Poésie interstitielle
C’est au moment où je rédige cette chronique que je trouve la clé de l’ouvrage. D’ailleurs, le titre L’Écorce terrestre indique clairement de quoi il s’agit : d’une écorce d’arbre, la peau du chêne par exemple, ce qui revient donc à dire quelque chose de la lisière, de ce qui affleure dans l’épiderme végétal. L’action de la porosité, le travail de la capillarité, telle est la promesse du livre. De ces éléments de pénétration, je retiens la capacité de ces poèmes à designer les interstices, à se loger dans la double nature du langage, c’est-à-dire capter la lumière tout en inventant la lumière. Ces poèmes témoins du mouvement supérieur de l’écriture conduisent le lecteur à plonger avec le poète dans cette maison de l’être devenu pluriel, étoffé, agrandi, augmenté par le langage.
Pour préciser mon idée, je dirai que l’écorce terrestre fait au fond lien avec le monde céleste, celui des eaux et du vent, des montagnes et de l’air qui se raréfie. Donc, une douce euphorie, un enivrement que seul le poème rend possible. Poésie de l’interstice et du contact, de la profondeur et des surfaces, de la terre et du ciel, relation chtonienne à l’air, le globe et le périmètre des étoiles. Le poète se trouve là cherchant les lumières et l’aurore boréale au milieu de l’abîme et ses ombres.