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La Une CED

Tientos, Iñigo de Satrústegui (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 03 Janvier 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Tientos, Iñigo de Satrústegui, éditions Fario, novembre 2021, 54 pages, 10 €

 

Ainsi se comprend le silence de l’intelligence dans l’art (Iñigo de Satrústegui)

 

Une personne

Ce qui frappe dans ce petit livre d’Iñigo de Satrústegui, c’est l’aperçu certain de l’homme derrière le texte. On y voit l’homme agir comme une personne, devenir son propre Pygmalion. Car ici la personne de l’artiste est visible, se rend visible par des écrans scripturaux, où derrière un certain flegme aristocratique, on devine de la lucidité et des blessures. Du reste le terme le plus approprié serait celui de dasein, d’un destin d’étant. Tiento, ce style de chant flamenco confine au duende, c’est-à-dire à la partie la plus haute de l’émotion. Cette écriture qui est la sienne ouvre sur de faibles éléments biographiques mais savamment utilisés pour convenir à une sorte de livre essai, essai de style et de chant du style.

Le Yark, Bertrand Santini & Laurent Gapaillard (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 16 Décembre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Grasset, Jeunesse

Le Yark, Bertrand Santini & Laurent Gapaillard, Grasset Jeunesse, octobre 2021, 80 pages, 17 €

 

Fabuleuse bestiole

La légende du Yark écrite par Bertrand Santini, illustrée par Laurent Gapaillard a déjà dix ans d’existence, et a été traduite en quinze langues. Ce nouvel album magique est doté d’une jaquette et agrémenté d’une planche tirée à part. Les titres typographiés en rouge basque tranchent sur le noir et blanc de l’ensemble. De suite, l’exergue de John Locke à propos de la malignité des enfants, nous met sur la piste du registre de l’épouvante et du merveilleux. Le texte de B. Santini rime joliment tout en présentant le terrifiant Yark tel un monstre « immense comme une lune noire », mais qui souffre parfois, même en commettant le pire ! À mi-chemin entre l’ogre du Petit Poucet, King Kong et la gigantesque créature extraterrestre Cthulhu, Yark en possède quelques caractéristiques, notamment le pouvoir d’évoluer dans la stratosphère et d’être toujours affamé.

Célébration du chemin, Jean de Breyne (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 15 Décembre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Ecriture

Célébration du chemin, Jean de Breyne, Propos Deux éditeur, juillet 2021, 74 pages, 13 €

Gratitude à l’homme de Rustrel

Célébrer ton chemin,

Sans âme à rendre au bout,

Sans Juge du demain,

Te tient-il, Jean, debout,

Ce bois mort dans la main ?

 

Le dernier des voyages

Sait-il quand il commence ?

Admettons qu’à son âge,

Bien peu n’en nous dispense :

Bien peu reste à la rage !

Un jour, Maurice Genevoix (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 14 Décembre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Roman, Plon

Un jour, Maurice Genevoix, Plon, septembre 2021, 208 pages, 19 €

 

 

En 1976, Maurice Genevoix est âgé de quatre-vingt-six ans et publie un bref et intensément paisible roman, Un jour. Que ce roman soit une somme, une synthèse ou un testament importe peu, ce ne sont que des étiquettes. À vrai dire, malgré les références faites à la propre œuvre et à la propre biographie de l’auteur, ce roman peut (doit ?) être lu comme un récit indépendant de toute littérature, de toute histoire littéraire, de toute considération universitaire – un peu comme l’œuvre de Genevoix, qui se méfiait voire se gaussait des théories littéraires ou psychanalytiques, surtout appliquées à ses livres. Juste, mais c’est suffisant pour l’âme, une déambulation entre amis silencieux malgré les mots prononcés, un de ces moments rares de proximité absolue avec l’Autre – qui est peut-être au fond soi-même, on y reviendra.

Ainsi parlait Pétrarque, Dits et maximes de vie (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 13 Décembre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Anthologie, Italie

Ainsi parlait Pétrarque, Dits et maximes de vie, François Pétrarque, éditions Arfuyen, octobre 2021, trad. italien et latin, Antoine de Rosny, 169 pages, 14 €

 

Écriture universelle

Découvrir l’axiologie de Pétrarque est une grande joie littéraire et philosophique. Car cette lecture nous replace au cœur de ce que l’on nomme la sagesse gréco-latine. Tout ici émane du parfum subtil de notre vieil humanisme de la Renaissance – si l’on considère le trecento comme ouvrant sur la Renaissance Italienne. L’homme occidental est défini lui aussi, bien après, par Montaigne et la valeur qu’il donne à « L’Honnête homme », et par l’invention au siècle suivant de la perspective (avec Masaccio). En tous les cas, la poésie change, se transforme, quitte l’emprise féodale et la chanson des troubadours par exemple, pour explorer des sentiers neufs (comme le fait parallèlement Dante Alighieri). Il y a certainement la conscience de l’éclosion d’un nouvel homme – à l’image peut-être de notre temps où l’on ressent la fin d’une conception anthropologique pour une autre acception.