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La Une CED

Échanges littéraires avec l’écrivain et éditeur Stéphane Barsacq (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 16 Mars 2023. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

Stéphane Barsacq est un écrivain de la lumière – Je me nourris de lumière plus que tout –, de l’espérance, de la justesse, de l’inspiration, un écrivain de la joie – une douleur surélevée –, et du feu ; un écrivain en guerre contre les ténèbres. Son dernier opus Solstices fait se rencontrer aphorismes et réflexions, avec des portraits de grands artistes, autrement dit de grands passeurs : Baudelaire – nul poète n’aura été si musicien ni si attentif à la mélodie –, Rimbaud – Les Illuminations de Rimbaud sont une tentative de réécrire la Genèse à partir de l’Apocalypse –, ou encore Simone Weil, Cioran, Mozart, Artaud, François Augérias, et enfin une admirable adresse à Lucien Jerphagnon – Mais à peine vous avait-on quitté, qu’on se rendait compte qu’on avait dialogué en toute liberté avec Socrate, Marc Aurèle ou Sénèque…

Stéphane Barsacq possède lui aussi l’élégance d’un passeur de livres, de mots et de musiques. Un passeur attentif et courtois. Qu’il soit remercié pour le temps qu’il consacra à cet échange littéraire.

Entretien avec Philippe Forest. Propos recueillis par Haytham Jarboui

, le Mercredi, 15 Mars 2023. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

H-J : Philippe Forest, vous êtes Professeur de Littérature française à Nantes Université, romancier et essayiste. Vous avez publié chez Gallimard plusieurs romans, dont L’Enfant éternel (1997), Sarinagara (2004), Le Siècle des nuages (2010), et le plus récent intitulé Pi Ying Xi, théâtre d’ombres (2022). Vous avez également publié plusieurs essais sur les littératures française, japonaise et chinoise. Je mentionne quelques-uns que j’ai lus : Philippe Sollers (1992), Histoire de Tel Quel (1960-1982) (Seuil, 1995), De Tel Quel à l’Infini, Nouveaux essais (2006), et bien d’autres essais consacrés à Camus, Aragon, Ôe Kenzaburô, Joyce, Proust, etc. Vous vous intéressez à la littérature engagée et le deuil, et vous évoquez dans vos romans des problématiques abordant des espaces géographiques tels que la Chine et le Japon auxquels vous avez consacré une étude à caractère anthropologique comme c’est le cas de votre dernier roman. Nous l’aborderons au cours de cet entretien. J’aimerais vous poser une question relative aux différentes fonctions que vous assurez (enseignant, essayiste et romancier), et surtout par rapport au discours de l’intellectuel que vous êtes.

Traduire Hitler, Olivier Mannoni (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 14 Mars 2023. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Essais

Traduire Hitler, Olivier Mannoni, Éd. Héloïse d’Ormesson, octobre 2022, 124 pages, 15 €

Peu satisfait de la mise en scène d’une de ses pièces en Allemagne, Éric-Emmanuel Schmitt fit remarquer que le Rhin ne marquait pas seulement une limite entre deux pays, mais entre deux civilisations. Dans la lignée d’Albert Kohn, Maurice Betz, Henri Plard ou Philippe Jaccottet (qui pouvait encore revendiquer d’autres titres de gloire), Olivier Mannoni est un des grands traducteurs depuis l’allemand, avec Bernard Lortholary ou Jean-Pierre Lefebvre. Il a notamment traduit (sous le titre Historiciser le mal. Une édition critique de “Mein Kampf”, un volume énorme et hors de prix) – parce qu’il fallait bien que quelqu’un le fît – Mein Kampf, ce puits noir d’énergie négative dans lequel la langue allemande a disparu, selon la thèse polémique soutenue en 1959 par George Steiner (Le miracle creux, Langage et silence, Les Belles-Lettres, 2010, p.91-111). On sait ce qu’il advint. Stefan George, l’immense écrivain à qui Hitler avait proposé la direction de sa nouvelle Académie allemande de poésie (Deutsche Akademie für Dichtung), refusa avec mépris, s’exila et mourut fin 1933. D’autres grands écrivains quittèrent l’Allemagne : Thomas Mann, Stefan Zweig, Hermann Broch, Berthold Brecht, etc. D’autres encore (Ernst Wiechert, Ernst Jünger, Ernst Robert Curtius, etc.) se réfugièrent dans une « émigration intérieure » qu’on peut estimer parfois ambiguë, mais il est facile de les juger depuis son fauteuil et en vivant au milieu de conditions politiques (heureusement) différentes.

Ainsi parlait, Stefan Zweig (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 13 Mars 2023. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Arfuyen

Ainsi parlait, Stefan Zweig, éditions Arfuyen, janvier 2023, trad. allemand, Gérard Pfister, 192 pages, 14 €

 

Humanisme

Comprendre Zweig, c’est comprendre l’être humain. Bien sûr parce que l’écrivain est une créature, mais surtout parce que lire Zweig nous place au cœur d’une vision humaniste de l’être, fait la place à qui se dresse depuis la Renaissance – vision de l’homme qui semble s’achever de nos jours (avec l’importance croissante des machines et des intelligences mécaniques). De ce fait on est loin de Nietzsche et plus près de Montaigne. Cette créature que Zweig décrit, avec l’aisance d’un lettré témoin de deux guerres mondiales, est prise dans l’histoire, dans le déroulement historique de l’Europe à laquelle il appartient (notamment avec son amitié indéfectible pour Romain Rolland).

Le plus évident reste que la vie de Zweig revient à penser, à faire agir un discernement aigu sur les sociétés et les hommes – jusqu’à sa fin tragique au Brésil où son désespoir le conduit au suicide. Je dis discernement mais je ferais mieux d’écrire intelligence, à la fois dans l’acuité du jugement, et aussi intelligence de la personne humaine exerçant son talent d’écrivain au service de grandes idées humanistes qu’il porte en lui comme un bien précieux.

La vie est une affaire personnelle, Valérie Fauchet (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Vendredi, 10 Mars 2023. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

La vie est une affaire personnelle, Valérie Fauchet, Editions Ipanema, octobre 2022, 167 pages, 17 €

 

J’ai rencontré Valérie Fauchet grâce à La Cause Littéraire au moment de la sortie de son premier livre, Une voyante passe aux aveux, cet hymne aux rencontres. C’était précisément rue Saint Benoît dans le sixième arrondissement de Paris, tout près du 5 rue Saint-Benoît où Marguerite Duras résida jusqu’à sa mort. Les détails sont importants car Valérie loue une profonde admiration pour les grands écrivains de la même veine que Marguerite Duras. « Il reste toujours quelque chose de l’enfance, toujours… » (Marguerite Duras). L’enfance, ce parfum poétique qui irrigue toujours l’envie d’écrire et d’en découdre. D’en découdre de quoi exactement ? Personne ne sait, tel est le mystère de l’enfantement. Car écrire, c’est enfanter des personnages et encore des rencontres.

Dans le tournis de ces folles jolies rencontres, Valérie m’a confié la préface de La Cheville, le premier opus de la trilogie de La vie est une affaire personnelle. Roman dans lequel l’été est invincible, où les maisons peuvent être roses et noires, comme dans un défilé d’Yves Saint Laurent et où les parfums sont aussi puissants que le bleu Majorelle. J’ai été tout de suite séduite par cet effluve d’élégance.