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La Une CED

Marion Dessaules, MJW Editions, février 2020 (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 28 Mai 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Le devoir de se dire : Marion Dessaules

A travers le roman, les nouvelles et ses mémoires de jeunesse, Marion Dessaules – qui a connu sous plusieurs registres l’expérience de la folie – finit par exprimer la souffrance et divers enfermements grâce à la lecture et la pratique de la littérature et son devoir de casser le silence.

L’œuvre sous toutes ses formes est forte, puissante. D’une certaine manière implacable même si l’humour et la distance évitent tout pathos. Il y a là « juste une voix » mais surtout une voix juste.

Marion Dessaules lance à la cantonade des intimités défaites ou reconstruites. Un chant sourd renaît, il entrecroise les choses douloureuses aux paroles de relance. Se dessinent des intimités d’égarés, des pertes, des fragments du passé et parfois un ciel de marguerites envolées.

Au pays des poules aux œufs d’or, Eugène Savitzkaya (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 26 Mai 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Au pays des poules aux œufs d’or, Eugène Savitzkaya, Éditions de Minuit, février 2020, 192 pages, 17 €

 

Il était une fois. Il sera un jour.

Ni commencement, ni fin, et pourtant il est bien question d’une Genèse, d’une Genèse gargantuesque au départ de ce livre qui semble avoir été touillé dans le chaudron d’un grand chaos primordial.

« Au commencement, le monde était comme le tube digestif obstrué aux deux bouts d’un ogre gigantesque dormant d’un mauvais sommeil après avoir dévoré tous ses enfants, petits-enfants, parents et grands-parents. Cet ogre était le lointain ancêtre des principaux despotes et autocrates du monde.

Un premier pet mit le feu aux poudres, un vent tellement concentré qu’il était étincelle. Il libéra une infinité de particules nauséabondes qui s’entrechoquèrent pendant un nombre incalculable de millénaires avant de s’enflammer ».

De Saint-Saturnin-les-Avignon à Saint-Denis de la Réunion, rencontre épistolaire, mai 2020, avec « l’éditeur », traducteur et écrivain, Laurent Margantin (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 21 Mai 2020. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

« Rien, rien. Combien de temps me fait perdre la publication du petit livre et quelle conscience nocive et ridicule de ma valeur fait naître en moi la lecture de ces vieilles choses en vue de la publication. Cela ne fait que me détourner de l’écriture » (Journal de Kafka, VI-30).

Philippe Chauché, La Cause Littéraire : Vous venez de mettre en ligne le premier numéro de la revue Œuvres ouvertes, nom que vous avez donné au site qui publie vos textes, ceux d’autres écrivains et vos traductions de Kafka. Ce premier numéro baptisé Apparitions, un mot qui apparaît dans un texte de Kafka que vous traduisez, où il est question du fantôme d’un enfant, qui s’invite dans la chambre de l’écrivain : « Visiblement, vous n’avez encore jamais parlé à des fantômes. Ils ne vous donnent jamais de réponse claire. C’est un dialogue sans fin. Ces fantômes ont l’air de douter encore plus que nous de leur existence, ce qui n’est guère étonnant vu leur fragilité ». Un numéro qui est donc placé sous la protection de Kafka, ou de son fantôme ?

La Styx Croisières Cie Avril 2020 (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 20 Mai 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

Ère Vincent Lambert, An II

Humain, citoyen le plus vulnérable, la République française, la médecine, la banque et la magistrature réunies, t’ayant baptisé Légume, te tueront.

Célébrations du Virus couronné

« Atchoum ! Et déjà cela sent le caveau de famille »

(Werner Lambersy, Journal par-dessus bord)


« La maladie est clémente aux bêtes très belles et aux êtres très jeunes, que seuls elle n’enlaidit pas »

(Colette, L’entrave)

 

« Le Mal, dont la configuration poétique s’appelle le Diable… »

(Balzac, Splendeurs et misères des Courtisanes)


Nouvelles dispositions de la Styx Croisières Cie

J’ai rendez-vous avec toi, Mon père de l’intérieur, Lorraine Fouchet (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 19 Mai 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

J’ai rendez-vous avec toi, Mon père de l’intérieur, Lorraine Fouchet, Héloïse d’Ormesson, mars 2014, 272 pages, 19 €

 

L’ouvrage porte comme titre premier J’ai rendez-vous avec toi. Si Lorraine Fouchet a choisi comme sous-titre à son récit : Mon père de l’intérieur, c’est en effet à un rendez-vous post-mortem auquel l’auteur nous invite. Ce père célèbre, qui lui a faussé compagnie lorsqu’elle avait dix-sept ans, pour partir définitivement dans un pays où elle ne peut plus le rejoindre, elle va entreprendre un sacré périple pour s’offrir et offrir au lecteur une autre face, plus intime, plus secrète, plus cachée.

« T’écrire me fissure, mais bizarrement ça me répare. Je pivote sur mes axes en retombant sur mes pieds, façon Rubik’s Cube… J’ai commencé ton livre bleu, c’est très troublant, j’entends à nouveau ta voix comme si tu lisais tout haut par-dessus mon épaule ».

« Mon histoire/ c’est l’histoire d’un amour/ Ma complainte/ C’est la plainte de deux cœurs/ Un roman comme tant d’autres/ Qui pourrait être le vôtre… ».