Chaque page, et chaque ligne et chaque mot de Juan Rulfo sont de précieux trésors littéraires. Par leur beauté suffocante et aussi par leur rareté qui fait que l’on est sans cesse hanté, en les lisant, par le désespoir de n’avoir plus rien à lire de l’auteur après son roman, Pedro Paramo, et ici ses nouvelles, qui constituent ses premières œuvres publiées. Rulfo, par son silence littéraire qui durera plus de 30 ans après la parution de Pedro Paramo, a bâti une légende, une fascination qui jaillissent puissamment de la lecture – plus encore de la relecture – de ses deux œuvres. Comment pareil conteur, pareil styliste, pareil génie littéraire a-t-il pu se taire, à jamais ? Pourquoi ?
Des nouvelles donc. Et pourtant, la suite de ces textes est si proche d’un roman qu’ils s’imposent ainsi au lecteur. Unité de lieu, de temps, de thème. Proximité étroite des figures de personnages. Voisinage des situations. On lit Le Llano en flammes non comme quatorze histoires mais comme une seule, puissante, ravageante, d’une sècheresse et d’une sobriété suffocantes.
La région c’est le sud de l’État de Jalisco, dont la nature sauvage, aride, désertique est racontée en touches sèches, sans trace de folklore, sans complaisance romantique. Un enfer qui va jusqu’à faire taire ceux qui y vivent tant parler est pénible.