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La Une CED

À cœur ouvert, Lettres sur le bonheur, Giacomo Leopardi (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 08 Juin 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

À cœur ouvert, Lettres sur le bonheur, Giacomo Leopardi, éd. L’Orma, mars 2020, trad. italien, Louise Boudannat, 64 pages, 7,95 €

 

La claustration comme littérature

J’ai toujours tenu Leopardi pour un pessimiste. Et pour moi, cela n’engage pas de jugement moral. Au contraire, je crois à la force du désespoir, à cet affrontement à la mort dans le cœur de l’artiste, à la tristesse, à l’ennui et au néant. Le pessimisme léopardien est celui du poète, peut-être de tout poète. De plus, j’ai à l’esprit la terrible anecdote qui veut que Leopardi trouvât la mort dans l’épuisement et le travail, étouffé par l’air épais des bibliothèques, et plein de cette closerie involontaire à Recanati, qu’il ne quitta que peu pour dire vrai. J’aime penser à ce grand poète comme martyre de la connaissance et du génie. Et même si cela n’est que du roman, la chose procure une impression d’un homme tout entier livré à l’écriture. À mes yeux, il est mort pour la poésie, avec la poésie, dans la poésie, par la poésie.

Ils écrivent ... chez Gallimard (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 04 Juin 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Tout est déjà dans les livres, François-Henri Désérable, Gallimard, Tracts de Crise N°7, mars 2020, 8 pages

Lumière continue, Marc Pautrel, Gallimard, Le Chemin N°10, avril 2020, 9 pages

Naufrage, Michaël Ferrier, Gallimard, Tracts de Crise N°59, avril 2020, 10 pages

En l’an 1349, Guillaume de Machaut, Tracts de Crise N°58, Gallimard, avril 2020, trad. ancien français, Jacqueline Cerquiglini-Toulet, 14 pages

La Mort cette abstraction, Catherine Cusset, Gallimard, Tracts de Crise N°61, avril 2020

 

« Ces voix doivent se faire entendre en tous lieux, comme ce fut le cas des grands « tracts de la NRF » qui parurent dans les années 1930, signés par André Gide, Jules Romains, Thomas Mann ou Jean Giono – lequel rappelait en son temps : « Nous vivons les mots quand ils sont justes » (Antoine Gallimard).

Les noirs chevaux des Carpates, Virgil Gheorghiu (par Eva Philippon)

Ecrit par Eva Philippon , le Mardi, 02 Juin 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Les noirs chevaux des Carpates, Virgil Gheorghiu, Editions du Rocher, 2008, trad. roumain, Livia Lamoure, 294 pages, 21,30 €

Parmi les œuvres d’une grande richesse mais malheureusement méconnues de l’auteur roumain Virgil Gheorghiu, éclipsé par de violentes cabales, Les noirs chevaux des Carpates, publié en 1961, offre un éblouissant portrait oblique des hauts idéaux de cet homme qui est toujours resté vertical face aux soubresauts de l’Histoire et aux vicissitudes de son parcours littéraire.

Pénétrer chez les Roca, ancestrale famille de montagnards aux confins des Carpates, c’est découvrir un monde où tout – la vie, la mort, la conscience de soi, les valeurs, jusqu’aux motifs des habits – est une affaire de géométrie. Mais cette mathématique des hauteurs exclut la courbe ; ce serait trop aimable, trop engageant, une invitation à l’indolence à tout le moins. Pour cette famille que le compromis révulse et que le sens de l’honneur exalte, seule vaut la ligne droite, verticale comme les sapins, avant que la mort ne vienne opérer un simple changement de configuration.

Alphonse Boudard, La Table Ronde, La Petite Vermillon (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 29 Mai 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Les combattants du petit bonheur, 424 pages, 8,90 €

L’hôpital, Une hostobiographie, 365 pages, 8,90 €

 

« Boudard n’est pas écrivain noir, c’est un écrivain qui broie les couleurs. Non pas Soutine, mais Vlaminck avec ce côté joyeux qu’a parfois la férocité », Michel Déon

« Vous êtes là, vous, combattant du petit bonheur… faraud, bravache avec votre pétoire, derrière vos sacs de sable… le doigt sur la détente. Vous jouissez de la guerre, du beau temps qu’il fait. C’est la griserie, merde ! la foiridon… alors les manœuvres de ceux qui veulent prendre le pouvoir à l’Hôtel de Ville… ceux qui jouent au poker menteur en coulisses… aux échecs, à je ne sais quel jeu… on s’en cogne la crosse » (Les combattants du petit bonheur).

Marion Dessaules, MJW Editions, février 2020 (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 28 Mai 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Le devoir de se dire : Marion Dessaules

A travers le roman, les nouvelles et ses mémoires de jeunesse, Marion Dessaules – qui a connu sous plusieurs registres l’expérience de la folie – finit par exprimer la souffrance et divers enfermements grâce à la lecture et la pratique de la littérature et son devoir de casser le silence.

L’œuvre sous toutes ses formes est forte, puissante. D’une certaine manière implacable même si l’humour et la distance évitent tout pathos. Il y a là « juste une voix » mais surtout une voix juste.

Marion Dessaules lance à la cantonade des intimités défaites ou reconstruites. Un chant sourd renaît, il entrecroise les choses douloureuses aux paroles de relance. Se dessinent des intimités d’égarés, des pertes, des fragments du passé et parfois un ciel de marguerites envolées.