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La Une CED

La Fille de Personne, Cécile Ladjali (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 09 Juillet 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

La Fille de Personne, Cécile Ladjali, Actes Sud, mars 2020, 208 pages, 19,50 €

 

Le nouveau roman de Cécile Ladjali, La Fille de Personne, nous propose une véritable épopée. Le grand âge venu, Luce Notte, nom qui allie lumière et nuit, est amenée par les circonstances à faire retour sur son existence et à la transcrire dans un ouvrage dont elle devient la narratrice.

De prime abord, le sujet de cette histoire semble être la quête d’un père que cette femme n’a jamais connu. Mais il va bien au-delà de ce motif initial. À travers deux écrivains qu’elle va accompagner et encourager sur leur chemin difficile et risqué, elle s’évertue à éclaircir son propre parcours nébuleux à travers une période révolue qu’elle s’évertue à faire renaître.

Mal-née d’une mère italienne et d’un père iranien qu’elle n’a jamais connu, l’héroïne, née à Berlin, est donc considérée comme allemande, ce qui ne lui facilitera pas la vie durant les deux guerres. À la mort de sa mère d’un cancer dans d’atroces souffrances, elle devra s’acquitter d’une promesse féroce faite à celle-ci : la venger de cet homme qui l’a abandonnée avant la naissance de sa fille.

La Styx Croisières Cie - Juin 2020 (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 09 Juillet 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Ère Vincent Lambert, An II

Humain, citoyen le plus vulnérable, la République française, la médecine, la banque et la magistrature réunies, t’ayant baptisé Légume, te tueront.

« Je déteste les jours qui nous voient réunis : je sais trop bien qu’il n’est rien qui ne traîne après soi sa disparition »

(Les Mille et Une Nuits, 950e nuit)

« Un bruit d’écrasement, un geignement mat : je me retourne, un petit chat s’est cassé les reins sur le trottoir, devant la charcuterie. Comme il est drôlement immobile, le corps tordu, les pattes tendues ! Des ménagères font un cercle d’exclamations tout autour, troublant la circulation. Mais passe un homme, une espèce d’ouvrier à moustaches, qui prend le minet par la queue et l’assomme contre le bord du trottoir ; puis continue comme si de rien n’était. Le chat gémit encore une toute petite fois, déchirant de cette plainte presque irréelle l’espèce d’ouate où la mort l’emmitoufle »

(Philippe Jaccottet, Observations et autres notes anciennes, 1947-1962)

Rituaire, Jean Claude Bologne (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 08 Juillet 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Rituaire, Jean Claude Bologne, Éditions Le Taillis Pré, Coll. Les inclassables, mars 2020, 120 pages, 15 €

 

« Il faut s’approprier le rite pour le comprendre, l’écrire à la première personne, car il est participatif. C’est ce que j’ai tenté dans ces courts textes : m’immerger dans un rite ancien ou lointain, sans prétendre à l’authenticité, ni même à une compréhension correcte. C’est sa résonance en moi qui m’intéresse. Le rite doit se vivre, non se dire ».

J. Cl. Bologne

Le regard intérieur

Le rite pourtant se dira.

Rituaire est un livre, un multi-sanctuaire descriptif et verbal. Inviolable, du moins dans le principe. Jean Claude Bologne ne tente pas de violer l’espace des divers rites dont il fait mention et explore les arcanes par la pensée, et surtout par le travail de l’imaginaire qui implique sa personne, lui offrant sans doute l’outil de pénétration le plus efficace.

Poète né, Christophe Esnault (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 07 Juillet 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Poète né, Christophe Esnault, éditions Conspiration, juin 2020, 60 pages, 14 €

 

Quel poète pour quel poème ?

Le dernier recueil de Christophe Esnault cache, sous sa belle couverture bleu métallisé, un ensemble de textes cohérents, variés, dont la lecture est à la fois exigeante, sollicitant les capacités d’ironie des lecteurs, et facile d’accès, car on n’y trouve pas de tentatives lyriques infondées ou faussement motivées. Ce qui frappe le plus, c’est l’ambiguïté, le caractère poreux des parties d’anti-poésie, comme les qualifie l’éditeur, et des passages que l’on aborde comme poème, alternance qui séquence l’ouvrage.

À partir de cette porosité, je crois qu’il faut poursuivre un peu l’analyse. En regardant, par exemple, comment le texte décolle de son propos, pour nous porter auprès d’une révolte, parfois engagée dans une forme de certitude, mais que l’ironie mordante à certains égards vient souligner ou défaire. Je crois que la morale de Diogène de Sinope pourrait très bien être celle du poète.

Les travaux et les jours (extraits 11) (par Ivanne Rialland)

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mardi, 07 Juillet 2020. , dans La Une CED, Ecriture, Bonnes feuilles

 

Le fils

Son sabre en plastique à la main, tout de noir vêtu, il descend à pas comptés l’escalier de la maison et s’immobilise à chaque craquement de marche. Une fois en bas, il remonte en une reptation prudente, se hissant à la force des coudes, balançant ses hanches de droite et de gauche, les chaussettes glissant sur le bois ciré. Il redescend, déroulant prudemment le pied, tâtant chaque marche des orteils, à la recherche de l’emplacement précis où le bois ne grincera pas sous son poids, persuadé autant que de l’existence de Dieu qu’il y a sur cet escalier un cheminement parfait où, dans un silence complet, ses pieds se poseraient alternativement sur les marches avec la grâce conjuguée du ninja et de Spiderman.

 

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