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La Une CED

Toute une expédition, La vie héroïque du conquistador qui rêvait de gloire et de Californie, Franzobel (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 07 Juillet 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Flammarion

Toute une expédition, La vie héroïque du conquistador qui rêvait de gloire et de Californie, Franzobel, Flammarion, avril 2022, trad. allemand, Olivier Mannoni, 550 pages, 22,90 €

 

Ce long récit aux sombres fulgurances a pour sujet principal la désastreuse odyssée menée par le conquistador Hernando de Soto de 1539 à 1542 à travers tout le sud-est des actuels Etats-Unis à la recherche d’un fantasmatique Eldorado. Une cupide obstination, se muant progressivement en un acharnement aveugle, ayant pour source une double obsession collective émulatrice, d’une part celle, pour chaque individu embarqué dans l’aventure, de devenir riche et célèbre par la découverte de nouveaux espaces à conquérir et à coloniser et de cités couvertes d’or, d’autre part celle de convertir au christianisme les tribus amérindiennes rencontrées pousse toujours plus en avant dans un environnement hasardeux et hostile le corps expéditionnaire déposé le 30 mai 1539 sur la côte atlantique par une flotte de neuf navires financés et équipés par Charles-Quint.

Voilà pour le fondement historique du roman.

Car il s’agit bien entendu (précise l’auteur en postface) d’un roman, fort de 550 pages qui se lisent sans reprise d’haleine.

Sommeil de l’ange, Marie Étienne (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 06 Juillet 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie, Récits, Le Castor Astral

Sommeil de l’ange, Marie Étienne, Le Castor Astral, juin 2022, 118 pages, 14 €

 

Aucun doute possible : la sorte de rêveur public qui hante (et construit) ce recueil est une femme (et une femme ardente, inquiète et drôle) ; ainsi le court récit n°36 :

« … Rien à voir avec Jules qui, une nuit récente, me réveille et joyeux me demande si je veux l’épouser.

Je ronchonne et me tourne pour dormir.

Lui joyeux à nouveau me demande, je me fâche, il ronchonne, je l’apaise :

Viens plutôt dans ma Bible ».

Sourire, Une anthropologie de l’énigmatique, David Le Breton (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 05 Juillet 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Métailié

Sourire, Une anthropologie de l’énigmatique, David Le Breton, éd. Métailié, avril 2022, 224 pages, 22 €

 

C’est un trou de verdure où chante une rivière,

Accrochant follement aux herbes des haillons

D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,

Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

 

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,

Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,

Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,

Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Monna Innominata, Christina Rossetti (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 04 Juillet 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Iles britanniques, Poésie

Monna Innominata, Christina Rossetti, éd. Les Défricheurs, octobre 2021, 80 pages, 12 €

 

Amour sacré

Connaissant peu la biographie ni même l’œuvre de la sœur de Dante Gabriele Rossetti, il m’a fallu chercher un équilibre entre ce que je lisais et l’impression d’étrangeté qui se dégage de ces pages. J’ai donc balancé assez longtemps dans mon interprétation. J’y ai vu, au premier abord, une poésie de l’amour charnel, de l’amour profane, ne sachant pas de quel amour la poétesse s’approchait dans ses vers. Comme je lis ces jours derniers Le Divân de Hafez de Chiraz où, dans le sens contraire, j’ai vu l’amour sacré derrière les lignes du libertin (fût-il vraiment un libertin ou un soufi ?). Ces deux hésitations montrent clairement que profane ou sacré il faut garder simplement l’amour et ne pas choisir, garder la trace mystique de Dieu, dans la chair, et la trace charnelle de Dieu dans le Ciel, dans la prière.

Un jour j’irai à Sagres, Nélida Piñón (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 01 Juillet 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Un jour j’irai à Sagres, Nélida Piñón, éditions Des Femmes-Antoinette Fouque, mai 2022, trad. portugais (Brésil) Didier Voïta, Jane Lessa, 480 pages, 24 €

 

La femme interdite

Nélida Piñón, née en 1937 à Rio de Janeiro, d’origine galicienne, est la première femme à présider l’Académie brésilienne des lettres. Elle a reçu plusieurs récompenses, dont l’important Prix Juan Rulfo des littératures d’Amérique du Sud et des Caraïbes, ainsi que le prestigieux Prix Princesse des Asturies pour l’ensemble de son œuvre. Un jour j’irai à Sagres est le huitième livre que publient Des Femmes.

Dans ce volumineux roman, la première image forte est celle d’un homme, né dans le nord du Portugal, qui médite « à la lueur de la bougie », tel un anachorète. Hanté par sa mort future comme un Saint Jérôme en méditation, il dresse ce bilan amer : « Il est grand temps que je meure apaisé, passe en revue mes adversaires, mon existence, sans aucune affectation. Dans ce crépuscule, tout ou rien appelle au repentir, par fausse solidarité avec ce que j’ai perdu et n’ai pas gagné ».