupe pas mais lie et augmente l’énigme, au sein à la fois d’un principe intellectuel autant que dans un monde délié, défait de ses obligations de logique (comme la prière mystique l’autorise).
Car nous fûmes liés par le Dieu d’harmonie / Nous n’étions qu’un jadis dans le cerveau du père, / Un que rompit en deux notre choc sur la terre.
ou
Si nous sommes de la matière par les pieds, nous sommes du mystère par le front. La vie véritable n’est pas un héritage dont nous devons usufruiter toutes les heures, non, la véritable vie est un avoir à conquérir.
Ainsi, le Mage de Camaret recherche des principes noueux fait de plusieurs cordages : l’homme, sa foi, le lieu de dieu, et croire, prier Dieu. Sa poésie est ainsi inscrite dans une haute lignée spirituelle.
Le véritable chemin est la tangente. Il doit s’élever spirituellement sinon matériellement. Mais c’est par la matière qu’il peut escalader la spiritualité. Penser ne suffit point, il faut devenir sa pensée et l’agir.
Didier Ayres
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