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La Une CED

Sweet homme in Florida (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 18 Août 2022. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Pourquoi, selon vous, deux nanas de quarante ans passeraient trente heures dans une voiture ?

Je vais vous raconter le road trip de Mary-Lee et Cassandra. Quatre jours sur la route avec un couteau, deux mangues encore vertes, un pack d’eau minérale gazeuse, elles préfèrent dire, pétillante. La voiture, elle s’appelle Sue, c’est écrit sur la plaque à l’arrière. Et la fleur qu’elles ont volée aux plates-bandes de la résidence, c’est pour décorer le pare-brise, elles l’ont baptisée Holly et avec deux ales. Mary-Lee est brune, Cassandra est blonde. L’une est native de Destin, en Floride. L’autre de Naples, en Floride également. Deux amies qui le sont devenues parce qu’elles boivent leur Ice latte tous les matins, au même endroit, chez Panther’s, à Mayami Beach. Trente heures ou quatre jours pour aller à un mariage qui va durer douze heures, le mariage du cousin de Mary-Lee, le cousin dont elle était amoureuse jusqu’à ses vingt ans. Cassandra espère y rencontrer l’amour. Les deux y vont pour se persuader du contraire.

Désordre avec vue, suivi de Sidérations, Coralie Akiyama (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 17 Août 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Désordre avec vue, suivi de Sidérations, Coralie Akiyama, éditions Douro, novembre 2021, 96 pages, 16 €


Des questions jaillissent d’emblée puis, comme à bribes décousues, dans ce Désordre avec vue suivi de Sidérations de Coralie Akiyama qui, après deux romans fantastiques (Féérie pour de vrai aux Éditions Moires en 2019 et Dévorée aux Éditions Vibrations en 2021), signe ici son premier recueil de poésie aux Éditions Douro. Le premier vers sous sa forme interrogative lance le dé d’une partition chaotique au sens où un « désordre » de sentiments, de ressentis, de faits, d’impressions, semble se poser spontanément sur les pages, ne laissant pas au lecteur le temps de s’arrêter mais au contraire l’emportant davantage vers l’instant d’après. Ceci dit rien de confus ici (« Bien mieux qu’une confusion/Un climat insatiable »), les mots étincellent dans les corolles d’une spirale temporelle incalculable, comme une concision à fleur d’une sensibilité aiguë qui affûte et affine ses prises au fur et à mesure qu’elle les hume et les lâche, offerte à la brûlure enivrante et captivante, envoûtante et incessante, du Vivre.

Ainsi parlait André Gide, Gérard Bocholier (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 16 Août 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Arfuyen

Ainsi parlait André Gide, Gérard Bocholier, éditions Arfuyen, mai 2022, 14 €

 

Qualifier

Je connais André Gide depuis mon adolescence – ce qui est aussi le cas de Gérard Bocholier, qui le confie dans sa préface à ce recueil de dits et de maximes. Cela ne m’a pas empêché de découvrir un Gide concerné par les arts, c’est-à-dire, tout serré autour de question de l’art. Cette prose, que je pourrais comparer à l’écriture de Diderot, claire, un peu froide, un style décidé, sans failles, presque dur, impliqué en tout cas, se déploie sans exagérations et intériorise l’œuvre d’art comme contenu et comme adresse à un lecteur ou au spectateur. Gide s’intéresse ici à la fabrication du poème et à celui qui écrit, au poète. La réception des textes est aussi importante que l’œuvre elle-même. Et l’écriture suit, sans suffocation, l’intelligence du propos, mais sans sombrer dans le comment du poème, regardant davantage le pourquoi, ce qui revient à écrire sur l’essence du phénomène artistique. Donc, une expression profonde, sans manière, intelligente mais qui ne se met pas en scène.

Antinoüs, Fernando Pessoa (par André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Mardi, 12 Juillet 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie, Langue portugaise

Antinoüs, Fernando Pessoa, ErosOnyx éditions, Coll. Classiques, mars 2022, édition bilingue, trad. anglais (alexandrins), Yvan Quintin, 88 pages, 14 €

Nous sommes en 130 apr. J.-C. L’empereur romain Hadrien veille son amant et favori Antinoüs qui vient de se noyer dans le Nil à l’âge de vingt ans. C’est un fait historique, repris notamment par Marguerite Yourcenar dans ses célèbres Mémoires d’Hadrien, et par d’autres auteurs et poètes comme Oscar Wilde, Yukio Mishima, Rainer Maria Rilke, Federico García Lorca ou Mutsuo Takahashi. L’un des plus grands poètes portugais de l’époque moderne, Fernando Pessoa, a lui aussi repris cette figure dans un long poème écrit en anglais, intitulé « Antinoüs ».

Les éditions ErosOnyx nous en proposent aujourd’hui une version bilingue accompagnée d’une note et d’une postface, dans une présentation soignée comme elles en ont l’habitude. Il en existait jusqu’à présent trois traductions en français, assurées respectivement par Armand Guibert, Patrick Quillier et Georges Thinès. Celle que nous lisons ici, œuvre d’Yvan Quintin, s’en démarque par le choix d’une traduction en vers, passant de l’original anglais (le vers anglais le plus fréquent étant le pentamètre iambique de cinq pieds) aux douze pieds français de l’alexandrin. Sans aller cependant jusqu’à la recherche de la rime, il s’agit, pour le traducteur, de mieux rendre la dimension poétique du texte de Pessoa, écrit, difficulté supplémentaire, dans un anglais élisabéthain, en usant de l’équivalent métrique le plus courant en français.

Travers du temps, Gérard Titus-Carmel (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 11 Juillet 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Chroniques Ecritures Dossiers, Poésie, Editions Tarabuste

Travers du temps, Gérard Titus-Carmel, éd. Tarabuste, avril 2022, 148 pages, 16 €

 

Valeurs

Je n’ai pas pu me détacher, à la lecture du dernier recueil de Gérard Titus-Carmel, de l’idée que le poète est aussi peintre. De ce fait j’ai analysé son écriture selon une grille plastique. Cela m’a été rendu possible par l’utilisation des couleurs par exemple. Ici, l’écrivain se concentre sur des cercles chromatiques schématiques (ce qui pousse cette poésie vers un temps à la fois nouveau, universel et archétypal) : le blanc, le noir, le gris, l’argenté, un peu de vert, du rouge et du mauve. L’auteur n’hésite pas à créer son poème grâce à des impressions lactescentes, du nacré, décrivant l’effet moutonnant des nuages, des lumières bleues et cotonneuses sur le métier du texte.

Deuxième entrée dans le recueil où encore l’on suppute que la relation peinture/langage est relation langage/peinture, une fusion. Cette ligne forte se retrouve çà et là. Donc, des images construites selon des points de fuite, des perspectives cavalières, des biseaux, des lignes, des angles, des parallèles, de la lumière et de l’ombre, du gras et du maigre, des arrêts sur image.