La pensée pour quoi faire ?
Dommage que le titre original, Thinking and Moral Consideration, A Lecture, ait été amputé dans cette traduction de Marc Ducassou, par ailleurs agréable à lire, du mot « pensée ». La pensée est en effet au cœur de cet opuscule dans lequel Arendt rend « hommage à la capacité la plus haute et la moins visible : l’activité de l’esprit », comme l’annonce Mary McCarthy en préface.
Ces quelques pages signées de la journaliste et écrivaine étasunienne, amie fidèle jusqu’à la dernière heure de la philosophe, sont traduites par Nancy Huston. Souvenirs de la première, style de la seconde nous plongent un moment dans l’intimité d’Hannah avant que nous découvrions l’argumentaire de la philosophe Arendt, aussi documenté qu’original, sur la nature et la finalité de la pensée. Les caractéristiques les plus évidentes de la pensée pourraient, au premier abord, la disqualifier. D’une part en effet, Arendt insiste sur le fait que la pensée est hors de l’action.